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20 septembre 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Don d’organes, un parcours du combattant pour Pierre Comtois

Greffe de cœur

Pierre Comtois

©Photo gracieuseté - L'Action

À la suite de sa greffe de cœur, Pierre Comtois a pu tranquillement recommencer ses activités avec sa femme.

Auparavant très actif, Pierre Comtois a vu sa vie drastiquement changer lorsqu’une malformation congénitale au niveau du cœur a apporté son lot de problèmes. Il a donc été entrainé dans un long processus médical pour, au bout du compte, bénéficier d’une greffe de cœur qui l’a sauvé alors qu’il se trouvait dans un état des plus critiques. Sa femme et lui veulent réitérer l’importance de signer la carte de don d’organes, mais aussi souligner le dévouement dont font preuve les proches aidants.

M. Comtois s’adonnait depuis longtemps à toutes sortes d’activités physiques, comme du vélo, parcourant même des dizaines de kilomètres lors de chaque activité. Au cours d’une promenade en 2007 avec des amis, le résident de Joliette a remarqué qu’il était particulièrement essoufflé après avoir gravi les côtes sur leur parcours. « Mon ami, qui est médecin, m’a dit que ce n’était pas normal d’être aussi fatigué », se rappelle Pierre Comtois. Grâce à ce contact, il a rapidement pu passer un examen qui lui a révélé qu’il faisait de l’arythmie. Les médecins lui ont aussi découvert une hypertrophie du ventricule gauche, soit une malformation congénitale. « Je suis né avec ça et j’ai vécu avec sans m’en apercevoir jusqu’à l’âge de 53 ans. » Un stimulateur cardiaque lui a été installé.

Plusieurs années ont passé, mais la fatigue a perduré. Le greffé assure qu’il continuait tout de même de faire de l’exercice. Sa femme, Claudine Provost, a observé que M. Comtois « a dû faire des deuils puisqu’il était beaucoup moins performant qu’il ne l’était auparavant ». Les activités ménagères et le simple fait de se déplacer sont aussi devenus difficiles pour le Joliettain, l’obligeant même à se promener en fauteuil roulant. Sa cardiologue a alors fait une demande afin qu’il soit suivi à l’Institut de cardiologie de Montréal. « Pour que ça aille plus vite, la cardiologue l’a hospitalisé puisque l’attente pour faire passer cet examen en externe serait de trois mois », explique Mme Provost.  

Pendant ce temps, au Centre hospitalier de Lanaudière, les médecins de Pierre Comtois se sont rendu compte qu’une valve de son cœur coulait et qu’un liquide s’accumulait dans le ventre du patient. Ce dernier a dû subir des ponctions d’ascites qui ont permis d’enlever environ quatre litres de liquide, lequel commençait à causer des dommages au niveau de ses organes. Cette période a été pénible pour le couple puisque M. Comtois était beaucoup plus maigre et fragile. « Son corps n’était plus capable d’absorber les surplus de liquide. Alors, comme je dis à la blague, les médecins l’ont asséché. Quand on le regardait, il avait la peau comme une feuille de papier », se souvient Claudine Provost. Malgré une opération exécutée en février 2022 pour refermer la valve, le problème n’a malheureusement pas été réglé.

La greffe comme ultime option de survie

Au début du mois de juillet, Pierre Comtois s’est vu proposer l’option de la greffe de cœur par sa cardiologue. Le patient espérait que cette recommandation lui soit offerte et il a commencé les démarches auprès de l’Institut de cardiologie de Montréal. Pendant près d’une heure, M. Comtois a dû répondre à une panoplie de questions sur son alimentation, ses habitudes de vie, son histoire médicale et autres. Il a ensuite reçu la visite de la cardiologue qui était responsable de l’équipe de greffe : « Elle m’a dit que mon cœur était trop malade alors elle devait me garder ». D’autres tests ont suivi pour savoir si le patient était apte à recevoir un nouveau cœur, autant d’un point de vue psychologique que médical. « Les médecins m’ont demandé si j’étais anxieux et j’ai dit que je l’étais dans le sens que j’avais hâte. J’étais tanné de ne rien faire! »

Le 30 juillet 2022, M. Comtois reçoit la confirmation qu’il est apte à avoir une greffe et que son nom est inscrit à la liste d’attente. Puis, le 4 août 2022, un cœur compatible est trouvé : « J’ai fait la même chose que là, je me suis mis à pleurer. Ç’a été vite, mais ça pressait. Si je n’avais pas de greffe, je ne survivais pas à Noël. » Claudine Provost confirme que pour les greffes cardiaques, il existe une échelle de 1 à 4 qui indique l’urgence du cas, 4 étant le plus grave. Celui de M. Comtois était au niveau 3,5.

