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23 mai 2023

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

Des incertitudes demeurent pour les familles lanaudoises

Camps de jour

Camp de jour

©Photo Depositphotos - L'Action

L’intégration des enfants à besoins particuliers dans les camps de jour municipaux demeure un défi à la grandeur de la région.

Malgré la mobilisation régionale, l’offre de places pour les enfants à besoins particuliers dans les camps de jour de Lanaudière demeure un grand défi. « Les municipalités font de leur mieux, mais avec les besoins grandissants et les défis de recrutement, cet enjeu perdure et s’accentue », exprime Marie-Ève Desmarais, directrice générale de la Société de l’Autisme Région Lanaudière (SARL).

Légalement, les camps de jour municipaux doivent être accessibles à tous les enfants, peu importe leur handicap. Malgré tout, concrètement, l’accès à un camp de jour pour les familles qui ont des enfants avec des besoins spécifiques demeure un casse-tête.

En entrevue avec L’Action, une maman de Rawdon a témoigné que le niveau de stress est très élevé concernant le camp de jour. « Il ne devrait pas y avoir de distinction entre les enfants, ceux qui ont des besoins particuliers ne devraient pas être pénalisés, mais ce n’est pas ce qui se passe. Je prends la parole pour toutes ces familles. »

La maman explique que lors de l’inscription au camp de jour, les parents doivent faire part des besoins d’accompagnement de leurs enfants via la fiche santé et que par la suite, les municipalités évaluent la situation et essaient de recruter les accompagnateurs afin de répondre à cette demande. « Les places pour les enfants à besoins particuliers sont très limitées, ce qui fait en sorte que les parents doivent attendre longtemps avant de se voir confirmer la place de leur enfant, même s’il faut tout de même défrayer les frais lors de l’inscription. Rien n’est garanti. Il est fort possible que mon enfant ne puisse y aller que quelques jours par semaine, et pas toutes les semaines, ou même pas du tout. »

Selon la Rawdonnoise, le retour a été difficile après les deux étés Covid. Certes, il y a une pénurie de main-d’œuvre, mais selon la maman, la manière de procéder pénalise grandement les familles des enfants à besoins particuliers qui vont peut-être savoir s’ils ont une place juste un mois avant le début du camp.

« Une autre des problématiques est que les municipalités ou villes avoisinantes n’ouvrent pas leur camp de jour aux non-résidents ».

Toute cette incertitude cause des maux de tête et oblige bien souvent les parents à choisir entre leur travail ou leur enfant. « On ne part pas travailler la tête tranquille. »

Claudia Mailhot, maman d’un enfant à défis particuliers qui réside à Joliette, a également accepté de témoigner du stress que lui cause le camp de jour. En raison de la nature de son emploi, son garçon âgé de dix ans n’était pas retourné au camp depuis la pandémie. Toutefois, elle a changé de domaine et a tenté d’inscrire son enfant pour les huit semaines de l’été 2023. « Je voulais qu’il puisse continuer de socialiser avec les autres et se faire des amis. »

Mme Mailhot était prête à compléter le formulaire le matin même de l’ouverture des inscriptions, toutefois, un bogue informatique concernant son adresse l’a contrainte à se rendre en personne à l’hôtel de ville. Finalement, elle n’a pu inscrire son fils que pour trois semaines qui sont non consécutives. « Je réfléchis actuellement à un plan B, ce sont de grands questionnements. J’ai vérifié du côté des camps spécialisés, mais c’est vraiment dispendieux, on parle de plusieurs milliers de dollars. »

Claudia Mailhot se dit consciente qu’il manque cruellement de personnel pour les camps de jour. Son fils est actuellement sur la liste d’attente et son souhait est que de nombreux étudiants soumettent leur candidature pour le camp de jour de Joliette. « J’aurai alors peut-être des chances… mais je risque de le savoir à la dernière minute et avec un enfant TSA, tu ne peux pas prévoir à la dernière minute. »

La directrice générale de la SARL, Marie-Ève Desmarais, explique qu’en effet, bien des parents sont finalement contraints de prendre congé l’été. Et même si leur enfant a obtenu une place, cela se termine parfois par des bris de services en raison des défis d’intégration.

