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11 décembre 2018

« On a l’âge, mais on ne sait pas pour qui voter »

Par Charles-Éric Gaudreau Lepage. Les jeunes ne sont pas informés et ne s’intéressent pas à la vie politique. C’est du moins ce que beaucoup disent. Il s’agit pourtant d’une fausse idée ou d’une généralisation abusive selon Flavie Trudel, professeure en sociologie au Cégep régional de Lanaudière à Joliette.

« Je ne crois pas à ça! Le Printemps érable de 2012 a prouvé qu’ils étaient intéressés et très au courant de ce qui se passait, des enjeux et des acteurs importants du conflit », ajoute l’ex-candidate solidaire dans Joliette, tout en admettant que l’intérêt suscité par le mouvement en a poussé plus d’un à s’informer. Rappelons que cet affront du Parti libéral du Québec à l’endroit des étudiants lui a coûté leur vote.

« Tout le monde doit s’intéresser à la politique, il n’y a pas que les jeunes », soutient Nathalie Sentenne professeure en science politique à Joliette. « Mais il faut les prendre tôt pour qu’ils s’y intéressent, dès le primaire », note-t-elle.

Force est d’admettre que l’éducation civique en milieu scolaire, peu importe le niveau, laisse à désirer au Québec. Le politologue Henry Milner place même la province parmi les dernières au Canada en termes de compétences civiques. Ces compétences sont un groupe de connaissances générales qui nous permet de faire des choix politiques. « Ce n’est pas juste aller voter », spécifie Sentenne, « c’est également s’impliquer, avoir une opinion, participer à des débats et même simplement comprendre un article de journal sur l’actualité ».

Le problème majeur est que le cours de politique n’est donné qu’au cégep et seulement dans le programme de Sciences humaines, dont les étudiants sont loin de représenter la majorité de la population. Avant ça, au secondaire, les cours abordent très peu les aspects économiques, politiques et sociaux, ou alors de façon floue et différente d’une école et d’un enseignant à l’autre. C’est sans parler du primaire, où il serait facile d’intégrer des activités et des jeux interactifs afin de développer leur intérêt.

Les lacunes en la matière font que la politique est souvent quelque chose de nouveau et sujet à des préjugés pour les jeunes quand ils arrivent dans leur cours au collège. « Les étudiants n’ont pas besoin de dire qu’ils n’aiment pas ça, on sent déjà une nervosité, une peur ou un stress chez la majorité d’entre eux », confie Nathalie Sentenne. Certains se font une idée de ce qu’est la politique en se fiant à leurs proches, d’autres encore n’ont rien entendu à ce sujet, mais en ont une perception négative. « Souvent quand on n’aime pas quelque chose, c’est qu’on ne sait pas ce que c’est », déclare la professeure.

Certains ont eu la chance d’avoir des enseignants au secondaire qui trouvaient ce domaine important et qui se sont fait une joie d’informer leurs élèves sur plusieurs notions comme la gauche et la droite, ainsi que le fédéral et le provincial. C’est le cas de Josemaria Gonzalez-Jeria, étudiant en cinéma. « Dans mon programme, on n’a pas de cours sur la politique ou l’économie, mais j’ai eu de la chance d’en parler un peu dans le cours de Monde contemporain en 5e secondaire. », indique-t-il. « En dehors de ce cours, personne n’en parlait avec intérêt et on devait faire nos propres recherches si on avait des questions. »

 Tous les sujets ou presque peuvent être traités d’un point de vue politique, alors il est aisé d’informer convenablement les élèves. Là-dessus, les deux professeures d’enseignement supérieur sont d’accord et mentionnent que la société a aussi son rôle à jouer dans tout ça. Que ce soit les parents, le gouvernement ou les médias, tous doivent se mettre à l’œuvre.

Si les jeunes se sentent peu concernés par la vie politique, c’est aussi dû au fait que les différents partis s’adressent rarement à eux. « Les jeunes doivent montrer qu’ils existent s’ils veulent que les partis viennent les chercher », conclut Nathalie Sentenne.

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