Une réponse qui tarde à arriver pour la protection du Crique-à-David

La vallée du Crique-à-David, dans la Matawinie. (Photo gracieuseté)
La vallée du Crique-à-David, dans la Matawinie. (Photo gracieuseté)

Alors que le gouvernement du Québec a lancé, en 2024, un appel public pour la proposition d’aires protégées, l’approbation ou le refus envers ces projets tardent à se faire connaitre. Un regroupement de citoyens lanaudois, qui a présenté la réserve du Crique-à-David, en Matawinie, s’impatiente de connaitre la décision envers leur initiative qui, selon lui, aurait un apport considérable non seulement en termes d’écologie mais aussi de tourisme.

L’appel à projets Faites vos marques fait suite à l’engagement du gouvernement provincial de conserver 30 % de son territoire d’ici 2030. Pour ce qui est de la région, elle compte 218 aires protégées selon les données du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), datées du 31 mars 2025. Cela représente 1534 km², soit un peu plus de 11 % du territoire lanaudois.

Plusieurs organismes et MRC ont ainsi répondu à l’appel et ont proposé des projets. Parmi ceux-ci figure la réserve de biodiversité du Crique-à-David. Située près de Sainte-Émélie-de-l’Énergie et de Saint-Damien, la vallée du Crique-à-David présente une superficie de 2700 hectares. Elle constitue un refuge pour plusieurs espèces menacées, dont le pygargue à tête blanche et le faucon pèlerin. De plus, elle abrite un spécimen de pin blanc qui comporte un diamètre de 136 cm et qui pourrait être l’un des plus vieux arbres de la région, sinon de la province.

Le regroupement de citoyens, qui s’est donné comme mission de défendre ce secteur, est composé d’une trentaine de Lanaudois. Ils espèrent non seulement préserver les écosystèmes et avoir accès à une nature de proximité, mais aussi connecter les sites écologiques déjà existants ou en planification et éventuellement développer une offre plein air qui sera bénéfique aux communautés environnantes. Antoine Fiset Ricci, l’un des membres, informe que le groupe imagine l’instauration possible d’une coopérative qui développerait des activités de vélos, de camping, etc. « S’il y a des coupes forestières, l’aire protégée perd donc son intérêt au niveau écologique, mais aussi récréotouristique », déclare-t-il.

Crique à David (Photo gracieuseté)

Un processus long mais réfléchi

L’appel à projets a pris fin à l’automne 2024. Désormais, les prochaines étapes restent plutôt obscures selon les citoyens. « C’est moi qui ai déposé le dossier et je n’ai même pas reçu un courriel du Ministère », informe l’initiateur du projet, Thibaut Quinchon. « On nous a invités à proposer des aires protégées, mais on ne semble pas être inclus dans les discussions. C’est un drôle de sentiment, nous nous sentons impuissants. » Le regroupement a d’ailleurs constitué un OBNL afin d’être entendu au sein des concertations prévues. « De cette façon, nous espérons avoir une voix et participer au chapitre décisionnel », confie Antoine Fiset Ricci.

Les membres se désolent surtout de ne pas avoir eu de nouvelles de la part du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Lanaudière sur les étapes à suivre. En effet, les CRE de toutes les régions ont été mandatés pour coordonner des tables de concertation à propos des projets qui ont été retenus par le Ministère. Thibaut Quinchon déplore des difficultés de communication « entre des bénévoles qui donnent de leur temps pour des sujets d’intérêts publiques et des instances qui ne communiquent pas avec les citoyens ».

Questionnée sur le sujet, la directrice générale de l’organisation dans Lanaudière, Kassandra Martel, informe que 43 initiatives d’aires protégées ont été choisies, certaines ayant été jumelées. « Avec ces 43, nous arriverions à atteindre l’objectif de 30 % de protection du territoire d’ici 2030, mais ça ne veut pas dire qu’elles vont toutes passer », évoque Mme Martel.

Elle reconnait que le processus est long, celui-ci se déroulant au même moment qu’une refonte du régime forestier. « Le but est d’arriver à un consensus qui détermine quels secteurs doivent être conservés », indique la directrice. Elle est consciente que la tâche sera ardue alors que les promoteurs croient tous « dur comme fer que leur projet doit être protégé à tout prix ».

Les démarches de concertation ont donc commencé avec un webinaire le 9 septembre qui a introduit le processus. Les invitations pour participer à la table de discussions seront ensuite envoyées aux personnes concernées par les idées retenues. Ainsi, les promoteurs, des utilisateurs potentiels, des municipalités et des représentants de l’industrie forestière pourront se faire entendre afin d’expliquer leurs points de vue. Des sondages sont également prévus au cours des mois qui suivront. Puis, à l’hiver 2026, une autre rencontre aura lieu après avoir pris connaissances de toutes les données et des critères déterminées, dans l’optique que des consensus en résultent.

Des projets toujours à risque

Des défenseurs de la vallée du Crique-à-David espèrent que leur proposition sera retenue, mais ils craignent que des coupes forestières surviennent au cours des démarches de consultations. Les aires protégées suggérées demeurent effectivement ouvertes aux activités ou aux opérations. L’industrie forestière connait actuellement certains ralentissements, mais le regroupement redoute une reprise avant de recevoir une réponse. « Nous aimerions avoir une écoute du Ministère pour lui faire comprendre que notre projet aura des retombées écologiques et économiques et qu’il serait bon de faire des coupes de manière plus intelligente pour qu’il n’y ait pas trop d’impacts », indique Antoine Fiset Ricci.

Kassandra Martel confirme que les activités sur les espaces proposés dans l’appel à projets n’ont pas été mises sur pause, mais que « les coupes sont quand même bien entourées dans Lanaudière, [qu’] il y a un bon respect ». Mme Martel rappelle qu’un arrêt mettrait aussi fin aux activités qui ont lieu sur les pourvoiries ou les Zec, ce qui impacterait certains villégiateurs et résidents de ces territoires. Elle croit donc que le Ministère a décidé de ne pas imposer de pause pour tenter d’être équitable.

En terminant, Kassandra Martel estime que, même si des changements de vision pourraient s’en suivre au gouvernement, ces concertations aideront à mettre en place des outils de protection au niveau local. « Nous savons que nous ne faisons pas ces démarches pour rien. Nous allons savoir quelles aires ont des consensus et ce sera plus facile ensuite de préserver. »

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