Le 7 août, le Joliettain a reçu un nouveau cœur. Il n’a souffert d’aucun effet de rejet, mais les médicaments qu’il doit s’administrer réduisent considérablement son système immunitaire. Il lui est arrivé à quelques reprises de devoir lutter contre des infections et d’autres maladies. En plus de sa santé, Pierre Comtois doit aussi prendre garde à son alimentation et ne peut plus manger de fromages de lait cru ou de charcuteries par exemple puisqu’il est immunosupprimé. Il a toutefois recommencé tranquillement à faire du vélo, même si certains exercices restent plus difficiles. « Mais je continue, j’aime ça. Les sportifs adorent se donner des défis ! » Bien que son récit se soit relativement bien terminé, il soutient que sans le travail et le dévouement de plusieurs personnes autour de lui, la situation aurait été très différente. « C’est mon histoire, mais ce n’est pas ce qui est important. Ce sont le don d’organes, les médecins de l’Institut de cardiologie de Montréal et les proches aidants qui le sont », confie avec émotion Pierre Comtois.

Mettre sa vie sur pause pour l’autre

Des aveux de Claudine Provost, le couple a dû traverser plusieurs défis. Toutes les procédures médicales et même la question de la greffe n’étaient pas à prendre à la légère. Elle a d’abord dû rencontrer un psychiatre afin de savoir ce qui lui en couterait de s’embarquer dans ces démarches : « Il devait savoir jusqu’où j’étais prête à aller. Ça faisait 46 ans que nous étions mariés, mais si ça n’avait fait que six mois, ça aurait été autre chose ».

Le couple a toutefois pris la décision de faire tout ce qu’il fallait pour améliorer la santé de M. Comtois. Mme Provost est donc devenue la proche aidante de son mari, consacrant pratiquement tout son temps et son énergie à prendre soin de lui. Avant la greffe, les problèmes médicaux et la fatigue de ce dernier demandaient à Claudine Provost d’être alerte à tous symptômes. Elle devait aussi transporter son époux à ses rendez-vous puisque celui-ci n’était plus en état de conduire. « De l’accompagner, ça m’enlève une liberté puisque je ne peux pas partir. C’est ce qui est difficile comme proche aidant, tu n’as plus de vie », souligne-t-elle. Les deux Joliettains déplorent d’ailleurs un grand manque de soutien pour les proches aidants de la part des instances gouvernementales. « Ils n’ont pas grand-chose. Le gouvernement n’est pas un proche aidant puisqu’il n’aide pas beaucoup. Il ne donne qu’un crédit d’impôt », explique Pierre Comtois. Sa femme ajoute même que pour avoir droit à ce crédit, la personne malade doit être dans une situation très précaire.

Claudine Provost raconte que pour passer au travers de ces épreuves, elle a suivi une thérapie : « Je venais tout juste d’aider mon père et ma mère, j’avais été proche aidante pour eux aussi. Ma mère est morte en novembre 2020 et Pierre est tombé malade en février 2021. Je n’ai pas eu de répit. » Parler à un professionnel lui a donc permis de réfléchir à tout cela. De plus, lorsque M. Comtois a été hospitalisé à l’Institut de cardiologie de Montréal, elle a beaucoup utilisé le transport en commun pour le visiter, lui permettant ainsi de se vider la tête. « Marcher et prendre l’autobus m’a permis de me détendre ». Bien sûr, le couple a aussi trouvé sa force auprès de ses amis, de ses enfants et de ses petits-enfants.

Pierre Comtois et Claudine Provost terminent donc en conviant les gens à signer leur carte de don d’organes et aussi à donner du sang puisque ces actions peuvent réellement changer des vies.

 

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