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11 août 2021

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Une montée de la maladie de Lyme dans Lanaudière

Une maladie complexe et controversée

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©Depositphotos - L'Action

Alors que le nombre de tiques qui transmettent la maladie de Lyme augmente, des actions commencent à être prises pour mieux soutenir les malades.

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), 9 cas de la maladie de Lyme ont été déclarés dans Lanaudière du 1er janvier au 4 août 2021 et le niveau du risque d’infection s’aggrave tant dans la région qu’ailleurs dans la province. Selon Carl Dubois, vice-président de l’Association québécoise de la maladie de Lyme (AQML), cette maladie, à la fois complexe et difficile à diagnostiquer, touche des milliers de personnes partout au Québec. 

La maladie de Lyme est transmise par la tique à pattes noires, un insecte vivant dans les herbes hautes. La tique peut être porteuse d’une bactérie (Borrelia burgdorferi) qui cause la maladie. Au début de l’été 2021, le Centre intégré de Santé et de Services sociaux (CISSS) de Lanaudière a annoncé que les villes de Terrebonne et de Mascouche étaient maintenant considérées comme « zone à risque significatif d’acquisition de la maladie de Lyme ». Ce terme indique, entre autres, qu’un nombre important de tiques infectées y a été prélevé au cours des cinq dernières années.  

Pour ce qui est des secteurs de Joliette, Rawdon, Lac-des-Dix-Milles, Lanoraie, L’Assomption et Saint-Lin-Laurentides, ils sont tous considérés comme niveau à risque « présent ». Cela signifie que le nombre de cas de la maladie et le nombre de tiques soumises pour analyse sont moindres que pour le niveau « significatif » mais tout de même considérables. Dans le reste de Lanaudière et pour ce qui est des autres régions, il existe aussi un certain risque d’acquisition de la maladie.  

L’année 2020 étant particulière dû à la pandémie, les cas rapportés étaient moins nombreux que les années antérieures. Seuls deux cas ont été déclarés dans Lanaudière sur un total de 250 au Québec. Or, la situation semble différente pour 2021 puisque 9 cas ont déjà été annoncés dans la région sur un total de 160 alors que l’année n’est pas encore terminée. 

Un diagnostic difficile à établir 

Le vice-président de l’AQML, Carl Dubois, compare les symptômes au début de la maladie à ceux d’une grosse grippe avec des migraines. Puis, lorsque la phase dite chronique commence, le malade peut ressentir des douleurs musculaires ou articulaires, des palpitations cardiaques ou avoir des problèmes neurologiques.  

Carl Dubois

©Photo gracieuseté - L'Action

Carl Dubois, vice-président de l'Association québécoise de la maladie de Lyme et père d'un jeune homme atteint de la maladie.

Les personnes atteintes qu’il côtoie rencontrent des problèmes dans diverses sphères de leur vie. Beaucoup ont de la difficulté à garder un emploi, à rester concentrées à l’école ou à continuer à faire leurs activités physiques. D’autres voient des impacts au niveau de leur vie de couple et avec leur famille. Le site de l’AQML, accessible au http://aqml.ca, offre plusieurs informations concernant les symptômes et les mesures de prévention.

La maladie de Lyme a la réputation d’être très complexe. Comme le mentionne Amir Khadir, microbiologiste et infectiologue au Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur à Terrebonne, « la maladie de Lyme est l’une des controverses les plus importantes de la médecine moderne ». Elle est en effet très difficile à diagnostiquer. La bactérie qui en est la cause est polymorphique. Elle fabrique des protéines qui se modifient et l’empêchent d’être reconnue par le système immunitaire. Puisque c’est ce système qui est analysé lors des tests, le résultat peut être faussé dû à l’état changeant des protéines de la bactérie. 

Carl Dubois rapporte que très peu de gens sont diagnostiqués positifs à la maladie au Québec. M. Dubois a lui-même un fils, Simon, qui en est atteint. « Nous suspections la maladie de Lyme, mais chaque fois que nous avons fait un test au Québec, on nous disait que c’était négatif. » 

Il dénonce le fait que son fils et bien d’autres personnes atteintes au Québec subissent de l’errance médicale : les malades rencontrent des médecins spécialistes les uns après les autres sans que ceux-ci n’arrivent à trouver le remède à leurs maux. « Imaginez-vous voir un neurologue qui vous dit qu’il ne voit rien d’anormal, qu’il voit qu’on ne se sent pas bien, mais qu’il ne peut rien faire pour nous. Alors on retourne voir un médecin interniste ou notre médecin de famille qui est complètement démuni. » 

Le docteur Amir Khadir se rappelle aussi le cas d’une patiente qui est allée consulter un médecin après avoir identifié une morsure sur sa peau. Toutefois, puisque la femme habitait dans une région moins à risque, le médecin aurait refusé de la tester pour la maladie de Lyme. « Si les médecins ne sont pas bien renseignés, des centaines de cas comme ceux-là ne seront pas rapportés », souligne le microbiologiste. 

