Société
Retour06 juillet 2022
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Une entente phare pour protéger une plus grande partie du territoire lanaudois
Corridor du Canyon de la Noire
©Photo gracieuseté - Fiducie de conservation des écosystèmes de Lanaudière - L'Action
Le Canyon de la Noire relie le parc des Sept-Chutes et le parc des Chutes Monte-à-Peine-et-des-Dalles.
Une collaboration a été annoncée entre la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) section Québec, la Fiducie de conservation des écosystèmes de Lanaudière et Loisir et Sport Lanaudière pour implanter un nouveau corridor plein air dans la région, soit celui du Canyon de la Noire. Ce projet permettra à la fois de protéger un important bassin d’espèces en danger en plus de laisser les Lanaudois profiter de la nature grâce à une foule d’activités.
C’est dans le cadre de son initiative « Plein aire » que la SNAP Québec a élaboré une entente avec les autres organisations pour un montant total de 212 930 $. Longeant la rivière Noire, le Corridor du Canyon de la Noire (CCN) s’étend sur près de 50 km et relie le parc des Sept-Chutes et le parc des Chutes Monte-à-Peine-et-des-Dalles. L’ambassadeur du projet et maire de Sainte-Émélie-de-l’Énergie, Martin Héroux, se dit très fier de voir sa municipalité au centre du corridor. Il est persuadé que ce projet aura de belles répercussions sur celle-ci. « Il y a une période d’or qui est en train de naitre grâce à Loisir et Sport Lanaudière, la Fiducie et la SNAP! », s’enthousiasme-t-il.
Le Canyon de la Noire vient s’ajouter à trois autres corridors plein air dans la région, soit le Corridor du Saint-Laurent, le Corridor Transcanadien et celui des Montagnes. Cependant, le CCN est le seul avec un axe nord-sud. Plusieurs activités, telles que de la randonnée, de la bicyclette, du kayak et de l’escalade, pourraient y être pratiquées, mais le tout reste à être confirmé. « L’idée est de continuer à encourager ce développement pour répondre à la demande, mais aussi de diminuer la pression sur le territoire en répartissant l’offre sur des zones différentes », souligne Yasmine Kessaci, agente de développement plein air pour Loisir et Sport Lanaudière et coordonnatrice du Corridor Canyon de la Noire.
Donner sa terre pour la protéger
Parmi les 20 000 hectares qui composent le CCN, une grande partie des terres sont privées et appartiennent à des citoyens. La Fiducie a donc dû travailler en concertation avec les propriétaires pour les sensibiliser et les accompagner dans les procédures de dons de terrains. Selon Michel Leboeuf, directeur général de la Fiducie de Conservation des Écosystèmes de Lanaudière, la tâche n’a pas été complexe puisque plusieurs citoyens ont eux-mêmes accepté de léguer leur terre pour qu’elle soit considérée comme protégée. Un don important a d’ailleurs été fait par France Bourdon et Larry Conochie, qui ont légué 183 hectares de forêts et de lacs situés dans la vallée de la rivière Noire.
D’autres propriétaires ont ensuite décidé de faire de même. M. Leboeuf ajoute que les citoyens ont tout avantage à faire ce qui est appelé un don de terrain écosensible puisqu’ils sont non seulement supportés par la Fiducie dans le processus de legs, mais qu’ils reçoivent également des remboursements d’impôts considérables. « La Fiducie va utiliser le Corridor de la Noire comme d’une locomotive pour faire valoir le projet et parler de ces solutions fiscales aux gens », indique le directeur.
©Jason Joly - L'Action
Alain Branchaud, Yasmine Kessaci, Michel Leboeuf et Martin Héroux ont présenté le projet lors d’une conférence le 27 juin.
L’organisation compte présentement 4400 hectares de territoire protégé dans le Corridor de la Noire. Michel Leboeuf espère ajouter à ce nombre 3500 hectares de plus : « C’est un noyau de conservation important parce qu’il y a de la protection qui a été faite un peu partout et parce qu’il y a une grande valeur de biodiversité. » En effet, plusieurs espèces précaires, comme la tortue des bois, se trouvent dans ce secteur. Des zones de conservation intensives seront donc implantées, comme c’est le cas dans les parcs régionaux. « Ça nous permet de savoir où sont les espèces à statut et de dire que cet espace doit être protégé à une période précise de l’année », ajoute M. Leboeuf, qui est aussi biologiste. Il donne comme exemple la nidification des oiseaux qui se déroule pendant l’été et qui nécessite une plus grande vigilance pour éviter que des activités de plein air nuisent à l’habitat des animaux.
« La protection du territoire est un geste important dans la perspective de lutter contre les deux grandes crises environnementales que sont la perte de la biodiversité et la crise climatique », appuie Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec. Le Canyon de la Noire est l’un des seuls projets dotés d’une initiative plein air que l’organisation ait accepté de financer. Pour M. Branchaud, cette idée de corridor plein air est une bonne façon de tenter d’atteindre le 30% de territoire terrestre que le gouvernement du Québec s’est engagé à protéger d’ici 2030. Le directeur espère ainsi que d’autres régions ou organisations suivront le pas : « Nous souhaitons que cette association devienne un phare pour d’autres initiatives partout au Québec. »
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