Une approche qui mise sur la création de ponts entre les cultures

Sabrina Paton a animé le panel qui réunissait Jennifer Brazeau, Alex Laviolette-Moar, Véronique Hivon et Louis-Simon Lamontagne.  (Photo Médialo – Jason Joly)
Sabrina Paton a animé le panel qui réunissait Jennifer Brazeau, Alex Laviolette-Moar, Véronique Hivon et Louis-Simon Lamontagne. (Photo Médialo – Jason Joly)

Centre d’amitié autochtone de Lanaudière

Pour terminer la saison en beauté, la Chambre de Commerce du Grand Joliette a invité des conférenciers de marque lors de son dernier diner ayant pour titre Perspective autochtone en action. Le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) était à l’honneur pour cette discussion, qui était présentée en mode panel, alors que l’organisme est porteur de projets innovants, orientés vers le bien-être de ses membres.

L’événement a réuni quatre conférenciers, soit Jennifer Brazeau, directrice générale du CAAL, Alex Laviolette-Moar, membre et formatrice pour l’organisme, Véronique Hivon, professeure invitée à l’Université de Montréal et ex-députée de Joliette ainsi que Louis-Simon Lamontagne, propriétaire des Résidences funéraires familiales F. Thériault. L’animatrice, Sabrina Paton, qui est coordonnatrice culture et événements pour le CAAL, a interrogé les différents panellistes sur les impacts des initiatives fondées par l’organisation et sur leurs apports pour la communauté lanaudoise.

Approche organisationnelle

Jennifer Brazeau a été invitée à expliquer l’approche organisationnelle du CAAL qui s’appuie sur les valeurs et les cultures autochtones. Elle explique que le centre n’innove pas nécessairement puisqu’il se fie simplement à la roue de la médecine. « C’est un modèle sur lequel nous basons nos services pour intervenir autant sur le côté physique, émotionnel, spirituel et mental », résume-t-elle. Elle ajoute ainsi que ce qui rend l’organisme unique est qu’il travaille à mettre en place des services adaptés pour sa clientèle tout en suivant des concepts ancestraux. Il a aussi instauré une structure non hiérarchisée, en gardant en tête de mettre les membres au centre des discussions.

Véronique Hivon a enchaîné en disant qu’il est difficile en tant qu’élu de ne pas s’investir complètement pour le Centre : « C’est un lieu ancré dans ses valeurs, mais qui est aussi ouvert sur la communauté et qui a beaucoup à nous apprendre. » Mme Hivon considère que le CAAL a comme particularité « d’avoir compris qu’il fallait aller où sont les gens » soit en ajoutant des services et en les déplaçant vers les membres.

Innovations sociales

Pour Louis-Simon Lamontagne, la collaboration entre le CAAL et son entreprise perdure depuis des décennies alors que la communauté atikamekw de Manawan demandait l’aide du salon funéraire pour s’occuper des défunts. M. Lamontagne se rappelle cependant qu’en 2016, la communauté avait cessé de faire appel aux Résidences funéraires familiales F. Thériault sans donner de nouvelles. « Je suis donc monté à Manawan et je me suis assis avec le conseil de bande pour lui demander ce que nous avions fait de mal », raconte-t-il. C’est ainsi qu’il a compris que, contrairement aux Allochtones, qui font les arrangements funéraires en petit groupe de deux ou trois personnes, les Autochtones viennent à plusieurs dizaines pour appuyer la famille, mais il n’y avait jamais assez de place pour tous. « Nous essayions de changer leurs habitudes et c’est ce qu’ils n’ont pas aimé. Maintenant, les rencontres se font dans la chapelle, ce qui permet à tous d’y assister. » M. Lamontagne indique donc que la réconciliation est importante, mais qu’il est nécessaire de faire preuve de compréhension également. « Le CAAL est là non seulement pour ses membres, mais aussi pour mettre de l’avant la contribution des communautés autochtones », soutient-il.

La façon de l’organisme d’aborder la sensibilisation est, selon Alex Laviolette-Moar, une preuve de son caractère innovant. Elle explique que les ateliers offerts par l’organisme sont des lieux d’échanges sans jugement. « Nous sommes là pour lever le voile sur le contexte autochtone et apprendre à le regarder autrement », mentionne-t-elle en rappelant que ces ateliers peuvent être privés ou publics. Elle invite donc toute personne ou groupe à y participer : « C’est plus que de l’information qui est transmise, c’est une transformation sociale qui découle de ces liens. »

Apport du nouveau CAAL

L’organisme a annoncé en avril dernier qu’un imposant bâtiment sera aménagé afin de répondre à des besoins croissants. L’établissement comprendra notamment 19 logements abordables temporaires, un CPE, une clinique de proximité, un centre culturel, une boutique et des espaces communautaires. Pour Jennifer Brazeau, ce « mini village » sera parfait pour créer des ponts entre les cultures : « C’est un projet de patrimoine autochtone en milieu urbain qui a été construit selon les valeurs, la vision et la culture autochtones ».

Louis-Simon Lamontagne a enchéri en disant que le centre contribuera à mélanger les générations. « Nous pourrons voir la transmission du savoir et le contact entre les générations », observe-t-il, avant d’ajouter que l’autre particularité de l’édifice est qu’il sera ouvert à tous grâce à un café, à des salles communes et à des salles d’expositions artistiques. « Lorsque le projet va être terminé, nous allons pouvoir rencontrer les familles sur place, alors ça pourra vraiment servir à tout le monde », mentionne M. Lamontagne.

Véronique Hivon a appuyé l’importance de ce lieu et surtout son aspect intergénérationnel. Alors que plusieurs aînés sont victimes d’isolement, l’ex-députée souligne que les Autochtones ont une approche très différente envers leurs aînés. « Dans leurs valeurs, l’intergénérationnel n’est pas un questionnement. C’est totalement intégré », remarque Mme Hivon. Elle trouve d’ailleurs très intéressant qu’avec ce nouveau centre, « ce seront les Allochtones qui vont s’adapter en acceptant la main tendue des Autochtones » : « C’est un revers sympathique et significatif ».

« Un lieu de fierté » est la façon dont Alex Laviolette-Moar a décrit le centre à venir. Elle-même d’origine atikamekw, elle avoue qu’elle ne parle pas sa langue maternelle : « Alors d’avoir un lieu où il sera simple pour chaque jeune et moins jeune autochtone de reconnecter avec sa culture, ça permettra de répondre à nos besoins individuels », termine-t-elle.

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