«Je suis très énervé et nerveux. C’est sûr que j’ai un stress de plus, car la salle sera pleine de gens que je connais! Des gens qui ont changé mes couches jusqu’à mes professeurs de secondaire et je dirais qu’environ 80% d’entre eux ne m’ont jamais vu en spectacle», a commenté le jeune homme en entrevue avec L’Action.   

Rainbow est reconnue pour son univers irrévérencieux et comique. Avec ses divers talents comme la danse, le cirque, l’acrobatie et la jonglerie, elle sait captiver le public. Celle qui n’a pas la langue dans sa poche se décrit comme un mélange de Cathy Gauthier et des Denis Drolet. Elle avertit d’ailleurs le public qu’elle a un humour assez cru et direct et que l’âge recommandé est de 13 ans et plus. «C’est moins trash que Mariana Mazza, mais c’est sûr qu’il va y avoir des jokes croustillantes!»  

Elle assure toutefois que tous sauront se retrouver dans son spectacle qui touche à plusieurs styles. Elle personnifie notamment des artistes comme Shania Twain et Lady Gaga et elle promet des airs connus que les gens pourront chanter. Ce spectacle, dans lequel elle sera accompagnée par son équipe de danseurs, contiendra aussi des numéros humoristiques, des surprises et un jeu participatif avec la foule. «J’espère que les gens auront du fun et que ce ne sera pas la seule édition!» 

La drag 450 

En plus d’animer les soirées les plus courues du nightlife montréalais, Rainbow a donné des centaines de spectacles en région, ce qui lui a valu le surnom de la drag 450. «J’adore ça, car souvent les gens n’ont jamais vu de spectacles de drag, alors je suis leur premier souvenir et c’est super gratifiant!» Elle ajoute que les gens sont de plus en plus ouverts d’esprit et suggère à tous d’assister à son spectacle. « C’est souvent ceux qui ont le plus de réticences à venir qui ont le plus de fun au final!»   

Une autre première pour Rainbow, il s’agira de sa seule performance dans une ancienne église, mais elle s’est dite charmée par le Carrefour culturel. «Ils ont refait l’insonorisation et c’est impressionnant! En plus, la salle est intime et rassembleuse.»  

Ce sont ses parents, ses plus grands supporteurs, qui ont eu l’idée de ce spectacle à Notre-Dame-des-Prairies. «Ils en parlent à tout le monde et sont fiers de ce que je fais. Je ne pourrais pas avoir des meilleurs parents! Il y a beaucoup de drag queens qui n’ont pas le support de leurs proches et ça me fait de la peine.» 

Toute sa famille a participé à la production de ce spectacle, son père, sa mère et sa sœur. Même sa grand-mère y a mis du sien et s’occupera de la billetterie le soir de l’événement.  

Il reste peu de billets, mais ceux qui veulent s’en procurer peuvent le faire via eventbrite ou chez Esthétique Nathalie Bouchard et Automobile Sylvestre. 

Frédérick Sylvestre a su se démarquer dans un milieu difficile   

Grâce à son sens de l’entrepreneuriat et à sa «grande gueule», le Prairiquois Frédérick Sylvestre a réussi à se tailler une place de choix dans l’univers des drag queens. Il est maintenant artiste à temps plein et son personnage Rainbow a des milliers d’abonnés sur les différents réseaux sociaux.  

«C’est difficile de se faire une place dans le milieu, car nous sommes des travailleurs autonomes, pas une troupe, c’est chaque clown pour soi», a-t-il dit à la blague. 

Ce dernier a toujours été attiré par le monde des arts et du théâtre. Dès l’âge de dix ans, il faisait partie de l’Ensemble traditionnel La Foulée et c’est à l’Académie Antoine-Manseau, alors qu’il a participé aux différentes comédies musicales, qu’il a réellement eu la piqûre de la scène. Quand il est déménagé à Montréal, l’un de ses amis l’a initié aux spectacles de drag queens.  

Il se souvient de sa première transformation il y a huit ans, «j’étais laide là, ouepelaï! Ce n’était pas ce que c’est maintenant!» Au fil des années, le style et la personnalité de Rainbow se sont peaufinés et cela a pris un bon six ans avant de façonner son identité.  

Pour Frédérick, Rainbow est comme un personnage de théâtre. «C’est l’opposé de moi! Ce que je ne me permets pas de dire, je le dis en Rainbow en dix fois plus intense.»  

Il explique que beaucoup ne font pas encore la différence entre une drag queen et un transexuel. «Il y en a qui pense que je fais mon épicerie en drag et que je vis 24 heures/24 comme ça, mais non, je ne m’identifie pas comme une femme, je suis un homme qui personnifie la femme. Une drag queen c’est pour le show, mais un transexuel c’est son mode de vie. » 

Quand il est en Rainbow, Frédérick a une plus grande confiance en lui et cela lui permet de libérer toute son énergie. «C’est très physique, alors quand je reviens à moi-même je suis beaucoup plus calme.» Il explique d’ailleurs que c’est très difficile pour le dos puisqu’il passe six heures par soir à danser et à faire des mouvements extrêmes en talon haut. «Ça me coûte vraiment cher de massothérapie et d’acupuncture par année !» 

Chez lui, il a des tonnes de paires de chaussures, des perruques et près de 200 costumes, mais ce qu’il préfère, c’est le maquillage. «Je dois en avoir pour plus de 20 000$, j’aime vraiment ça et plus il y a de couleurs, plus je suis heureux.» Avant chaque spectacle, il se garde un bon deux heures pour se maquiller.  

Frédérick termine en mentionnant que la profession a vraiment évolué au cours des dernières années, en grande partie grâce à RuPaul’s drag race, une compétition américaine de drag queens. « Mon but pour les prochaines années serait de faire de la télévision en personnage, je pense que nous sommes rendus là!»