Protéger la nature lanaudoise un terrain à la fois

  • Publié le 26 oct. 2022 (Mis à jour le 26 mai 2025)
  • Lecture : 4 minutes

La Fiducie de conservation des écosystèmes de Lanaudière s’affaire, depuis sa création en 2016, à protéger plusieurs espèces animales et végétales ayant un statut vulnérable dans la région. Grâce à l’appui croissant de citoyens qui ont accepté de céder gratuitement leurs terres privées, l’organisation compte aujourd’hui plus de 300 hectares sous sa surveillance, permettant ainsi de redonner à la nature un environnement adéquat pour sa repopulation.

De Mascouche à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, la Fiducie possède en tout 14 terrains, tous offerts par des propriétaires. Ceux-ci couvrent une superficie de 317 hectares. « Nous n’achetons pas de terrains comparativement à Conservation de la nature Canada. Nous nous basons plutôt sur l’altruisme des gens de Lanaudière », explique Michel Leboeuf, directeur général de la Fiducie.

Ce dernier remarque un engouement de plus en plus marqué de la part des citoyens pour la protection de terrains forestiers. Il confie que quelques voisins se sont d’ailleurs regroupés pour acheter des sites, qu’ils craignaient voir changés en terrains résidentiels, pour ensuite les donner à la Fiducie et assurer leur protection. L’organisation prévoit l’ajout de deux autres terrains d’ici la fin de l’année, augmentant le nombre d’hectares protégés à 418.

ImageCrédit : Jason Joly
:« Nous n’achetons pas de terrains. Nous nous basons plutôt sur l’altruisme des gens », soutient Michel Leboeuf, directeur général de la Fiducie.

Travail sur le terrain

En plus de sensibiliser les propriétaires à l’importance du don d’hectares pour leur protection, le travail des biologistes et des ingénieurs forestiers de la Fiducie se déroule principalement sur le terrain. L’Action a rencontré Michel Leboeuf à l’occasion d’une inspection aux Tourbières de la rivière l’Achigan, un terrain sous tutelle de l’institution à Saint-Calixte. Le directeur général explique qu’un inventaire de la faune et de la flore est fait sur chaque terrain dans une zone de 10 par 20 mètres. Les espèces sont notées, tout comme le diamètre des arbres, pour évaluer leur évolution et les étudier au fil des années. La surveillance des animaux est faite tous les ans et celle des arbres, aux 10 ans sauf en cas d’espèces menacées. Par conséquent, l’équipe doit aussi revenir chaque année pour voir s’ils sont en état de dépérissement ou s’ils se rétablissent.

La Fiducie se fie aux listes des espèces vulnérables ou menacées des gouvernements fédéral et provincial. Lorsqu’une plante ou un animal menacé est découvert sur son territoire, l’équipe collabore avec les ministères de la Faune et celui de l’Environnement. « Chaque fin de saison, je communique avec eux pour leur énumérer toutes les espèces que j’ai trouvées sur nos nouveaux terrains ou ceux qui ont déjà un inventaire », mentionne M. Leboeuf. Sur le territoire des Tourbières de la rivière l’Achigan, trois espèces d’arbres sont à statut particulier. Le noyer cendré est considéré en voie de disparition au fédéral et l’orme liège est rare selon le provincial puisque certains spécimens peuvent être atteints de la maladie hollandaise de l’orme. Le frêne noir fait aussi partie des arbres en danger à cause de l’agrile du frêne qui ravage la population. Pour ce cas, la Fiducie a mis en place un programme de suivi spécifiquement pour le frêne, et ce, sur l’ensemble de ses territoires.

Parmi les animaux lanaudois en voie de disparition, on retrouve certains types de chauves-souris comme la petite chauve-souris brune ou la chauve-souris nordique, qui voient leur nombre diminuer à cause d’un champignon causant le syndrome du museau blanc. Pour les identifier, les employés utilisent des détecteurs d’ultra-sons. « Quand elles chassent, les chauves-souris émettent des ultra-sons comme un radar. Selon le type de signal qu’on décode, on est généralement capable de départager les espèces », indique le directeur général de la Fiducie.

ImageCrédit : Jason Joly
Michel Leboeuf et son équipe utilisent des détecteurs d’ultra-sons pour repérer les chauves-souris.

Chantal Côté, biologiste à la Direction de la gestion de la faune pour Lanaudière et les Laurentides, ajoute que des poissons, comme le chevalier cuivré ou le dard de sable, et la tortue mouchetée font aussi partie des espèces désignées menacées dans Lanaudière. Le ministère de la Faune s’implique sous plusieurs formes dans la région afin de protéger les espèces en situation précaire, soit par « l’acquisition de connaissances, la protection légale des habitats et la sensibilisation ». Mme Côté informe également que deux habitats en territoire public ont été désignés dans le nord de Lanaudière afin de protéger la tortue des bois. Un suivi de population sera répété tous les quatre ans afin de suivre l’évolution de l’espèce.

Dans la famille des oiseaux, la grive des bois et la paruline du Canada sont également des espèces menacées se trouvant sur les territoires couverts par la Fiducie. Une paruline mâle habite d’ailleurs dans les Tourbières de la rivière l’Achigan et est observée par les biologistes afin de voir si l’individu y est toujours et s’il a trouvé un partenaire. « Au moment où l’on trouve un mâle et une femelle, ça nous donne une indication plus sérieuse que l’espèce se reproduit », souligne Michel Leboeuf. Pour mieux l’étudier, les employés de l’organisme utilisent une technique assez unique, soit de l’appeler en produisant son sifflement : « Les oiseaux sont très territoriaux. En produisant le cri dans la période de reproduction, si un mâle y a fait son territoire, il va tout de suite venir ! ».

De son côté, la Fiducie entend continuer de surveiller les espèces tant et aussi longtemps qu’elles se retrouveront sur une liste à statut, et ce, même si une croissance de son nombre d’individus est remarquée. « On s’est donné cela comme obligation. C’est pour protéger le terrain et pour sa postérité », conclut Michel Leboeuf.

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