« C’était vraiment formidable de rencontrer des artistes de partout à travers le monde. Tout était mis en place pour que de beaux échanges puissent naître et c’était super. Je n’en reviens pas comme je suis chanceuse d’avoir pu vivre cela», a commenté Mélanie Sauvageau qui en était à sa première expérience à cet événement.   

Pour elle, le moment fort de ce voyage résidait dans le fait qu’ils aient réussi, malgré l’horaire chargé de chacun des membres, à vivre cela tous ensemble. « Il y a eu quelques difficultés, mais nous avons toujours été capables de nous parler et d’arriver à nous dépasser, à cinq têtes on trouve toujours des solutions! » 

De son côté, Odile Mandeville s’est sentie privilégiée de pouvoir voyager à l’international grâce à son art. « Je suis fière qu’on puisse faire vivre l’art à l’extérieur du pays! En tant que professeure d’arts plastiques, j’essaie de promouvoir l’importance de la culture, car elle est rarement valorisée. J’ai hâte de revenir en septembre et de montrer à mes élèves qu’il y a plein de possibilités en arts, contrairement à ce que l’on peut se faire dire! » 

D’ailleurs, comme la majorité des membres sont enseignants (4 sur 5), ils aiment se servir de ces expériences inédites pour montrer aux élèves qu’il faut viser gros et que qui ne tente rien, n’a rien. « Non, ce n’est pas standard de participer à un festival de sculptures en Italie, mais c’est réalisable », a ajouté l’enseignante à Pierre-de-Lestage.  

C’est le 11 juillet dernier que les Crazy Quebecers se sont envolés pour Pontebba et ils ont été accueillis, le lendemain, par un souper grandiose et convivial. C’est notamment cet accueil chaleureux qui a été le point fort de Frédéric Tremblay, qui vivait aussi son initiation à cet événement. « Les organisateurs venaient toujours s’assurer que nous ne manquions de rien, nous n’étions jamais laissés à nous-mêmes! »  

Deux sculptures dédiées au hockey 

Le Festival a été lancé au cœur même du village le 14 juillet et un total de sept équipes étaient invitées à créer une sculpture de paille et foin. Il y avait des représentants de l’Ukraine, de la République tchèque, de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Lettonie et de la Corée du Sud.  

Les Lanaudois avaient comme projet de réaliser deux sculptures qui, ensemble, formeraient un tout. Il s’agissait d’un joueur de hockey qui effectuait un lancer et d’un gardien qui arrêtait ce tir. « Nous avions planifié séparer l’équipe en deux et dédier un groupe à chaque sculpture, mais finalement nous avons tous travaillé sur les deux œuvres. C’était vraiment plaisant, il fallait les organiser et les mettre en action pour qu’elles s’unissent», a expliqué Yves Thibault.  

Dès la première journée de travail, de petites embûches sont survenues, dont un chargeur de perceuse qui a surchauffé en raison d’un mauvais ampérage, mais cela n’a pas freiné les Lanaudois. D’un côté, Frédéric, qui est ébéniste de formation, s’occupait de la coupe du bois pour faire le squelette de la sculpture. Odile et Mélanie étaient quant à elles en charge du montage des jambes et Patrick et Yves s’affairaient à la construction des têtes et des corps. « Ça s’est vraiment bien passé, nous nous sommes réparti les tâches et on faisait comme un travail à la chaîne! Personne ne se tournait les pouces! » 

Les artistes devaient ensuite recouvrir la structure de bois d’un grillage métallique pour y insérer la paille ou le foin. Lorsque suffisamment de parties du corps ont commencé à prendre forme, l’assemblage a pu débuter. « Après avoir relié un morceau, il fallait faire la finition, réajuster les proportions et rembourrer les jonctions. »  

Un autre pépin est survenu lors de l’assemblage, alors que la structure était trop lourde pour supporter le poids du joueur de hockey.  « Il devait être debout, mais quand on l’a installé, cela a craqué au niveau des hanches. Nous n’avons pas pris de risques et l’avons mis dans une autre position! On pouvait imaginer qu’il avait terminé son lancer sur le dos et l’effet était quand même là», a expliqué Patrick Léveillé.  

Pour leurs prochaines expériences, les Crazy Quebecers songent tout de même à travailler davantage l’ossature de métal et à diminuer celle de bois afin de rendre leur structure plus légère. « On apprend encore, ça va demander un ajustement! » 

Finalement, les Lanaudois ont utilisé de la paille pour créer une patinoire sous leurs joueurs, ce qui délimitait encore plus l’espace de leurs œuvres et donnait un résultat spectaculaire. Après des mois d’organisation et de préparation pour ce voyage, d’en arriver à un résultat dont ils étaient tous très fiers, valait, pour eux, tout le temps et l’énergie investis.  

De plus, comme leurs sculptures étaient situées devant la mairie et le musée de la Guerre, ils ont reçu plusieurs éloges de la part des nombreux passants.  « Les gens de cet endroit, qui est situé au nord du pays, connaissent bien le hockey et ils étaient enchantés par notre thème, ils trouvaient que ça ne pouvait pas mieux représenter le Canada! » 

Un espace d’échanges 

En plus de vivre des moments enrichissants avec les citoyens qui s’arrêtaient pour prendre des photos et poser des questions, les sculpteurs ont aussi pu vivre de beaux échanges avec les autres équipes. « Ce n’est pas une compétition, c’est une fête! Il y avait des fanfares, un marché d’artisans et des gens qui jouaient du cor des Alpes! Il n’y avait pas de pression, c’était juste du plaisir et c’est ce qu’on apprécie, nous sommes libres de créer et d’aller discuter avec les autres, c’est un espace d’apprentissages et d’amitié! » 

Patrick Léveillé a d’ailleurs évoqué que c’est un événement de ce genre que le groupe aimerait créer dans la région. « Il y a quelque chose à faire à Joliette, c’est certain! Il y a plein de sentiers et la Ville est ouverte à l’idée. Elle nous a encouragés pour aller en Italie et nous avons aussi reçu le support des députés!» 

Avec les liens qu’ils ont créés en Italie, les Crazy Quebecers pourraient même donner un aspect international à leur événement, et ce, dès la première édition. « Il s’agit de s’asseoir avec les dirigeants et de voir ce qu’on peut faire et où! » Ils veulent aussi développer ce type d’art dans la région en participant à des événements et des festivals déjà existants. Ils ont d’ailleurs été invités, en juin dernier, au Land Art du Jardin des noix.   

« C’est vraiment intéressant, car, par les années précédentes, nous étions constamment à la recherche de contrats, mais cette année nous avons commencé à nous faire approcher par certains événements. Ça démontre que nous avons franchi une étape de plus! Même en Italie, nous nous sommes fait accepter un mois avant tout le monde, alors j’imagine que c’est un signe qu’on fait du bon travail et que nous commençons à être sur la map! » 

Ils ont également été approchés pour faire un projet pour la prochaine parade de l’Halloween à Joliette. Par la suite, ils entameront leur saison de sculptures sur neige!