Des Joliettains veulent une plus grande sensibilisation à l’homophobie

  • Publié le 16 août 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
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À la suite de propos homophobes reçus et entendus au sein d’un organisme communautaire de Joliette, trois personnes qui ont fréquenté l’endroit, et qui souhaitent garder l’anonymat par peur de représailles, ont décidé de dénoncer la situation pour conscientiser la population.

Bouleversé par un événement qui s’est déroulé au cours de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie de cette année, un ancien visiteur de la Maison populaire de Joliette craint d’y remettre les pieds. Un ami et lui-même, tous deux membres de la communauté LGBTQ+, ont tenu à organiser un événement spécial lors de cette journée afin de sensibiliser les autres usagers à la cause. « Nous avions fait des macarons et nous avions amené un drapeau pour éduquer les bénéficiaires aux couleurs de la diversité », explique l’un d’eux. Lorsqu’il est entré dans l’établissement, un employé l’a alors salué d’une façon inappropriée : « Il m’a demandé « Comment elle va ». Il s’adressait à moi comme à une femme parce que je suis gai ». Son ami, qui a accepté de parler au Journal, affirme qu’il a entendu à plusieurs reprises des propos de ce genre être prononcés au sein de la Maison populaire de Joliette, donnant comme exemple les mots « fif » ou « tapette ».

À la suite de ces commentaires, l’usager s’est disputé avec l’employé. Ce dernier se serait ensuite excusé en disant qu’il lui faisait des blagues, mais son interlocuteur a continué de lui faire remarquer la gravité de ses propos. « Banaliser ça sur un fond de blagues, c’est de l’homophobie! », déclare-t-il. Éventuellement, une plainte a été transmise à la direction de l’organisme concernant l’employé. L’ancien usager a donc rencontré la directrice générale, Jessica Hunter. « Puisque j’avais déjà fait moi-même des blagues crues, la directrice m’a informé que je devais m’attendre à en recevoir en retour. Elle a aussi dit qu’elle n’était pas responsable de ce que ses employés disaient. Je trouve inadmissible qu’un organisme qui est censé défendre les plus démunis agisse ainsi », s’offusque le visiteur.

L’ancien visiteur a donc intenté des plaintes à la Commission des droits de la personne. L’une visait la Maison populaire de Joliette et l’employé jugé fautif, et la seconde concernait plus précisément la directrice générale de l’organisme. « Je ne m’y sentais plus en sécurité, reconnait-il. Il est censé y avoir une politique tolérance zéro pour ce genre de comportement. » Questionnée sur le sujet, Jessica Hunter affirme qu’un processus est enclenché si un employé ou un bénéficiaire est accusé d’avoir proféré des propos diffamatoires. Ainsi, pour comprendre la situation, les personnes concernées sont rencontrées individuellement. Ensuite, l’organisme interroge d’autres individus qui ont été témoins. Si une personne a réellement tenu des paroles diffamatoires, elle reçoit un premier avertissement et doit écrire soit une lettre d’excuse ou de réflexion. En cas de récidive, un deuxième avertissement est donné et, en advenant un troisième, la personne est renvoyée. Pour ce qui est de la situation décriée par l’ancien visiteur, Mme Hunter nuance : « Il en demeure des perceptions et elles sont infondées. La Maison populaire est très sensible au bien-être de tous ses membres, quelle que soit leur orientation ».

« Une région très inclusive »

Les anciens usagers avouent regretter le temps où l’organisme avait créé un partenariat avec Le Néo, qui offre plusieurs formations et conférences concernant notamment la diversité sexuelle et identitaire. Jessica Hunter indique que le lien existe toujours entre les deux organisations. La Maison populaire de Joliette a d’ailleurs eu dans sa programmation une formation sur comment contrer l’homophobie. « Des membres étaient très réceptifs et curieux. Ils ont répondu à un questionnaire sur les mythes et nous en avons discuté ensemble. J’ai été témoin de très beaux échanges », se rappelle la directrice générale de l’établissement. Pour Mme Hunter, ces rencontres ont tout à fait leur place dans la programmation de l’organisme : « Elles répondent à notre mission qui en est une d’éducation populaire et qui vise à ouvrir les perspectives. Ces ateliers poussent les réflexions et invitent à des débats sur plusieurs sujets, dont l’homosexualité ».

Le directeur général du Néo, Martin Fournel, confirme qu’un autre atelier sera offert aux bénéficiaires de la Maison populaire de Joliette. Il aura pour sujet la démystification de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres. « Le Néo travaille également avec les écoles et le réseau de la santé pour enseigner les mythes et les définitions aux employés », explique M. Fournel. Le directeur constate une hausse d’incidents à caractère homophobe plus importante depuis les dernières années qu’en 22 ans. « Avant, il s’agissait d’incidents très isolés, mais la tendance a changé à cause des réseaux sociaux », indique-t-il. Le Néo utilise d’ailleurs ses ateliers et ses rencontres pour sensibiliser les gens à l’impact de ces propos sur les personnes visées. « Des événements à l’encontre des droits des trans et des homosexuels surviennent surtout quand il y a des changements dans l’actualité. Mais Lanaudière reste une région très inclusive », assure Martin Fournel.

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