« Les municipalités ont l’obligation légale d’accueillir ces enfants. Il y a de belles réussites, mais ça demeure un enjeu régional. »

Mme Desmarais souligne que ces problématiques constituent une préoccupation pour le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière et qu’un comité regroupant des municipalités et des organismes comme Les Répits de Gaby ou l’Association régionale de loisirs pour personnes handicapées de Lanaudière (ARLPHL) a même été formé afin de trouver des solutions. De son côté, la SARL offre aux municipalités des prêts de matériel spécialisé.

« Les familles d’enfants à besoins particuliers ont bien raison d’être préoccupées. L’incertitude est réellement présente. »

Jointe par L’Action, Audrey-Line Lachance, directrice générale de l’ARLPHL, confirme que des comités concertés ont commencé à voir le jour dans la région en 2013. « Les municipalités veulent mettre en place des camps de jour adaptés et ces comités ont été créés pour les accompagner. Ils leur permettent d’obtenir des outils dans le but de bien répondre aux besoins particuliers. » Actuellement, la région possède cinq comités qui sont situés dans les secteurs Brandon, D’Autray-Sud, Montcalm, Matawinie et Joliette.

Mme Lachance mentionne que malgré toute cette bonne volonté municipale, la pénurie de main-d’œuvre actuelle rend la situation très difficile. « Il y a un gros travail qui est fait pour répondre aux besoins d’accompagnement, les municipalités viennent s’outiller, mais ça prend des accompagnateurs afin de pouvoir intégrer les enfants. La situation est de pire en pire, les jeunes ne répondent pas à l’appel pour venir travailler. Il y a même des municipalités qui pensent avoir trouvé des employés, mais qui les perdent avant même le début du camp de jour. »

Audrey-Line Lachance convient que la situation peut être très angoissante pour les familles. Elle rappelle que tant les parents que les municipalités peuvent faire appel à la Commission des droits de la personne s’ils se sentent lésés ou en cas de besoin.

La priorité aux résidents

Chaque Municipalité a sa façon de procéder pour l’intégration des enfants à besoins particuliers au sein de son camp de jour.

À Rawdon, Édith Beauséjour, du service des loisirs et de la culture, explique que les parents d’enfants à défis particuliers doivent préciser les besoins en remplissant la fiche santé au moment de l’inscription. Par la suite, les fiches sont analysées en collaboration avec Les Répits de Gaby et, selon les besoins en accompagnement, les horaires sont faits. « On devrait avoir les résultats du pairage à la mi-mai. » Selon Mme Beauséjour, les paiements se font une fois que les horaires sont dévoilés. Au moment de l’entretien téléphonique avec le Journal, deux accompagnatrices avaient pu être embauchées par Rawdon. « On fait le plus possible pour répondre à toutes les demandes, mais ça se peut que tout le monde ne puisse pas avoir l’horaire souhaité ou que ce ne soit pas du temps plein. Mais on offre toujours des journées à tout le monde. »

La priorité, autant pour les places dites régulières que pour le camp intégré, est accordée aux familles de Rawdon.

Du côté de Joliette, Noémie Laplante, agente de communication, informe que les places au camp de jour sont effectivement réservées aux citoyens de Joliette. Les besoins particuliers doivent être partagés au moment de l’inscription afin que le bon ratio puisse être établi. Selon Mme Laplante, le camp de jour accueille chaque été de 20 à 25 enfants qui ont des besoins particuliers à temps plein. « Le traitement d’une demande d’adhésion au camp pour ce type de besoins se fait en même temps et au même titre qu’un enfant régulier. Lorsqu’une semaine est complète au niveau des inscriptions, les enfants, réguliers comme à besoins particuliers, vont sur une liste d’attente. Aucun des deux types d’enfants ne reçoit de privilèges quant au traitement de sa demande. Elle suit son cours en ordre du « premier inscrit, premier traité ». »

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