Une grogne partagée par une bonne partie des résidents de Sainte-Émélie-de-l’Énergie fait rage alors qu’une importante hausse de taxes a été observée. Une nouvelle contribution pour la sécurité publique, qui englobe le service d’urgence et de la police, a été créée en 2024 afin de séparer ces frais de la taxe foncière. De cette façon, la Municipalité souhaite équilibrer le financement des propriétaires alors que des interventions d’urgence ont coûté cher aux contribuables.
Une centaine de personnes étaient présentes à la salle Jean-Antoine Leprohon, le 19 février dernier, pour assister à la présentation du budget 2024 de Sainte-Émélie-de-l’Énergie. Le directeur général, Mathieu Robillard, a résumé que le taux de la taxe foncière est passé de 0,90¢ à 0,95¢ du 100$ d’évaluation. De plus, la Municipalité pourra compter sur une augmentation de 688 937 $ des revenus de taxation.
M. Robillard indique que plusieurs raisons expliquent ce montant, la première étant les investissements que la Municipalité compte implanter pour son réseau d’aqueduc. « Cette augmentation est due à plusieurs enjeux que nous avons avec notre usine. Elle est vieillissante, des pièces sont à remplacer et celles-ci sont plus chères », a rapporté le DG en ajoutant qu’un 8000 $ de plus sera nécessaire pour absorber les rénovations futures du réseau.
De nouveaux contrats avec l’écocentre et EBI pour la collecte de déchets exigent également une hausse de 42 000 $. « Dans le contrat d’appel d’offres, il y avait une clause qui permettait d’indexer le coût du carburant, ce qui représente cette augmentation », dévoile Mathieu Robillard.
Le renouvellement du contrat de déneigement a aussi imposé une importante hausse de 113 262 $. « À Sainte-Émélie, 1¢ taxé nous rapporte 25 000 $. Donc nous sommes à 5,5¢ d’augmentation seulement pour payer le déneigement. C’est énorme », calcule le maire de la municipalité, Martin Héroux. Ainsi, puisque la population se chiffre à quelque 1700 résidents, la facture est répartie en parts plus coûteuses.
Finalement, les Émélinois ont remarqué un paiement de près de 20 $ sur leur compte afin de financer le réseau de fibre optique et d’internet haute vitesse de Connexion Matawinie. Ainsi, même les résidents qui ne sont pas servis par ce réseau devront débourser pour le projet. Une dame s’est d’ailleurs avancée pour s’opposer à ces frais : « Nous payons déjà environ 200 $ par mois pour les services de télé, d’internet et de téléphone et il va falloir en payer encore ? » En réponse, le maire a invité ses concitoyens à s’abonner plutôt auprès de Cooptel, l’entreprise de télécommunications qui collabore dans le projet. « Connexion Matawinie est un projet régional qui, contrairement à d’autres compagnies, va accepter d’aller brancher des gens dans les plus petits rangs », soutient-il.
Taxe pour la sécurité publique
La principale cause des interrogations lors de la séance d’information a sans nul doute été la nouvelle taxe pour la sécurité publique. En entrevue avec L’Action, MM Héroux et Robillard précisent que Sainte-Émélie a voulu suivre le modèle d’autres municipalités en retirant de la taxe foncière les frais pour le service de prévention des incendies et pour la Sûreté du Québec. Le premier service coûtera donc 654 996 $ et le deuxième 194 316 $ cette année.
Toutefois, selon la Municipalité, l’objectif était « de faire contribuer les terrains non construits aux dépenses de la police, du service de prévention des incendies et aux coûts des mesures d’urgence ». Le maire et son équipe se sont rendu compte que plusieurs interventions en matière d’incendie ou d’inondation ont eu lieu sur des terrains non construits ou vacants. « Un incendie de forêt a été déclenché sur un terrain non construit qui est évalué à 10 200 $. Le propriétaire payait annuellement 96 $ de taxes, mais l’intervention du service des incendies a coûté 3529 $ à la population », donne comme exemple Martin Héroux. La Municipalité en est donc venue à la conclusion qu’elle devait isoler cette taxe : « Par souci d’équité, si nous intervenons à hauteur de centaines de milliers de dollars pendant une année sur des terrains qui sont non construits, nous pensons que leurs propriétaires devraient contribuer davantage. »
Ainsi, au cours de l’année 2024, la taxe pour les terrains non construits sera de 190 $ et celle pour les terrains construits de 380 $. Cela permettra à Sainte-Émélie-de-l’Énergie d’aller chercher 89 314 $ pour la taxe de la sécurité publique payée par les propriétaires de terrains vacants et un montant de 531 512 $ pour l’ensemble du territoire.
La plupart des personnes qui sont venues au micro ont fortement critiqué ce changement. Une Émélinoise déplore que son compte de taxes ait majoré de 50 % : « J’ai une augmentation de 500 $ alors que je n’ai pas une maison de 300 000 $, elle est d’environ 112 000 $. Est-ce raisonnable? »
Un autre résident a pris la parole pour raconter que sa mère détenait non seulement une maison, mais également plusieurs terrains non construits. Avec la nouvelle taxe sur la sécurité publique, la facture s’avère extrêmement salée cette année. « J’aimerais fusionner les terrains, mais je ne peux pas parce que des rues les séparent », informe-t-il. Il confie qu’il aimerait sinon les vendre, mais qu’avec cette hausse des taxes, il craint de ne pas attirer d’acheteur.
Finalement, une dame s’est avancée pour décrier, selon ses observations, que les personnes ayant une maison au coût plus élevé payeraient, au bout du compte, moins cher que celles qui ont une résidence moins coûteuse. « C’est complètement injuste! Honnêtement, je ne comprends pas comment vous êtes venus à la conclusion que cette façon de faire était plus égalitaire. » D’autres résidents ont renchéri en demandant pourquoi la Municipalité n’avait pas seulement augmenté les taux pour les propriétaires de terrains vacants. « L’année dernière, ce n’était que les terrains construits qui payaient pour l’ensemble des propriétaires de Sainte-Émélie », a clarifié Martin Héroux avant d’ajouter que c’était justement pour remédier à cela que le modèle de taxation a été modifié. Mathieu Robillard termine en disant que des taux variés existent, mais qu’ils sont extrêmement complexes et demanderaient des études ainsi que des évaluations supplémentaires : « Malheureusement, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour appliquer cette façon de faire dans notre petite municipalité. »