06 novembre 2019

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

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©Photo gracieuseté - L'Action

Stéphanie Paré Moquin, fondatrice de l’entreprise Indigènes du Nord.

Stéphanie Paré Moquin est éducatrice spécialisée de formation. Elle a aussi complété un cours de cueilleuse professionnelle de produits forestiers avec l’Association forestière de Lanaudière. Son entreprise est, pour elle, une manière de joindre ses deux passions.

« Ça fait 16-17 ans que je connais Rawdon, je me décris comme une nomade, je me suis souvent déplacée, mais je revenais toujours à Rawdon », déclare-t-elle en entrevue avec L’Action.

Indigènes du Nord propose toute une gamme de produits faits à partir de produits forestiers non ligneux, dont des sirops à base de conifères (épinette blanche, thuya occidental, pruche du Canada, mélèze). Chaque sirop a été nommé en fonction des vertus du conifère dont il est issu (La Tordeuse, L’Ancestral, La Majesté, Le Survivant).

En plus de leurs saveurs et de leurs vertus culinaires, ces sirops ont également maintes propriétés médicinales ou antistress. « Chaque sirop a sa touche, ils rehaussent les viandes, peuvent servir pour des vinaigrettes, des boissons alcoolisées, des desserts… »

Stéphanie Paré Moquin travaille aussi d’autres produits tels que la prune sauvage dont elle fait une gelée ou le thé des bois qu’elle transforme en tisane, pour ne nommer que ceux-là. L’un de ses désirs, c’est aussi de proposer une épice forestière québécoise qui rivaliserait avec le sel et le poivre.

Stéphanie Paré Moquin souligne que les saveurs des conifères diffèrent selon les saisons. Elle souhaite ainsi proposer des exclusivités saisonnières. Pour le temps des Fêtes, un chocolat chaud à base de sapin ou d’épinette fera son apparition.

L’entrepreneure est en lien avec tout un réseau d’arboriculteurs pour la cueillette de ses produits, ce qui en assure la qualité et la traçabilité.

Elle explique que les produits forestiers non ligneux font sortir sa créativité. « J’ai toujours eu un intérêt pour l’expérimentation culinaire, mon approche, c’est de montrer aux gens comment utiliser mes produits et à l’aide de recettes simples. »

Indigènes du Nord a déjà noué plusieurs partenariats avec d’autres entreprises de la région pour la mise en valeur de ses produits, dont la boucherie L’Ère bête de Rawdon qui offre une saucisse à partir de sirop de thuya occidental. D’autres collaborations, notamment avec la Sucrerie des Aïeux et le Cégep à Joliette sont établies.

Mme Paré Moquin souligne que le défi lors du démarrage d’entreprise, c’est l’équilibre. À ce jour, elle réalise toutes les étapes de la confection de ses produits, allant de la récolte à la transformation, la mise en marché et la livraison. Elle aimerait au cours de la prochaine année se doter d’une équipe pour l’appuyer au niveau de la production.

Elle affirme qu’il est important pour elle de bien maîtriser la matière avant de développer plus de produits et plus de partenariats. « Ce projet est un pionnier, il y a donc une grande partie de collecte de données, de recherche et de développement. »

Transmettre

Au-delà de la fabrication de produits forestiers, Stéphanie Paré Moquin possède une grande passion pour la transmission de connaissances. Elle souhaite donc lancer tout un volet d’animation d’ateliers avec des jeunes, des ainés, des autochtones, et aussi de thérapie par la nature. « Je veux rassembler les peuples, créer des liens entre l’humain et la nature. Transmettre une expertise sur les éléments de la forêt. »

Un projet pilote avec l’École Saint-Louis devrait avoir lieu au printemps.

Mme Paré Moquin aimerait aider les gens à intégrer les produits forestiers non ligneux dans leurs habitudes alimentaires. « On devrait tous s’en nourrir, la forêt a tout ce qu’il faut pour nous. »

En entrevue, elle tient à souligner la présence de deux mentors dans son cheminement, soit Yvan Perreault et Denis Lapierre. Elle se dit choyée d’avoir tout un écosystème autour d’elle et souligne que pas moins de quarante bénévoles l’ont aidée dans la construction de sa salle de séchage. « Mon entreprise a tout un volet écoresponsable. La salle de séchage a d’ailleurs été faite à partit de dons, de matériaux recyclés, etc. »

L’une des choses qu’elle regrette, c’est toutefois la rigidité des programmes d’aide pour les entrepreneurs en démarrage d’entreprise. Elle croit que les programmes ne sont pas nécessairement adaptés au genre d’entreprise qu’elle a fondée.

Premiers marchés de Noël

Son entreprise étant en activité depuis moins d’un an, Stéphanie Paré Moquin débute la mise en marché de ses produits. Elle se dotera éventuellement d’une boutique virtuelle, mais d’ici là, ils sont disponibles auprès de commerces tels que la boucherie de Rawdon ou directement auprès d’elle. Stéphanie débute aussi sa première tournée de marchés de Noël. Informations : Indigènes du Nord sur Facebook.

Produits forestiers non ligneux

Selon Ressources naturelles Canada, les « produits forestiers non ligneux » (PFNL) désignent des produits d'origine biologique autres que le bois d'œuvre, tirés des forêts. L'éventail de PFNL est très diversifié et comprend notamment des produits :

• récoltés dans la nature, que ce soit dans des forêts ou des terres destinées ou non à la production de bois d'œuvre (par ex., les champignons)
• issus de forêts faisant l'objet de niveaux de gestion d'intensité variable (par ex., le sirop d'érable)
• cultivés dans le cadre de systèmes agroforestiers (par ex., des espèces forestières comme le ginseng sauvage cultivé à grande échelle)

Les PFNL peuvent être des produits alimentaires, des produits ornementaux ou des substances extraites de plantes forestières servant à fabriquer des produits pharmaceutiques et des produits d’hygiène personnelle.

©Photo gracieuseté - L'Action

Certains produits de l’entreprise Indigènes du Nord.