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12 décembre 2018

Oui à l’électrification des transports, mais pas en minant nos terres, notre air et notre eau

Lettre ouverte

M. Legault, alors que vous annonciez cette semaine reconduire les subventions aux voitures électriques, nous vous lançons un cri du cœur afin que l’exploitation minière et les millions de tonnes de déchets miniers générés pour la fabrication de ces voitures ne se fassent pas en sacrifiant nos terres, notre air et notre eau.

Nous sommes de simples citoyens, propriétaires, villégiateurs et commerçants de la région de Saint-Michel-des-Saints qui, depuis deux ans, vivons un cauchemar face à la venue possible d’une immense mine à ciel ouvert de la compagnie Nouveau Monde Graphite—laquelle vise le marché des voitures électriques.

Si autorisée, cette fosse de plus de 2,7km de longueur et 240 mètres de profondeur deviendrait la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec. Elle pourrait engouffrer sans problème l’équivalent de 5 édifices de la Place Ville Marie à Montréal.

Elle génèrerait plus de 100 millions de tonnes de déchets miniers, soit 20 fois plus que la quantité totale de déchets domestiques qu’on envoie chaque année dans les sites d’enfouissement au Québec.

Selon les dernières études disponibles, 10 à 40% des déchets miniers provenant de cette mine seraient « potentiellement acides » à « très acides ». Le promoteur n’a toujours pas révélé la composition chimique, ni la quantité totale des contaminants qui seraient déversés dans les eaux usées de cette mine pour des décennies à venir.

Or, le site minier avoisine le splendide Parc national du Mont Tremblant et se situe dans le bassin versant du majestueux Parc régional du Lac Taureau, un des plus grands plans d’eau à proximité de Montréal, immense de 270 km de berges et de plages. Ses 45 îles et ses nombreuses plages de sable fin en font d’ailleurs un lieu exceptionnel de villégiature, en plein essor récréotouristique depuis une quinzaine d’années, avec des milliers de visiteurs chaque année.

Bien entendu, le promoteur minier tente de se faire rassurant et nous promet la lune. Et nos élus municipaux tombent sous le charme pour l’instant. Il n’y a pas d’acceptabilité sociale chez nous, il y a de la division sociale.

Mais nous ne sommes pas dupes. Nous constatons ce qui s’est produit avec d’autres minières au Québec. L’incapacité de nos ministères d’appliquer les lois, sans conséquence ou pénalité sérieuse pour les minières qui ne respectent pas les normes. Des dizaines de sites miniers abandonnés, contaminés, qui coûteront près de 1 milliard aux Québécois pour nettoyer, sécuriser. Des emplois non durables qui disparaissent, une fois la mine fermée.

Et tout cela pour fournir le marché « vert » de la voiture électrique, vraiment?

Soyons clairs : notre cri du cœur n’est pas le simple reflet du « syndrome pas dans ma cour », ni pour remettre en question l’électrification des transports et la nécessaire lutte aux changements climatiques. Ni même pour remettre en question le secteur minier au Québec.

Oui, il faut électrifier davantage nos transports. Oui, il faut faire beaucoup mieux pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre au Québec. Mais il ne faut surtout pas le faire en se tirant dans le pied, sans plan, sans stratégie, et sans réduire à la fois notre empreinte énergétique et notre empreinte minière.

Nous constatons que nous ne sommes pas seuls face à ces enjeux au Québec. Que ce soit le projet controversé de mine de lithium de Sayona Mining, en Abitibi-Témiscamingue, ou celui de graphite de Canada Carbon à Grenville-sur-la-Rouge (avec une menace d’une poursuite de 96 millions), il apparaît évident que l’on ne peut laisser traîner les choses.

M. Legault, si le Québec veut s’engager dans l’exploitation davantage de mines de lithium et de graphite pour subvenir à l’électrification des transports, il est urgent de revoir nos lois et nos normes. Québec doit surtout dire « non » aux projets miniers situés dans des milieux sensibles à haute valeur écologique, sociale et économique pour l’ensemble des Québécois.

Le Québec est grand. Le Québec est riche de ressources minières. Assurons-nous de les exploiter de façon raisonnée, d’exiger des normes beaucoup plus strictes, de protéger nos milieux sensibles, et surtout de favoriser le recyclage, l’économie circulaire et une réduction de notre empreinte minière avant de se lancer tête baissée dans l’exploitation de nouvelles mines pour l’électrification des transports.

* José Gagnon, Paul Comeau, May Dagher, Dmitri Kharitidi, Hélène Mathieu, membres de la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie (COPH)

Commentaires

13 décembre 2018

Richard Boulianne

Je suis résident de St-Michel-des-Saints, au domaine Lagrange et j'endosse tout ce qui est écrit dans cette lettre ouverte. Personnellement, je suis déjà fortement lésé par la possible arrivée de cette mine. Elle génère déjà beaucoup de stress dans ma vie par l'incertitude les craintes pour l'avenir. Mon choix de venir m'établir ici à la retraite aurait été différent si j'avais su qu'une mine viendrait s'installer si près de chez-moi. Déjà, l'usine de démonstration même si la mine n'est pas officiellement en opération crée des désagréments qui ne feront que s'amplifier avec le temps selon moi.

17 décembre 2018

Marie-Hélène Massy Emond

Je suis citoyenne de La Motte, municipalité où l'entreprise Sayona veut creuser très vite une fosse d'un km et extraire du lithium sans même que le projet passe devant un Bureau d'audiences publiques en environnement. Je suis solidaire des citoyens de Saint-Michel des Saints. Soyons unis.

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