Isabelle Perreault est active en politique municipale à Saint-Alphonse-Rodriguez depuis dix ans. Ayant fait ses débuts comme conseillère, elle a ensuite été élue mairesse à deux reprises et elle agit maintenant comme préfète de la MRC de Matawinie. En entrevue avec L’Action, elle confie que l’enjeu principal, quand elle a décidé de se lancer en politique, a été la conciliation travail-famille.
« Je suis la maman de quatre enfants et c’était l’enjeu à considérer. Je voulais évaluer quelles conséquences cette décision aurait pour mes proches. »
Mme Perreault souligne que la famille a toujours été au cœur de ses priorités. « J’ai même arrêté de travailler pendant quelques années pour m’occuper de mes garçons. » Elle ajoute que c’est d’ailleurs le fait d’être à la maison qui l’a amenée à s’impliquer comme bénévole au sein de sa communauté et ultimement vers la politique.
Le fait d’avoir un conjoint présent a été essentiel et les discussions autour de son implication en politique ont lieu en famille. « J’ai toujours été soucieuse d’être présente. Si j’ai une période occupée, il faut que ce soit très court et que je puisse reprendre du temps après. J’ai toujours été très honnête vis-à-vis de mon entourage. Mais la politique, j’aime ça, je me sens épanouie là-dedans, alors ça fait aussi en sorte que mes enfants ont une maman heureuse. »
Si elle a toujours réussi à maintenir un équilibre dans sa vie de famille, Isabelle Perreault mentionne que « ce qui a pris le bord, c’est sa vie de femme ». « C’est là que l’équilibre est dur à trouver, même quand j’essaie fort, je n’y arrive pas. »
Elle raconte qu’après chaque nouveau poste, comme celui de mairesse, elle prend le temps de retrouver son équilibre. Isabelle Perreault a été nommée préfète le 24 novembre 2021 et elle révèle : « Ne serait-ce qu’un an avant, je ne me serais pas présentée à la préfecture. »
Avec trois garçons sur quatre qui ont aujourd’hui quitté le nid familial, Isabelle Perreault témoigne qu’elle a plus de temps à accorder à son rôle de politicienne et qu’elle se sent moins déchirée. « J’en profite, je suis jeune, en santé, mes enfants sont grands et je ne suis pas encore grand-mère. C’est un beau moment pour m’accomplir là-dedans. »
Une approche bienveillante
Actuellement, au sein du conseil de la MRC de Matawinie, il y a six mairesses. « C’est du jamais vu! Aux dernières élections, c’était évident que sur le terrain, il y avait plus de femmes et que c’était plus égalitaire. Peut-être que c’est aussi la position des hommes vis-à-vis des femmes qui a changé. Je sens vraiment de la collégialité dans le nouveau conseil. »
Mme Perreault raconte que le lien de confiance s’est établi facilement entre les mairesses. « On est contente les unes pour les autres. Il y a une belle solidarité. Il y a une approche bienveillante et d’accueil. »
Isabelle Perreault dévoile d’ailleurs qu’il existe, dans Lanaudière, un groupe informel de mairesses qui se rencontrent pour échanger et s’encourager. Le Réseau des femmes élues de Lanaudière l’a aussi beaucoup aidée.
Au niveau des défis rencontrés, Isabelle Perreault avance que c’est peut-être un peu plus difficile pour une femme, mère de famille, d’établir sa crédibilité et qu’il peut parfois y avoir des attitudes un tantinet paternalistes. Toutefois, cela demeure des exceptions.
La mairesse raconte qu’il y a eu un seul dossier dans son parcours, celui d’un tracé de VTT, où elle a senti que les intervenants pensaient « qu’elle ne comprenait rien car elle était une femme », alors qu’au contraire, elle pouvait être une alliée.
Concernant les conseils qu’elle pourrait partager à d’autres femmes qui sont tentées par un saut en politique, Isabelle Perreault suggère d’y aller doucement. « ll faut rester authentique et avoir un regard lucide sur ce que vit sa famille. On n’est pas wonder woman non plus, on ne pourra pas tout faire, alors c’est important de bien s’entourer. Il ne faut pas s’en vouloir et bien définir sa zone de confort. »