Des délais qui mettent à risque le projet du Collectif Amélie-Fristel

  • Publié le 3 juin 2025 (Mis à jour le 3 juin 2025)
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Le projet prévoit de reconvertir la Maison Amélie-Fristel en logements communautaires. (Photo archives)
Le projet prévoit de reconvertir la Maison Amélie-Fristel en logements communautaires. (Photo archives)

Logements communautaires

Réunis au sein du Collectif Amélie-Fristel, quatre organismes lanaudois et leurs bénéficiaires commencent à perdre patience envers la Société d’habitation du Québec. Cette dernière tarde à accorder la subvention qui donnerait le coup d’envoi au projet de 38 logements sociaux qui seraient aménagés au sein de la Maison Amélie-Fristel. Pour le porte-parole du regroupement, Michel Coutu, ces délais empêchent de subvenir rapidement à des besoins en logis, mais font aussi craindre des ruptures d’ententes avec les partenaires.

Depuis près de neuf ans, le Collectif Amélie-Fristel travaille d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de clientèles vulnérables. L’immeuble du même nom est la propriété des Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie qui souhaitaient le voir reconverti dans le cadre d’un projet communautaire. Une réflexion élaborée avec une vingtaine d’organismes a conduit à la décision de transformer le bâtiment en logements occupés par les bénéficiaires de différents organismes.

Michel Coutu raconte que le regroupement a été entraîné dans un processus laborieux pour recevoir du financement auprès de la Société d’habitation du Québec (SHQ). Une première demande avait été faite dans le cadre du programme AccèsLogis. « Comme le projet concernait des clientèles vulnérables, [la SHQ] nous a répondu que si les services ne sont pas garantis par le réseau de la santé, ça ne sera pas possible pour elle de le financer », se rappelle M. Coutu. Le Collectif a donc reçu l’accord du ministère de la Santé en 2021, acceptant de fournir 900 000 $ afin de financer les services de soins qui seraient offerts.

Le porte-parole du Collectif Amélie-Fristel, Michel Coutu, a fait le point sur le projet lors d’une conférence le 28 mai dernier. (Photo Médialo – Jason Joly)

À la suite de cette réponse, une autre demande a été faite auprès d’AccèsLogis, mais l’organisation a été invitée à faire une requête auprès du programme qui le substituait, soit le Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ). « On nous a dit que ce serait une formalité de transférer notre demande dans le PHAQ, qu’ils connaissaient notre projet. Mais une bâtisse comme la nôtre ne rentrait pas dans les paramètres puisque le programme avait été pensé pour de la construction neuve », déplore Michel Coutu. Le PHAQ a dû prendre le temps de s’ajuster, entrainant le dépassement du délai de 18 mois que le Collectif devait respecter pour trouver un contracteur. Le regroupement a ainsi dû redéposer une demande et depuis, c’est silence radio. « Ce que la SHQ nous dit c’est :  le projet est admissible, il est beau et il tient la route financièrement, alors on va peut-être vous financer… »

Une patience mise à l’épreuve

Ces délais suscitent de grandes craintes au Collectif Amélie-Fristel qui s’inquiète de voir ses partenaires se désaffilier du projet. Son porte-parole rapporte que les Sœurs des Saints Cœurs, l’allié principal de l’initiative, ont accepté de baisser le prix de vente de la bâtisse à 2 M$, en plus d’offrir au regroupement un prêt patient lui permettant de commencer les remboursements dans plusieurs années. La Fondation Martin-Matte a de son côté assuré vouloir fournir au moins 350 000 $. La Ville de Joliette va également contribuer pour un montant équivalent à 40 % de ce que la SHQ mettra dans le projet, cette dernière prévoyant une subvention estimée à 7,5 M$.

« Nous avons des craintes, mais il y a aussi une certitude, c’est que les besoins ne changeront pas. » Michel Coutu, porte-parole du Collectif

L’organisation est aussi préoccupée par le contexte de coupures qui sévit actuellement au sein du réseau de la santé. « Aller récupérer 900 000 $ sur un projet qui n’est pas démarré, personne n’en souffre. Mais retirer cette somme en soin à domicile par exemple, beaucoup de gens vont être directement touchés », indique le porte-parole.

Ce dernier a d’ailleurs profité d’une visite de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, pour parler du projet au cours d’un bref échange. Elle s’était déplacée au PAX Habitat de Joliette pour y rencontrer les résidents et les religieuses qui y vivent. « La ministre a dit que les communautés religieuses devaient réfléchir à comment implanter du logement abordable dans les bâtisses qu’elles possèdent. On ne peut pas être plus là! », souligne Michel Coutu. Ce dernier a toutefois perçu une belle ouverture de la part du député de Joliette François St-Louis, qui assure faire régulièrement un suivi de l’avancement du dossier auprès de la ministre.

Entre-temps, le Collectif Amélie-Fristel continue de demander des comptes à la SHQ, espérant une réponse rapide de sa part : « Ce que nous demandons c’est de nous donner l’heure juste. »

Les futurs occupants

Les 38 logements seront divisés dans le but de loger certains bénéficiaires des quatre organismes. Ainsi, douze unités seront réservées pour les Maisons d’à côté afin de permettre à des personnes avec des handicaps lourds d’y vivre, et ce sous l’assistance de préposées et d’infirmières.

Treize logements accueilleront des membres de la Maison Seconde-Vie, soit des individus qui ont eu un traumatisme crânien ou un AVC et qui nécessitent un certain encadrement. Des personnes sourdes, bénéficiaires de l’Association des Sourds de Lanaudière, pourront également occuper cinq unités de l’édifice. Puisque les personnes sourdes vieillissantes se heurtent souvent à une barrière de communication dans les résidences pour aînés, cette nouvelle offre d’hébergement aidera à briser l’isolement.

Finalement, huit appartements seront mis à la disposition d’individus qui fréquentent la Maison d’hébergement jeunesse Roland Gauvreau. Ces derniers, puisqu’ils seront à risque ou en situation d’itinérance, pourront vivre dans ces logements pour un maximum de 36 mois le temps de se remettre sur pied.

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