Le « fait main » en vedette tout l’été au Musée d’art de Joliette

L’équipe du Musée d’art de Joliette (MAJ) a récemment dévoilé, lors d’une visite de presse, les expositions qui seront mises de l’avant cet été au cœur des murs de l’institution. Le thème retenu pour la programmation estivale est le DIY (Do-It-Yourself), traduit en français par le « fait main ».

« Et si on construisait à partir de peu? Et si on partageait le travail? Et si on mettait fin au gaspillage? » Julie Armstrong-Boileau, directrice des communications et du marketing au MAJ, a souligné que c’est sur ce genre de questions que les artistes se sont penchés. 

Du 18 juin au 5 septembre, les visiteurs pourront apprécier le travail des artistes contemporains québécois et canadiens Samuel Roy-Bois, Kevin Schmidt et Vicky Sabourin et de l’artiste française Béatrice Balcou en plus de redécouvrir les salles de l’exposition permanente sous un autre jour grâce à des interventions de Sabourin et Balcou.  

Julie Armstrong-Boileau mentionne que cet été, le public sera mis en lien avec des créations aux formats spéciaux, que ce soit des œuvres minimalistes, sonores ou qui prendront place un peu partout dans les différentes aires du musée. 

Les nouvelles expositions 

L’exposition individuelle Intercom est l’occasion pour l’artiste canadien Kevin Schmidt de présenter de récentes installations sculpturales et multimédia, réalisées dans un esprit de récupération, du fait maison et du code source ouvert (open source). La salle d’exposition sera transformée en salle d’écoute pour audiophiles, où le public est invité à faire jouer ses propres disques vinyles. Pour l’une de ses œuvres, l’artiste a converti une machine à laver en génératrice hydroélectrique qui alimente un spectacle son et lumière en pleine nature. Dans un objectif de restitution et de contribution à une économie ouverte du savoir, le processus de création de la génératrice a été filmé puis rendu disponible gratuitement en ligne sous forme de tutoriels. 

Pour La vie est un outil comme un autre, l’artiste de Québec installé en Colombie-Britannique depuis une quinzaine d’années, Samuel Roy-Bois, rassemble des œuvres issues de deux corpus indépendants : un de photographies et un autre de sculptures. Créées en 2021 durant la pandémie, les nouvelles sculptures exposées au Québec pour la première fois sont les témoins des conditions très spécifiques ayant mené à leur conception. Leurs dimensions dépendent de l’espace de travail alors disponible ; leur fabrication est liée aux techniques maîtrisées à ce moment-là par l’artiste et des outils non spécialisés qui se trouvaient à portée de mains, comme une scie à chaîne, des serres ou des vis ; leur matérialité découle de rénovations effectuées dans sa maison, de la proximité avec une scierie ou encore de restes de productions antérieures, ici recyclés.  

Tenir le silence est la première exposition individuelle dédiée au travail de Béatrice Balcou au Québec. Elle rassemble des œuvres associées à chacune de ses séries importantes, soit les Cérémonies sans titre, les œuvres Placebo et les Pièces assistantes. À l’invitation du Musée d’art de Joliette, l’artiste française maintenant basée en Belgique s’est inspirée d’une œuvre de la collection de l’institution joliettaine pour créer une nouvelle cérémonie ainsi qu’une sculpture placebo. L’exposition lui a aussi servi d’impulsion pour approfondir la dimension sonore de son travail, alors que la pandémie forçait à repenser les déplacements, affectant ainsi ses méthodes de travail. Présentée pour la première fois, cette pièce sonore se déclinera par la suite en une série d’interventions artistiques dans d’autres musées à laquelle le MAJ participera. 

Deuil et mémoire 

L’exposition Le lys de ta peau de Vicky Sabourin s’inscrit à la suite du projet Ce que les lys odorants tentent de camoufler. L’artiste était en plein montage lors de la visite de presse et elle a pris le temps de se confier sur la genèse de son exposition qui porte sur le deuil.  

