Changer notre conception du monde pour sauver le vivant

  • Publié le 19 déc. 2023 (Mis à jour le 26 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Jusqu’au 14 janvier, la population est invitée à découvrir l’œuvre Vers un parlement du vivant IV – Fossilisation du soleil de Katherine Melançon. L’installation est présentée dans le cadre de l’exposition Biophilia au Musée d’art de Joliette. L’Action a eu l’opportunité de rencontrer l’artiste et d’en apprendre plus sur sa démarche.

En entrevue, Katherine Melançon avance que pour agir face aux changements qui surviennent actuellement, notamment au niveau climatique, l’une des solutions est de s’ouvrir aux êtres vivants non-humains. Sa pratique s’intéresse à la rencontre entre le vivant et le technologique et plus récemment à l’agentivité (capacité d’avoir un impact) des êtres vivants non-humains.

Le corpus d’installations vivantes et connectées Vers un parlement du vivant propose de s’inspirer du comportement des plantes et des éléments vivants non-humains afin de réimaginer les façons de vivre.

Vers un parlement du vivant IV est lié à la fougère et son rôle dans l’histoire du vivant et dans celle de la ville de Joliette. Lors de ses recherches, Katherine Melançon a découvert que les fougères, qui s’étaient reproduites de façon intensive et excessive à l’âge du carbonifère (il y a environ 400 millions d’années), étaient un des éléments principaux qui constituent le charbon. De son côté, le charbon a été une des étapes importantes de l’accélération de l’activité humaine à l’ère industrielle.

« Le désir de vivre de la fougère reflète notre appétit pour les choses, la démesure et l’amour de la vie qui finissent par se retourner contre nous », image l’artiste. Katherine Melançon explique que l’excès de reproduction des fougères il y a des millions d’années se traduit aujourd’hui dans un effet miroir par notre surconsommation énergétique, cause de la sixième extinction du vivant.

« La fougère est la plante la plus ancienne, un spécimen préhistorique qui a un procédé de reproduction complexe. Tout ça génère le carbone que l’on retrouve à la base de la révolution industrielle, de la surconsommation et ultimement de la crise du vivant et des changements climatiques. »

À travers l’œuvre présentée au Musée d’art de Joliette, l’artiste explore les liens possibles entre la ville de Joliette et la triade fougères-charbon-énergies pour mettre de l’avant le vivant non-humain et ses capacités d’agentivité. Elle a œuvré en collaboration avec plusieurs intervenants, dont la Société d’histoire de Joliette-De Lanaudière et l’historien Claude Martel.  « Ça a permis à mon travail d’être ancré dans le lieu, ces gens m’ont donné de la matière pour enrichir l’exposition. À Joliette, cela s’est notamment matérialisé par le chemin de fer qui évoque l’histoire industrielle de la vie. »

L’œuvre de Katherine Melançon présente à la fois des êtres vivants, ici des fougères, mais également tout un volet technologique alimenté par de la tomodensitométrie de spécimens naturels. En effet, des capteurs ont été installés dans divers lieux symboliques de l’évolution de la ville. Chaque image numérique de l’installation est modulée par les cinq prises de données.

L’œuvre dénonce aussi toute la dépendance aux écrans alors que la vivacité de la fougère est vécue à travers eux.

Biophilia se veut une exposition collective engagée et dérangeante où les œuvres dialoguent entre elles et alimentent les discussions. Lors de la visite de L’Action, Katherine Melançon venait tout juste de rencontrer des étudiants du cégep. Elle souligne que ceux-ci ont été très interpellés par le fait que quelque chose d’ancien avait un lien avec ce que l’on vit aujourd’hui, ainsi que par l’espoir de sauver le vivant.

Parce que oui, pour l’artiste, il y a de l’espoir dans toute la crise actuelle. « Toutefois, il faut cesser de ne penser qu’à des solutions qui seraient techniques. Notre sauvetage viendra de notre capacité à changer nos désirs et de notre ouverture aux autres êtres vivants ainsi qu’au principe d’agentivité. S’ouvrir à la façon de vivre des plantes, des bactéries ou des champignons peut nous inspirer à changer nos façons de faire. »

ImageCrédit : Photo gracieuseté
L’artiste Katherine Melançon.

ImageCrédit : Photo gracieuseté – Paul Litherland
Katherine Melançon, Vers un parlement du vivant IV – Fossilisation du soleil, 2023. Présentée dans la cadre de l’exposition Biophilia au Musée d’art de Joliette jusqu’au 14 janvier 2024.

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