Visiter les voisins du sud 

Pour obtenir un diagnostic, Carl Dubois et son fils ont dû se tourner vers les États-Unis. Ceux-ci ayant des critères plus serrés au niveau des tests de dépistage, Simon a été déclaré positif du premier coup. Toutefois, à leur retour au Québec, le résultat du test n’était plus reconnu et Simon n’a pu recevoir le traitement d’antibiotiques prescrit contre la maladie de Lyme. 

M. Dubois et sa famille racontent avoir tenté de faire collaborer leur médecin américain et un interniste de Montréal. Ils étaient même prêts à payer de leurs poches le temps de travail des médecins, mais la collaboration n’a jamais eu lieu. 

Contrairement à la famille Dubois, très peu de patients québécois se lancent dans ce processus à l’étranger. « Imaginez la complexité pour une personne qui se bat non seulement pour sa propre santé, mais aussi avec un système qui a énormément de difficultés à reconnaître la maladie et à prodiguer les soins appropriés », se désole M. Dubois. 

Des avancées en vue 

En mai 2019, un rapport produit par l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a été émis au MSSS. Plusieurs recommandations y sont inscrites dont l’une d’elles qui permet aux médecins de diagnostiquer la maladie en cas de symptômes graves, et ce, même si le test est négatif.  

De plus, l’Institut propose de mettre en marche un centre national afin d’aider les patients atteints de la maladie de Lyme tout comme ceux qui ont des symptômes post-Covid aigus. Des équipes du CHUM et de Sainte-Justine ont travaillé sur ce projet et ont soumis leurs idées au ministre Christian Dubé le 7 juin 2021.  

Quatre à six autres cliniques pourraient être développées pour desservir d’autres régions. Toutes offriraient des services multiples tels que psychologie, neurologie, etc. « C’est un peu la COVID qui a ouvert les yeux à tout le monde. […] Il y a plusieurs médecins qui comprennent que ce n’est pas parce que nous ne sommes pas capables de détecter un virus ou un microbe que la maladie est réglée », conclut le Dr Khadir. 

Des risques pour les animaux

Comme leurs maitres, les animaux peuvent être atteints de la maladie de Lyme. Des tests sont donc faits afin de déceler ceux qui sont infectés. À ce jour, le Companion Animal Parasites Council (CAPC) comptabilise 600 tests exécutés en 2021 sur des chiens dans Lanaudière dont 15 étaient positifs. Toutefois, ces résultats ne prennent pas en compte les tests qui ont été exécutés à l’interne dans des cliniques. Le CAPC indique que les résultats des tests qu’il diffuse ne représenteraient environ que 30% des tests réalisés au total. 

Les chiens et les chevaux sont les animaux domestiques les plus souvent infectés par la maladie de Lyme. Les chats peuvent l’être aussi, mais, pour une raison encore incertaine, ils y sont moins sensibles. 

Si un délai de 24 à 36 heures après la morsure est respecté, seul un traitement d’antibiotiques durant un mois est nécessaire. Toutefois, puisque la fourrure cache la peau, il se peut que la morsure ne soit pas détectée à temps. « Il peut y avoir une première phase où l’animal peut être abattu ou avoir moins d’appétit. Il peut même faire de la fièvre, mais souvent ça passe inaperçu », explique Vicky Aubuchon, technicienne en santé animale à l’Hôpital vétérinaire des Prairies. 

Vicky Aubuchon

©Photo gracieuseté - L'Action

Vicky Aubuchon, technicienne en santé animale à l’Hôpital vétérinaire des Prairies.

Le symptôme le plus apparent est lorsque l’animal boite, et ce, sans une raison connue. L’infection pouvant nuire aux articulations, les vétérinaires font alors des tests en laboratoire pour voir si la maladie de Lyme en est vraiment la cause. Lors de ces tests, les professionnels vont s’attarder sur le nombre d’anticorps produits dans le sang. Si le nombre est minime, les vétérinaires ne donneront pas de médicaments. Si une forte concentration d’anticorps est mesurée, ce sera le signe que le système immunitaire de l’animal lutte contre un intrus et un traitement lui sera administré. 

En prévention, il existe des produits vendus en animalerie ou dans les cliniques vétérinaires pour protéger l’animal contre les tiques et même d’autres parasites. Il y a tout de même des risques que le produit ait été mal administré. « C’est pour cela que l’on recommande de faire le test de façon annuel ou aux deux ans », termine Vicky Aubuchon.  

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