Des séjours en forêt pour encourager la créativité et se réapproprier la région

  • Publié le 8 juin 2022 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
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En marche depuis deux ans déjà, le projet Kaskinohomatosowin du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) permet à près de 60 jeunes, âgés de 5 à 12 ans, de s’amuser en forêt afin de reconnecter avec la nature et de développer leur créativité. Pour les organisatrices, Marie Thielen et Emylou Lapalme, cette initiative permet à la fois aux enfants autochtones de s’amuser, mais également de se réapproprier leur culture dans un milieu urbain et sécurisant.

Signifiant « apprendre en forêt », Kaskinohomatosowin invite les enfants à se rendre dans le Parc Riverain ou dans le Parc du Bois-Brûlé pour participer à différentes activités. À la fréquence d’une sortie par semaine, les initiatrices du projet et intervenantes au CAAL forment des groupes de huit jeunes à la fois et les amènent jusqu’au lieu choisi. « Nous croyons qu’il est plus facile de susciter des apprentissages en petit groupe », observe Mme Thielen.

Lors de ces moments en plein air, les participants peuvent laisser libre cours à leur imagination et à leur créativité. Ils peuvent donc prendre le temps d’explorer la forêt et de découvrir leur environnement à leur convenance. Selon les organisatrices, il n’y a que deux règles à respecter lors de ces activités : « Il faut faire preuve de respect envers soi, les autres et l’environnement. Et les enfants doivent toujours avoir un adulte à vue d’œil ». Une kukum ( une grand-mère) accompagne désormais les groupes pour leur partager ses connaissances et des aspects de la culture atikamekw. Celle-ci peut donc apprendre aux jeunes comment préparer un feu et un campement traditionnel, cuisiner de l’orignal ou encore leur apprendre quelques mots de la langue. « Nous avons beaucoup d’enfants qui ne parlent pas atikamekw, donc la forêt est un endroit où ils peuvent l’apprendre de façon sécurisante », ajoute Marie Thielen.

Transporter la culture en ville

L’idée du projet est apparue dans l’esprit des intervenantes du CAAL lorsqu’elles se sont rendu compte de l’omniprésence des appareils électroniques dans le quotidien des enfants. « S’ils n’ont pas ces objets, ça peut être difficile de trouver des jeux provenant de leur imagination. Donc de n’avoir aucune autre distraction que la forêt elle-même les aide à développer leur créativité », mentionne Emylou Lapalme.

Ces activités permettent également de se réapproprier les espaces en dehors de Manawan. « Pour les familles, le territoire, c’est Manawan. Mais toute la région leur appartient aussi », souligne Marie Thielen. Les organisatrices désirent faire comprendre aux jeunes autochtones qu’ils peuvent découvrir leur culture et pratiquer leurs traditions même s’ils habitent en milieu urbain. « Ils restent des Atikamekw même s’ils habitent à Joliette », déclare Mme Lapalme. Les deux collèges espèrent donc que les enfants se sentiront fiers de leur culture et qu’ils transmettront leurs traditions à leurs propres progénitures.

Au bout du compte, l’initiative semble avoir beaucoup d’effet sur les participants. Pour laisser la chance à tout le monde de participer, les organisatrices sont contraintes d’alterner entre les différents groupes, mais les enfants espèrent tous retourner en forêt plus souvent. « Nous voyons qu’ils s’y sentent bien et qu’ils sont épanouis », remarque Mme Thielen.

Demain le Québec 2022

Le projet Kaskinohomatosowin est unique en son genre, puisqu’aucune autre activité de la sorte n’a été créée à long terme au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière. Ce dernier a déjà organisé des séjours traditionnels pour permettre aux jeunes de découvrir leur culture pendant une fin de semaine complète, mais aucune activité comme celle présentée par Emylou Lapalme et Marie Thielen n’a été mise sur pied.

Ainsi, les deux intervenantes ont été contactées pour que leur projet soit présenté dans le cadre du Prix Demain le Québec 2022, organisé par la Fondation David Suzuki. Ce concours permet à des initiatives sociales et environnementales de remporter des bourses pouvant aller jusqu’à 5000 $. Les gagnants courent également la chance de rencontrer David Suzuki. Le projet Kaskinohomatosowin fait partie des quinze finalistes qui sont en lice pour acquérir l’un de ces prix. « En montrant ce projet à un plus grand nombre de personnes, nous voulons mettre en valeur la culture et la communauté », déclare Mme Lapalme.

Si elles remportent une bourse, les organisatrices comptent investir cet argent dans le bien-être des enfants atikamekw. Elles racontent que plusieurs d’entre eux vivent dans des milieux défavorisés, ce qui les empêche souvent d’avoir accès à des équipements ou à des jeux de plein air lorsqu’ils sont chez eux. Ainsi, les intervenantes souhaitent utiliser ces fonds pour acheter des jouets qu'elles redistribueront ensuite aux différents enfants qui participent à leur activité, leur permettant de s’amuser à la fois en forêt, mais également à l’extérieur dans le domicile familial.

Le public a jusqu’au 13 juin afin de voter pour son projet finaliste favori dans le cadre du Prix Demain le Québec 2022. Pour participer, il est possible de se rendre sur le site https://fr.davidsuzuki.org/prix-demain.

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