Les propriétaires du Centre-refuge Nymous de Sainte-Béatrix sont sous le choc. Pour une troisième fois, le ministère de la Faune est venu saisir et a euthanasié un animal dont ils avaient la responsabilité et qui était selon eux en voie de guérison. « En venant saisir un animal dont on s’occupe pour l’euthanasier, c’est de la cruauté envers les humains qu’ils nous font vivre », dénonce Jacques Lessard.
Le cofondateur s’exprime sur le sujet via des vidéos mises en ligne sur la page Facebook du refuge. Il s’est également confié en entrevue avec L’Action. La voix brisée par l’émotion, iI explique que l’animal, un bébé raton laveur nommé Antoine, est arrivé au centre il y a à peine un mois. « Quand il est arrivé, il était en train de se décomposer vivant, il était aussi défiguré. Notre vétérinaire a constaté son état grave, mais nous a dit qu’il était jeune et qu’il pouvait être sauvé, voire réhabilité. »
Depuis, plusieurs interventions ont été réalisées et des antibiotiques ont été administrés au petit animal. Jacques Lessard mentionne qu’il était en train de guérir. « Notre vétérinaire l’a vu par deux fois et était de l’avis qu’il pouvait guérir. On ne fait pas d’acharnement thérapeutique, mais on laisse aux animaux une chance de vivre. On a agi sous les recommandations du vétérinaire. »
Dans des communications acheminées à des citoyens en colère, le ministère de la Faune explique : « Le raton laveur a été examiné par un vétérinaire en faune du Ministère et un vétérinaire indépendant spécialiste en médecine zoologique qui ont recommandé l’euthanasie. En effet, les problèmes de santé majeurs identifiés compromettaient sérieusement le bien-être de l’animal. Ce dernier souffrait de fractures multiples infectées dans les pieds et d’une plaie extensive au visage, l’empêchant entres autres de respirer normalement. »
Selon le Ministère, « des interventions invasives multiples, constituant de l’acharnement thérapeutique auprès d’un animal sauvage, auraient été requises et auraient impliqué des handicaps physiques permanents. »
Pour Jacques Lessard, ces éléments sont inexacts. « Il était en voie de guérison et les résultats de la nécropsie ont d’ailleurs démontré que l’infection était pratiquement soignée. On était rendu à la prochaine étape, soit guérir une sinusite et enlever le résiduel de l’infection. Il marchait très bien, il grimpait. Nous avons donné les rapports du vétérinaire au Ministère. Finalement, l’animal a été euthanasié. Un petit de cinq mois qui était en guérison et pour qui des gens avaient fait des dons monétaires. »
Le copropriétaire mentionne aussi qu’une technicienne de la Faune serait entrée dans leur domicile et aurait pris des photos du raton en leur absence, sans autorisation. « Ils sont rentrés sans mandat, il y avait seulement un bénévole qui ne savait pas quoi faire. Ils ont pris des photos du raton et cinq jours plus tard, quatre agents sont revenus avec un avis de saisie de l’animal. »
Le Centre-refuge Nymous a déjà vécu des interventions similaires du Ministère à deux autres reprises, avec le raton Nymous et le castor Grugeô. « Depuis Nymous, on a sauvé des centaines d’animaux et notre but demeure de les remettre dans la nature, on est un refuge de réhabilitation, mais on est aussi un sanctuaire pour les animaux dont l’état ne leur permet pas de reprendre leur vie sauvage. »
Jacques Lessard compte bien manifester son désaccord. « C’est la troisième fois! On paie des permis au ministère de la Faune pour donner une chance aux animaux. On se soumet à leurs règles. On fait des rapports annuels concernant les animaux qu’on reçoit, qu’on réhabilite et qu’on garde avec nous. On est un refuge et un sanctuaire, nous sommes des professionnels de garde en captivité. Le Ministère essaie de nous prendre en défaut pour des détails. »
Pour le fondateur du refuge, le problème est les protocoles. « Le ministre devrait démissionner. Le problème, ce n’est pas les agents. On les dépanne, il y en a qui font appel à nous et nous confient des animaux. Il y a des agents qui sont encore humains. »
Le Centre-refuge Nymous demande au public de largement partager ses vidéos de sensibilisation. Il compte aussi porter plainte auprès du protecteur du citoyen pour harcèlement et cruauté mentale.
Réponse du Ministère
En réponse à la demande d’information de L’Action, le Service des relations de presse du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a confirmé les données qui avaient été transmises aux citoyens sur l’examen de l’animal par des professionnels et son état de santé. « Nous avons à cœur le bien-être des animaux et la décision d’euthanasier un animal n’est jamais prise de gaieté de cœur. Malheureusement, il arrive parfois que la qualité de vie d’un animal soit remise en question lorsqu’un problème de santé physique compromet sérieusement sa santé générale, et donc, son bien-être. (…) Étant donné la gravité de son état, les traitements n’auraient pas permis que le raton laveur retrouve une qualité de vie adéquate pour assurer son bien-être à long terme, et ce, autant en milieu naturel qu’en captivité. Dans ces circonstances, la meilleure décision pour abréger les souffrances de l’animal était malheureusement de procéder à son euthanasie. Une décision difficile, certes, mais prise en considérant le bien-être de l’animal. »