Vicky Sabourin a raconté qu’au cours des quatre dernières années, sa famille a traversé plus de 12 décès. « C’est tout un pan de ma famille qui a disparu. » L’artiste a souligné qu’à la suite du décès de sa grand-mère et de son oncle, elle a aidé à vider la maison où ils ont vécu pendant 40 ans. « C’est un geste particulier d’entrer dans leur intimité de cette façon. J’ai eu de la peine de réaliser que la maison allait disparaître. » Vicky Sabourin a abordé l’importance des odeurs pour la mémoire, et dans son cas celle de la cigarette, qu’elle avait tant détestée, mais qui lui rappelle sa grand-mère et son oncle. 

L’exposition de l’artiste multidisciplinaire présentera des œuvres photographiques, textiles et sculpturales dans plusieurs espaces du musée. Les visiteurs pourront découvrir des fragments d’objets personnels des proches de Vicky Sabourin et des œuvres telles qu’un bouquet de fleurs en porcelaine ou une sculpture de la main de sa grand-mère réalisée à partir d’images et de souvenirs. Des tissus odorants, qui rappelleront les rideaux d’une maison, seront suspendus à différents endroits. « Mon oncle a fait partie des enfants de Duplessis alors le fait que l’exposition prenne notamment place dans la salle d’art sacré et que certaines œuvres soient dissimulées derrière ces tissus n’est pas anodin. Le bleu me renvoyait aussi à une émotivité. » 

Vicky Sabourin relate que l’accord de sa famille a été très important pour elle dans ce projet d’exposition qu’elle prépare depuis un an. « Je présente ma vision de leur histoire et mon cheminement à travers le deuil. » 

Des activités pour toute la famille 

Ariane Cardinal, conservatrice à l’éducation au MAJ, annonce que de nombreuses activités de toutes sortes attendent les visiteurs cet été. « On avait envie d’outiller les visiteurs pour qu’ils puissent se créer des souvenirs. » 

Les familles sont conviées au cœur de l’Aire éducative Famille René Préville où du matériel créatif et des jeux éducatifs sont mis à leur disposition. Le parcours ludique « Mission Pirate! » et « Ma première visite au musée » pour les tout-petits accompagnés d’un adulte sont aussi proposés. 

Le camp de jour d’été sera de retour avec l’ouverture d’un nouveau groupe pour les 12 à 15 ans qui joueront le rôle d’apprentis animateurs.  

L’institution muséale invite les visiteurs à découvrir DIY, une exposition à faire soi-même, qui consiste en un accrochage de douze œuvres de la collection du Musée d’art de Joliette, conçu par des jeunes doués âgés de 12 à 17 ans. 

Trois types de visites commentées seront offerts au cours de l’été, dont des visites extérieures déambulatoires du parcours sculptural Jean Brillant avec l’artiste. 

Des ruches d’art mobiles se dérouleront dans des dizaines de parcs et municipalités de Lanaudière et inviteront les gens de tous les âges à venir créer gratuitement.  

Les Jeudis 5 à 7 reviennent dès le 23 juin et ils se dérouleront jusqu’au 8 septembre inclusivement. L’événement du 23 juin se prolongera d’ailleurs afin de permettre aux visiteurs d’admirer les feux d’artifice de la Fête nationale à partir de la terrasse du MAJ. 

Patio 145 sera aussi de retour. Tous les dimanches à 14 h 30, du 31 juillet au 4 septembre, sur les terrasses du MAJ, les visiteurs pourront profiter de DJ sets créatifs d’artistes de la scène électro québécoise. « Il s’agit d’un mélange entre mieux-être, musique et arts visuels », a conclu Julie Armstrong-Boileau. 

Pour information concernant la programmation : www.museejoliette.org.  

Vernissage le 18 juin 

Le vernissage de la programmation estivale aura lieu le 18 juin, de 10 h à 17 h. Le vernissage est gratuit et ouvert à tous. Les discours des artistes et des commissaires dans le grand hall sont eux aussi réhabilités. Il est possible de commander à l’avance un lunch du restaurant Ras le bol et de le recevoir à son arrivée au Musée pour l’y manger. Une activité créative sera offerte en continu tout l’après-midi. L’artiste française Béatrice Balcou offrira deux performances (à 11h et à 13h). Les personnes intéressées doivent s’inscrire. Places limitées.  

Crédit : Photo gracieuseté
Vicky Sabourin s’est confiée sur la genèse de son exposition.