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08 mai 2024

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Autochtones et Allochtones s’unissent pour développer un projet d’énergie communautaire

Énergie Matawak

Projet minicentrale

©Photo gracieuseté - Énergie Matawak - L'Action

Environ 80 personnes étaient réunies lors de la présentation du projet d’Énergie Matawak.

Réunissant des partenaires qui ont à cœur la collaboration, le projet Énergie Matawak prévoit construire une minicentrale hydroélectrique afin d’en faire bénéficier les communautés de la Haute-Matawinie. Alors que l’initiative n’est qu’à ses balbutiements, les promoteurs souhaitaient faire un important travail en amont. Cela a permis d’avoir le pouls de la population et de répondre à ses interrogations afin de créer un projet d’énergie communautaire qui aurait tout pour plaire.

Fruit d’un partenariat entre le Conseil des Atikamekw de Manawan, la MRC de Matawinie, ainsi que la Première nation Pekuakamiulnuatsh Takuhikan du Lac Saint-Jean, Énergie Matawak prévoit l’ajout d’une minicentrale à même le barrage Matawin de Saint-Michel-des-Saints, qui est déjà opéré par Hydro-Québec. Comme l’explique Daniel Migneault, agent de liaison et de communication, le barrage ne produit pas d’énergie, mais régule plutôt les eaux : « Il sert à contrôler le niveau du lac Taureau et à envoyer de l’eau dans le bassin versant de la Saint-Maurice, où il y a beaucoup de barrages. » Composée de deux turbines, la minicentrale permettra de produire 20 mégawatts de puissance qui seront redistribués aux clients du territoire. Un investissement d’environ 110 M$ est prévu pour ce projet, mais l’énergie générée par celui-ci pourra être revendue par la suite à Hydro-Québec.

Selon M. Migneault, il s’agit de l’un des plus gros avantages de l'initiative puisque les communautés à la fois autochtones et allochtones pourront en bénéficier. « Nous savons que les communautés autochtones ont des enjeux de financement et elles doivent aussi offrir plus de services puisque leur population est en croissance. Un projet comme celui-ci permet donc de générer des revenus autonomes. » Toutefois, afin de s’assurer de la compréhension de la population, les partenaires d’Énergie Matawak ont tenu une consultation à Saint-Michel-des-Saints, profitant ainsi du moment pour présenter les bénéfices du projet tout en répondant aux interrogations.

Calmer les inquiétudes

Daniel Migneault a d’abord été heureux de constater une bonne participation de la part des citoyens à cette rencontre qui a réuni environ 80 personnes. « Développer le potentiel hydroélectrique du réservoir Taureau, ce n’est pas depuis hier que nous en parlons, mais depuis près de 25 ans. Différents promoteurs se sont succédé, c’est donc presque comme une relance du projet », rappelle-t-il. Il a tenu avant tout à calmer les inquiétudes de plusieurs concernant les impacts de cette initiative sur le lac Taureau.

L’agent de liaison est conscient que des citoyens, des villégiateurs et des touristes résident aux alentours du réservoir ou le visitent chaque année. Nombreux sont ceux qui se demandaient si le niveau de celui-ci allait être affecté par une potentielle centrale, mais, à cette question, M. Migneault assure que « ce projet ne changera rien à la fonction actuelle du lac Taureau ». En résumé, le niveau du réservoir en été est très stable et maintenu. Puis, vers octobre ou novembre, il est vidangé progressivement dans le but de produire de l’énergie et pour recueillir la crue printanière. À la suite de cette dernière, le niveau remonte. Avec la minicentrale, l’eau sera simplement dirigée vers les installations pour produire de l’électricité, mais sans changer le bon déroulement du barrage. De plus, de l’énergie pourra être créée en période hivernale. « Lorsqu’Hydro-Québec a des besoins de puissance additionnels, le projet Matawak a comme gros avantage de pallier cette demande », indique Daniel Migneault.

Un autre atout présenté par les partenaires est les revenus qui seront générés. À savoir pourquoi Hydro-Québec n’est pas l’instigatrice du projet, M. Migneault répond qu’avec une quantité d’initiatives de grande envergure sur les bras, la société d’État préfère laisser les plus petits à d’autres promoteurs. « Dans son Plan d’action 2035, Hydro-Québec mentionne qu’elle veut collaborer plus étroitement avec les communautés autochtones et locales, c’était donc une belle fenêtre d’opportunité. » Avec le projet d’Énergie Matawak, des retours financiers sont prévus pour les 40 prochaines années, en plus de créer des emplois de proximité.

Lors de la consultation, les promoteurs ont cependant été informés que des sentiers de motoneige sillonnaient le territoire où serait implantée la minicentrale. L’agent de liaison soutient que ces informations seront prises en compte lors de la conception du projet afin de maintenir l’accès à ces sentiers.

Un important travail en amont

Pour l’instant, certaines choses restent encore à être planifiées concernant l’initiative. Les promoteurs souhaitent réellement travailler en amont et avoir les avis des communautés très tôt dans leurs démarches. « Les gens avaient beaucoup de questions et nous n’avions pas toutes les réponses. Ça les étonnait, mais c’est parce que nous sommes encore à l’étape du développement. Nous préférions leur donner les informations que nous avons, entendre leurs préoccupations et adapter le projet en fonction de ce qu’il est possible de faire », explique Daniel Migneault.

Un atelier d’informations a d’ailleurs été organisé et un autre aura lieu en juin. Puis, au cours de l’automne, le projet sera de nouveau exposé devant les citoyens pour montrer la nouvelle mouture après avoir pris en compte les recommandations de la population. Une rencontre avec les communautés autochtones sera aussi faite en parallèle puisqu’il y a « une obligation de consultation des communautés en vertu de leurs droits ancestraux » : « Elles sont souvent les dernières personnes à être informées. Nous avons des partenaires autochtones, donc c’était très important pour nous que les membres des communautés soient inclus dans notre projet. » En effet, la Première nation Pekuakamiulnuatsh Takuhikan a accepté d’apporter son aide et son expertise alors qu’elle met en place ce genre de projet d’énergie communautaire depuis plus d’une vingtaine d’années.

À la fin de 2024, les promoteurs comptent présenter une étude d’impacts au ministère de l’Environnement, de la Lutte aux Changements climatiques, de la Faune et des Parcs ainsi qu’au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Si la réception de toutes les autorisations requises se fait dans les temps prévus, le projet d'Énergie Matawak devrait être mis en chantier dès l’automne 2025. Deux ans de travaux seront ensuite nécessaires pour la construction de la minicentrale qui devrait être opérationnelle en 2027.

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