Âgée de 96 ans, elle offre un voyage dans le temps à ses proches

  • Publié le 3 déc. 2025 (Mis à jour le 3 déc. 2025)
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Claire Gauvreau, Véronique Coutu et Julie Leblanc. (Photo Médialo - Élise Brouillette)
Claire Gauvreau, Véronique Coutu et Julie Leblanc. (Photo Médialo – Élise Brouillette)

Véronique Coutu, qui demeure depuis plus de dix ans au sein d’une RPA à Saint-Charles-Borromée, a récemment lancé sa biographie. Le document de plus de 150 pages, écrit par Claire Gauvreau, se veut un legs de la Lanaudoise de 96 ans à ses proches. Elle leur offre un véritable voyage dans le temps, elle qui a eu le privilège d’être témoin de l’évolution de la vie et de l’arrivée d’une multitude de technologies au cours des années.

Mme Coutu a passé son enfance à Saint-Gabriel. C’est en 1953 qu’elle a épousé Roger Leblanc. Ils ont vécu et élevé leurs quatre enfants à Saint-Jacques. Sa biographie leur est justement destinée de même qu’à ses 12 petits-enfants et à ses 13 arrière-petits-enfants.

La démarche a débuté avec un projet au sujet des luttes pour les droits des travailleurs dans le domaine du textile, l’un des chevaux de bataille de Véronique, qui n’a finalement pas vu le jour en raison de la pandémie. L’autrice Claire Gauvreau, dont la famille est intimement liée à celle de Mme Coutu, avait été invitée à participer à cette initiative. « Je trouvais que c’était dommage de ne pas poursuivre, alors j’ai proposé à Véronique d’en faire une biographie à la place. » De plus, des ateliers d’écriture auxquels elle venait de participer lui avaient donné envie de réaliser ce livre.

C’est ainsi que la cueillette d’informations et le partage de souvenirs a débuté. « Il s’agissait de mettre en place toutes les informations qu’elle m’a fournies, un peu comme des pièces de casse-tête », remarque Mme Gauvreau.

Le processus a fait jaillir de nombreux souvenirs d’enfance chez Véronique. « Je me suis dit que mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants ne connaîtraient pas mon passé si je ne l’écrivais pas. Il ne fallait pas manquer notre coup! », confie Mme Coutu.

Un passé dur à imaginer

Tant Claire Gauvreau que la fille de Véronique, Julie, présente lors de l’entrevue avec L’Action en témoignent : la mémoire de la femme de 96 ans est phénoménale. « Elle se souvient de tout, des détails, des dates, des événements… »

Véronique souligne que ses proches découvriront des histoires qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui, surtout pour toute la période qui précède ses 15 ans.

Une famille de six, un salaire de 12 $ par semaine… « C’était une vie minimaliste, mais on avait tout ce dont on avait besoin sur la ferme. On était heureux et on a été aimé de nos parents à la folie. Cet amour m’a donné de l’assurance et confiance en moi. »

La couture est omniprésente dans le livre et elle l’a été pendant toute la vie de Véronique. Cette dernière a commencé à confectionner des vêtements à un très jeune âge et elle n’a jamais arrêté. Elle utilisait de vieux vêtements, les défaisait, les mettait à l’envers pour en coudre de nouveaux! Fréquemment, on lui demandait où elle achetait les vêtements. « Il n’y a aucun morceau que je porte qui n’est pas de moi et je n’utilise jamais de patron! »

Elle raconte l’anecdote suivante : à la résidence, on leur demandait de porter du vert pour la Saint-Patrick, mais elle n’en avait pas. Le vendredi après-midi, elle décide d’utiliser la doublure d’un autre vêtement pour se confectionner une blouse pour le dîner du lendemain. « La couture, ça a été ma vie. »

Raconter des souvenirs

En plus d’être un legs pour ses proches, chaque événement biographique du livre est aussi un prétexte pour raconter la vie et les traditions d’autrefois. Véronique a vu tant de changements, comme l’apparition de l’électricité, des électroménagers, des ordinateurs ou l’arrivée de l’assurance maladie. « On est parti de rien. C’est ce que j’aime de ma vie, j’ai vu arriver toutes les technologies comme le grille-pain, la bouilloire, le fer à repasser, la laveuse… le iPad! C’est une grande richesse, ça me permet de les apprécier! »

Véronique Coutu a aussi été une pionnière dans de nombreux aspects de sa vie, tels que décider d’arrêter la famille alors que l’Église exigeait le contraire, apprendre à conduire à 40 ans ou travailler à l’extérieur de la maison alors que c’était peu commun et même critiqué par le clergé. « On nous appelait des déserteuses de foyers. » Cette remarque, elle ne l’aura jamais oubliée. « Pour envoyer nos enfants à l’école, ça prenait deux salaires! » Véronique n’a jamais eu peur de se tenir debout pour ses convictions, toujours dans le respect. Comme une force tranquille. Elle a travaillé à la manufacture de couture Morwill Clothing et elle s’est grandement impliquée pour les droits des travailleurs dans le milieu du textile. Elle a d’ailleurs été la porte-parole d’un comité qui a revendiqué des prestations pour les travailleurs aînés, qui demeurent un acquis encore aujourd’hui. « Je voulais la justice, mais pas bardasser ou déranger. »

C’est notamment la vente d’une bague de fiançailles qui a permis à Mme Coutu d’obtenir les fonds nécessaires pour réaliser son livre. « Ainsi, tous mes proches vont avoir une petite partie de la bague. »

De son côté, l’autrice Claire Gauvreau espère que la démarche inspirera d’autres personnes à écrire leur biographie et se raconter à leurs proches, afin que leur vécu et toutes ces expériences remplies de richesse perdurent dans le temps.

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