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10 juillet 2018

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Une famille élargie à la Jardinière du Nord

Le quotidien de travailleurs étrangers

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin) - L'Action

Les travailleurs mexicains accompagnés de Normand Tellier, Jacqueline Blanchard et Lisa Tellier.

AGRICULTURE. Depuis près de 18 ans, la Jardinière du Nord de Saint-Félix-de-Valois fait une place aux travailleurs étrangers au sein de son équipe. À ce jour, l’entreprise accueille neuf travailleurs mexicains chaque année, dont certains qui sont là depuis le tout début. Une grande complicité s’est créée entre eux et le propriétaire, Normand Tellier, qui les considère comme des membres de la famille. 

« Il y a eu une petite période de transition, mais ils se sont tous très bien adaptés. Au départ ils sont timides, mais ce n’est pas long qu’ils commencent à faire des farces avec nous. Nous sommes une belle gang, nous les amenons souper et lors de nos sorties », a mentionné M. Tellier   

Raul Castro Ibanez est arrivé à la Jardinière du Nord en 2001 via la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). Un programme qui coordonne tous les aspects liés au recrutement des travailleurs étrangers. Depuis, il vient y passer 8 mois toutes les années afin d’assurer une sécurité financière à sa famille.  

« La principale raison est qu’au Mexique le salaire est moindre. On parle de 15 ou 20 $ la journée, c’est une grosse différence », a commenté Raul qui a appris le français au fil des années. Il a expliqué que ce travail lui a permis de payer des études à l’une de ses filles qui deviendra infirmière et que cela aurait été très difficile s’il était resté dans son pays.  

« Pour faire le même montant qu’ils font ici en une semaine, cela leur prendrait environ six semaines au Mexique », a ajouté M. Tellier. De son côté, même s’il adore l’ensemble de ses tâches et son milieu de travail, Isaias Garcia Hernandez, qui travaille à Saint-Félix-de-Valois depuis sept ans, a affirmé qu’il ne tient pas à ce que son jeune fils vienne travailler au Québec plus tard.  

« Ils viennent ici pour pouvoir instruire leurs enfants dans l’objectif qu’eux n’aient pas à s’exiler pour gagner leur vie. Ils aimeraient beaucoup mieux travailler chez eux et pouvoir rester près de leur famille », a expliqué M. Tellier.  

Les neuf travailleurs sont tous mariés et ont plusieurs enfants qu’ils doivent quitter 34 semaines par année. Ils arrivent au Québec au début du mois de janvier, repartent chez eux pour l’été et reviennent à l’automne avant de retourner passer le temps des Fêtes en famille. « C’est trop difficile de partir. Tous les soirs nous appelons chez nous pour prendre des nouvelles de nos enfants », a dit Raul au nom du groupe.  

Malgré tout, Raul compte revenir travailler à la Jardinière du Nord aussi longtemps que son ''boss'' et sa femme, qui prend en charge les tâches du quotidien seule, le voudront bien. Il trouve que son patron est très gentil, que les conditions sont idéales et qu’il a un travail très diversifié.    

Une relation différente 

En effet, à la Jardinière du Nord les employés sont loin d’avoir un travail routinier. Ils changent constamment de tâches allant de la construction, à la réparation de moteur, à l’électricité, à la tuyauterie, à la plantation, jusqu’à l’arrosage. Ils sont très autonomes et ont une grande liberté. M. Tellier fournit même les véhicules à ses travailleurs qui font parfois des livraisons.  

« Raul connaît plus le réseau routier que moi qui a été élevée dans la région », a rigolé la fille de M. Tellier, Lisa. Que ce soit à Québec, Montréal, Trois-Rivières ou Laval, les travailleurs sont amenés à aller à plusieurs endroits dans la province. Ils ont également développé de grandes connaissances sur l’ensemble des produits, des engrais et des traitements. Raul mentionne que cela lui a pris quatre ans avant de tous les connaître.  

Comme autre grande différence, M. Tellier a remarqué qu’au Mexique la hiérarchie est beaucoup plus présente et que le patron ne se mêle pas aux employés. « Ici c’est tout le contraire, nous sommes tous chums, on rit tout le temps et quand ils retournent chez eux ils nous appellent pour prendre de nos nouvelles et pour nous souhaiter Joyeux Noël. »  

Il a appris à bien connaître ses employés et à gérer la personnalité de chacun. Raul est contremaître et supervise les autres travailleurs, sauf Antonio Justo Perez qui ne prend d’ordres de personne d’autre que de M. Tellier. « Tonio il travaille super bien, il est hyper minutieux et ne fait pas d’erreurs, mais il travaille seul. On l’appelle grand-papa, il a 63 ans, mais n’est pas près de lâcher, il veut continuer! »  

La main-d’œuvre étrangère en augmentation  

Le nombre de travailleurs étrangers temporaires est en augmentation depuis quelques années en raison du manque de main-d’œuvre dans le domaine agricole. Dans Lanaudière, la main-d’œuvre étrangère est passée de 1000 à 1445. Environ 75 % des postes occupés par celle-ci sont des postes chez des producteurs maraîchers. 

À la Jardinière du Nord, c’est environ 90% de la production qui est faite avec les travailleurs étrangers. Autant du côté de la vente au détail que de la vente au volume.  

« Cela fait presque 35 ans que nous avons une pénurie du côté des travailleurs québécois. Les heures sont longues et nous devons commencer tôt le matin. De plus, nos gros ''rushs'' sont les fins de semaine, alors c’est difficile d’avoir des disponibilités des travailleurs d’ici », a commenté Normand Tellier.   

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