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18 octobre 2022

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

Quand l’art unit au-delà de la maladie

Peindre de père en fille

Élodie Bernier web

©Photo gracieuseté - L'Action

Élodie et son père, Normand Bernier.

Élodie Bernier, coordonnatrice à la bibliothèque de Saint-Zénon, nourrit un lien particulier avec son père, Normand Bernier, âgé de 81 ans. Malgré des troubles cognitifs, ce dernier continue à peindre et l’art leur offre, à lui et à sa fille, un espace commun pour se retrouver et échanger.

En entrevue avec L’Action, Élodie Bernier raconte que son père demeure présentement en Estrie, dans une maison pour personnes aînées. « Il a œuvré en bibliothéconomie et en tant que président-directeur général d’un réseau de bibliothèques en Estrie. Il a ouvert environ 70 bibliothèques dans cette région. Mais aujourd’hui, il est atteint d’aphasie et de démence. Il ne peut plus lire, il fait beaucoup de fautes et il faut lui parler tranquillement, mais il est toujours conscient. » 

Mme Bernier raconte que ces troubles cognitifs entraînent des défis importants pour son père concernant des tâches quotidiennes aussi simples qu’attacher ses souliers. 

Toutefois, l’un des passe-temps qu’il pratique toujours, c’est la peinture. « C’est tout ce qu’il est encore capable de faire. » 

Élodie Bernier mentionne que dans la résidence où habite son père, qui est un ancien couvent, un endroit a été aménagé dans la chapelle pour que les résidents puissent faire des activités. « Mon père y a un espace, il a ses pinceaux à côté de lui et il peint, découpe, colle et dessine sur des toiles de petits formats.  Il a toujours été très actif alors ça lui fait du bien. Il est comme pris dans l’ennui et la peinture est ce qui lui apporte le plus de bonheur. C’est sa passion. » 

Elle explique que les œuvres abstraites de son père sont un mélange de dessins et de collages. « Il a déjà eu une période plus épurée, mais là ses œuvres sont remplies de détails, elles sont vivantes et colorées. » 

Normand Bernier a commencé à s’intéresser à la peinture dès l’adolescence. Crayon, aquarelle, encre, peinture à l’huile, les médiums qu’il a utilisés sont nombreux. Au fil des années, il a aussi exposé à plusieurs endroits, dont au Bateau Théâtre L’Escale à Gatineau. 

« Il en a fait toute sa vie. Au fil du temps, il est aussi devenu un collectionneur et il aimait encourager les jeunes peintres québécois. Il a même participé à une émission Tous pour un qui portait sur la peinture canadienne. Quand j’ai vidé sa maison, j’ai trouvé toutes les fiches qu’il avait faites pour se préparer. » 

La peinture a également toujours été présente dans la vie d’Élodie. « Mon grand-père m’a donné un stylo quand j’avais six mois et j’ai gribouillé. Ensuite, je n’ai jamais arrêté. » La résidente de Saint-Zénon confie que son père a conservé tous ses dessins d’enfance qu’il prenait le temps d’annoter. Il les a même fait relier en 15 volumes titrés : Les dessins d’Élodie. 

Après un cheminement en musique d’une dizaine d’années, Élodie Bernier est revenue vers la peinture. Elle a fait un baccalauréat en Beaux-arts à l’Université Concordia et a pris des cours de peinture en parallèle. Elle a exposé dans plusieurs galeries de Montréal, Québec, Victoriaville et Nîmes en France. Ses œuvres abstraites de grand format sont notamment disponibles pour location à l’Artothèque de Montréal. 

Sur les traces de son père 

C’est en 2018 que la vie et l’amour de la nature ont mené Élodie Bernier à Saint-Zénon. Elle mentionne que sans s’y attendre, elle est devenue la coordonnatrice de la bibliothèque. « Quand mon père l’a su, il en a pleuré de joie ! »  

Au cours de l’été dernier, elle a présenté l’exposition « Peindre de père en fille » à l’aire de repos de Saint-Zénon, une rétrospective d’œuvres picturales et sculpturales de son père et d’elle. Toutefois, pour ceux qui n’ont pas pu la visiter, des œuvres de la famille sont également exposées de façon permanente à la bibliothèque de Saint-Zénon. 

Pour Élodie Bernier, pouvoir proposer cette exposition hommage était tout simplement extraordinaire. « C’est fort la filiation. On peut se révolter contre nos parents, mais les liens nous rattrapent et on finit par leur ressembler. » Elle ajoute que c’est de son père qu’elle a notamment tout appris sur les grands peintres. 

La peinture crée un lien entre Élodie et Normand et leur permet de connecter. Elle souligne que celui-ci a fait un catalogue de ses œuvres avec tous leurs détails techniques et qu’ils le regardent ensemble et en discutent. « Ça nous permet de discuter et l’exposition lui a apporté un bonheur infini. » 

Élodie Bernier travaille sur l’aménagement d’un atelier au sein de sa demeure de Saint-Zénon, mais en attendant, elle fait aussi de l’artisanat au Centre du patrimoine de Saint-Zénon pour assouvir son désir de création.  

Mentionnons qu’elle est membre du comité Municipalité amie des aînés de Saint-Zénon et qu’elle a commencé à réaliser une chronique qui sera publiée une fois par mois dans la revue de la Chambre de commerce de la Haute-Matawinie et qui rend compte de ses rencontres avec des aînés de la municipalité. « J’ai à cœur cette clientèle, ce sont des gens riches à tous les points de vue. Ils sont pleins d’amour et au final, l’amour c’est ce qui compte vraiment. » 

Élodie Bernier

©Photo gracieuseté - L'Action

Des œuvres familiales exposées à l’aire de repos de Saint-Zénon cet été. Il est maintenant possible d’en découvrir à la bibliothèque.

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