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05 juin 2024

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Un traitement qui apporte une lueur d’espoir contre la dépression réfractaire

Neuromodulation

Stimulation magnétique transcrânienne

©Photo gracieuseté - L'Action

Le traitement donné par l’équipe du service de neuromodulation n’est offert qu’aux personnes qui ont des dépressions réfractaires.

Les Lanaudois qui ne réagissent que très peu ou pas au traitement de la dépression par médicaments seront peut-être soulagés en apprenant que le Centre hospitalier De Lanaudière (CHDL) possède un équipement flambant neuf pour contrer ce problème. Depuis le mois d’avril, le service de stimulation magnétique transcrânienne répétitive (neuromodulation) est offert par une petite équipe de professionnels formés pour ces traitements qui, selon les retours des premiers patients, s’annoncent grandement bénéfiques.

Composée de cinq psychiatres et de quatre infirmières, l’équipe responsable de ce service a reçu une formation au cours de l’année précédente par le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Auparavant, ce dernier était le seul à donner des traitements de neuromodulation, ce qui obligeait les patients de la région à parcourir de grandes distances. Caroline Dufresne, coordonnatrice des services en santé mentale, ajoute que le CHDL est l’une des premières institutions non universitaires à accueillir ce type de service. Elle félicite d’ailleurs tous ceux qui ont accepté de suivre les formations nécessaires à l’utilisation de la machine. « C’est une avancée approuvée par Santé Canada qui présente de plus en plus de bienfaits et dont l’utilisation augmente en flèche, alors nous voulions tout faire pour pouvoir l’offrir ici aussi. »

Une bouée de sauvetage

Très différente du traitement par électrochocs, la stimulation magnétique transcrânienne est une procédure sans douleur, qui n’impose aucune hospitalisation. Faisant partie de l’équipe d’infirmières, Denise Roy explique que l’appareil utilisé est « un instrument qui envoie des influx magnétiques afin de stimuler une zone du cerveau qui, chez certaines personnes dépressives, est au ralenti ». Le but est donc de stimuler la production de neurotransmetteurs qui sont impliqués dans l’équilibre des humeurs et des émotions. Un casque adapté à la tête de l’usager est installé. Au-dessus de celui-ci se trouve une bobine qui est placée sur le cuir chevelu et des influx sont envoyés, en respectant un protocole strict, des deux côtés de la tête. Durant six semaines, à fréquence de cinq jours par semaine, le patient doit s’adonner à ces séances qui durent en moyenne six minutes, et ce en étant conscient. Par la suite, il peut retourner chez lui et faire ses activités sans restriction.

Toutefois, ce n’est pas toutes les personnes qui sont en état de dépression qui peuvent bénéficier du service de neuromodulation. Il est réservé aux patients qui ont « des dépressions réfractaires », sous la référence d’un psychiatre. Caroline Dufresne précise que cette procédure est donnée seulement lorsque les traitements standards n’ont pas de résultats, donc en dernier recours. « Dans le cas où la pharmacothérapie ne fonctionne pas et que les symptômes persistent, en faisant cela, ça va réactiver certaines zones du cerveau de la personne et faciliter l’efficience de la médication. La stimulation transcrânienne vient offrir une bouée à ceux qui étaient en fin de traitement et qui avaient peu de gains positifs. »

La coordonnatrice souligne qu’aucun effet secondaire n’a été rapporté à long terme. À court terme, il est arrivé à certains patients de ressentir de l’irritation à l’endroit où la bobine était placée sur leur crâne. Des maux de tête légers qui disparaissent rapidement, ainsi que des petits sautillements de la paupière font partie des désagréments. Des douleurs dans le cou, dues à la position que doit prendre le patient durant la procédure, sont également recensées. Il s’agit des effets secondaires qui ont été nommés, mais ils ne sont pas partagés par tous les patients et ils s’atténuent au fil des séances. « Il n’y a pas d’effet d’amnésie, de douleurs localisées ou de difficultés d’organisation », ajoute Mme Dufresne, qui admet que des membres de l’équipe ont eux-mêmes essayé la machine pour comprendre son fonctionnement.

Denise Roy est l’une des personnes qui se sont prêtées au jeu et qui sont en mesure de décrire la sensation. « Le traitement est en deux étapes. D’abord, c’est un courant électrique très léger qui, lorsqu’il est envoyé dans le côté droit, fait bouger la main gauche. Ce n’est absolument pas douloureux. Ensuite, c’est un martèlement qu’on ressent. Le seuil de tolérance à la douleur est différent d’une personne à l’autre, certaines le sentent plus », explique-t-elle, avant de dire que, selon son expérience, la sensation était tolérable.

Des améliorations en deux semaines

Au moment d’écrire ces lignes, dix patients ont été accueillis par le service de neuromodulation. Quatre d’entre eux ont d’ailleurs terminé le processus. L’infirmière a constaté qu’à leur arrivée, ils étaient tous grandement déprimés et qu’ils manquaient d’énergie. Le traitement a cependant amélioré la situation de plusieurs d’entre eux.

Une dame qui suit le traitement a observé des changements positifs après la deuxième semaine. « Son fils lui a fait remarquer qu’elle souriait plus souvent. Elle m’a aussi raconté qu’elle avait reçu un meuble qui était brisé. Il y a un mois, elle se serait assise et aurait pleuré alors qu’elle s’est plutôt dit que ce n’était pas si grave », se rappelle Denise Roy. Elle ajoute que cette même patiente participe désormais à plus d’activités sociales et familiales. Un homme a aussi bénéficié du traitement et s’est rapidement senti plus sociable. « Il a dit avoir plus de plaisir à sortir avec des amis et plus d’intérêts à faire des activités. » L’infirmière soutient qu’il ne faut pas généraliser ces améliorations à tous les autres cas, mais que c’étaient des résultats nommés spontanément par des usagers.

Certains patients ont déjà terminé le traitement, mais l’équipe travaille à répondre efficacement à la demande en s’assurant de toujours avoir des cohortes de six patients à la fois. Caroline Dufresne explique le déroulement : « Ce n’est pas que nous traiterons six patients avant d’en reprendre six autres. Si quelqu’un quitte ou termine plus tôt, on va ajouter des personnes pour toujours en suivre le même nombre. »

La coordonnatrice termine en remerciant la Fondation pour la Santé du Nord de Lanaudière d’avoir financé ce service. « Sans eux, nous serions à faire des demandes auprès du Ministère et nous n’aurions pas pu offrir la stimulation magnétique transcrânienne tout de suite. Merci aussi à notre équipe de professionnels mobilisés, qui permet de donner une couverture de traitements tous les jours de la semaine durant toute l’année ».

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