Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

24 novembre 2017

Le pénitencier pour femmes de Joliette, une petite communauté à l'intérieur d'une grande communauté

©Photo TC Media - Archives ,

PORTRAIT. Cette année, cela fait 20 ans que le pénitencier pour femmes de Joliette a ouvert ses portes dans la foulée d'une réflexion globale sur le sort des femmes privées de liberté purgeant des peines de deux ans et plus.

Lire aussi: Des détenues peuvent cohabiter avec leur bambin

Lire aussi: Le pénitencier pour femmes de Joliette en mots, en chiffres et en statistiques

Lire aussi: Aider les délinquantes à devenir des citoyennes respectueuses des lois

Lire aussi: Vivre avec 12 $ par jour

Lire aussi: Elle travaille dans les pénitenciers depuis 30 ans

Jusqu'au 6 juillet 2000, les femmes incarcérées pour des peines fédérales étaient dirigées en Ontario, à la prison des femmes, à Kingston.

« Les femmes pouvaient venir des Prairies, des Maritimes [par exemple] et étaient éloignées de leurs familles ou de leurs enfants », a relevé Maryse Marois, directrice adjointe du volet intervention de l'Établissement de Joliette lors d'une allocution tenue le 6 novembre devant des gens d'affaires.

Selon elle, cela rendait difficile le retour à la collectivité parce qu'elles pouvaient avoir été éloignées de leurs proches pendant de nombreuses années.

« [En plus], l'établissement était physiquement désuet et on donnait aux femmes des programmes qui étaient adaptés pour les hommes », a-t-elle ajouté.  

D'ailleurs, depuis son ouverture en 1934, « tous les rapports et mémoires officiels ont souligné les défauts de la Prison des femmes », selon ce qu'indique le Service correctionnel du Canada sur son site internet.

La création de choix

©Photo TC Media - Archives

Voici à quoi ressemble le pénitencier pour femmes de Joliette qui a ouvert ses portes en 1997.

En avril 1990, un rapport d'un groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, La création de choix, a encore attiré l'attention sur les lacunes de la prison des femmes.

Le rapport fourni par ce groupe d'étude recommandait, selon le Service correctionnel du Canada, la fermeture de la prison des femmes, la construction d'installations régionales pour les femmes et l'élaboration de programmes axés sur les femmes.

« Suite à ce rapport, le gouvernement a décidé [en 1999] de fermer Kingston et de construire cinq établissements régionaux pour femmes », a indiqué Maryse Marois.

Aujourd'hui, presque toutes les femmes purgeant une sentence fédérale vivent dans des établissements régionaux : l'institution Nova pour femmes en Nouvelle-Écosse; l'institution de Joliette au Québec; l'institution Grand Valley en Ontario et l'institution d'Edmonton en Alberta.

Pénitencier de Joliette

©Photo archives - L'Action

Voici à quoi ressemble le pénitencier pour femmes de Joliette qui a ouvert ses portes en 1997.

Selon le Service correctionnel du Canada, la fermeture de la Prison pour femmes a marqué « la fin d'une ère et le commencement d'une autre dans laquelle l'établissement d'institutions régionales évoque quelque chose de plus humain, de plus équitable, de plus sécuritaire et de plus efficace pour la gestion des services correctionnels pour les femmes. »

Approche féministe

Selon Maryse Marois, à l'époque de cette transition, l'approche était très féministe.

« Il y avait une certaine croyance que les femmes n'étaient pas violentes. C'est une croyance qui n'est plus, sans faire de généralités, a poursuivi Maryse Marois. Donc quand Joliette a ouvert ses portes, il n'y avait pas d'unité maximale ni d'unité en santé mentale parce que [la croyance faisait qu'on pensait] qu'on serait capable de gérer les femmes avec des barbelés pas très hauts.»

Or, poursuit Maryse Marois, il y a eu rapidement des évènements ayant mené à la création d'unités pour répondre aux besoins des femmes, par exemple pour celles ayant des problèmes en santé mentale et celles aux prises avec des problèmes de violence.

En 2000, trois ans après son ouverture, l'Établissement de Joliette a d'ailleurs requis l'aide de Maryse Marois pour créer une unité en santé mentale et une unité à sécurité maximale.

La santé mentale, un problème important

L'année suivante, à l'automne 2001, le Milieu de vie structuré a ouvert ses portes.

Depuis son ouverture, l'unité de vie structurée offre une approche multidisciplinaire à niveaux de sécurité multiples et avec divers intervenants afin de répondre au besoin des détenues ayant des problèmes de santé mentale.

Selon Maryse Marois, à l'heure actuelle, environ 50 femmes sur un total de 95 détenues voient le psychiatre régulièrement pour des problèmes allant de la dépression au spectre de la schizophrénie.

Baisse de la mutilation et de l'isolement préventif

« L'aspect positif d'avoir instauré cette unité-là, c'est que ça a eu pour effet de baisser significativement le nombre d'automutilations qu'il y avait dans notre population quand je suis arrivée, tout comme les placements en isolement préventif pour leur sécurité », a soulevé Maryse Marois.

Selon elle, l'encadrement offert par cette unité de vie permet aux femmes de travailler à régler leurs problématiques en santé mentale d'abord, afin d'être ensuite en mesure de s'attarder à leurs problématiques comportementales.

« Si ce n'est pas réglé, ce n'est pas possible de travailler sur leurs comportements à changer. Donc l'unité de santé mentale fait partie de cette approche-là, a expliqué Maryse Marois. Notre but, en santé mentale, c'est de les retourner vers les unités régulières, le plus vite possible. »

Unité maximale

Le but est le même pour les femmes vivant en unité de garde fermée (unité maximum).

©Photo TC Media - Archives

Voici à quoi ressemble le pénitencier pour femmes de Joliette qui a ouvert ses portes en 1997.

Celles qui s'y trouvent, selon Maryse Marois, sont lourdement hypothéquées. Par exemple, certaines abordent des comportements antisociaux.

« Il n'est pas rare d'intervenir pour séparer des femmes qui se battent pas exemple. Ça n'arrive pas tous les jours, mais c'est une réalité que nous connaissons. Encore là, nous avons des programmes. Notre but, c'est de faire en sorte que ces femmes retournent en population régulière le plus rapidement possible », a-t-elle ajouté.

©Photo TC Media - Archives

Photo TC Media - Archives

Population générale

En population générale, les femmes vivent dans des unités pouvant accueillir jusqu'à 10 détenues.

Avec la vie en unité, l'objectif du personnel consiste à ce qu'elles développent de l'autonomie, de la responsabilisation et une prise en charge d'elles-mêmes.

Les détenues font par exemple leurs repas et leur ménage.

« Le plus grand défi pour les femmes, c'est la perte de leur liberté. C'est aussi de vivre avec des femmes qu'elles n'ont pas choisies […] Le défi est large », a-t-elle souligné.

La vie en unité peut parfois ainsi amener parfois des tensions entre les femmes.

Par expérience, Maryse Marois affirme que dans la population carcérale pour hommes, les conflits ont tendance à se régler « assez vite », alors que chez les femmes « ça ne finit plus de finir ». La chaleur, selon elle, active aussi les tensions.

« En fait, ce que nous gérons le plus, ce sont les relations interpersonnelles », a-t-elle ajouté.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web Joliette - Caméléon Média