Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Agriculture

Retour

12 octobre 2022

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

L’agastache et l’agroécologie mises en valeur à Sainte-Émélie-de-l'Énergie

Tante Agastache

Tante Agastache

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Au cœur du village de Sainte-Émélie-de-l’Énergie, Lorraine Boury a transformé un terrain vague en un riche jardin d’interprétation plein de vie et de beauté. Elle y cultive notamment près de 6000 plants d’agastache et est devenue une référence dans la production et la distillation de cette plante aux bienfaits calmants et antioxydants. C’est ainsi qu’est née Tante Agastache, une ferme qui se spécialise dans la pratique de l’agroécologie.  

:« C’est une forme d’agriculture qui se caractérise par un souci de cohabitation et d’entraide avec la faune sauvage. L’objectif est de reproduire un écosystème. Ça nous permet de lutter contre l’extinction de la biodiversité et à Sainte-Émélie, nous avons encore beaucoup de populations d’insectes et d’oiseaux, alors c’est une responsabilité de les aider à survivre», a commenté Mme Boury lors de la visite de L’Action.  

Elle a d’ailleurs installé des hôtels de roches, à intervalles réguliers, pour que les couleuvres puissent circuler dans le jardin. La productrice a également aménagé un bassin d’eau en plus d’avoir planté plusieurs arbres. Elle mentionne que cet écosystème, composé de batraciens, d’insectes et de mammifères, génère une interaction qui permet de remplacer certaines interventions humaines comme l’utilisation de pesticides. En effet, si un ravageur prend trop de place au sein de l’écosystème, il sera contrôlé par les autres espèces.  

Tante Agastache

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Création d’un sol fertile 

Lorraine Boury a effectué des études d’ingénieure agronome en France, mais elle n’avait jamais exercé comme productrice, car elle trouvait que l’agriculture industrielle et mécanisée avait tendance à créer des déserts de biodiversité et à être polluante. « Pour produire tant de calories de blé, on va utiliser plus de calories d’hydrocarbures, ce n’est pas viable à long terme», a dénoncé celle qui habite Sainte-Émélie depuis 2012.   

Puis, elle a rencontré des gens qui pratiquaient la permaculture et a découvert l’agastache, ce qui l’a poussée à se lancer. « Je me suis dit que je pourrais tout mettre ça ensemble et enfin avoir ma ferme! » 

Elle a donc utilisé plusieurs couches de résidus locaux afin de transformer le sol de roches d’un terrain vacant en un sol fertile et durable. Elle a notamment utilisé des copeaux de bois franc de la scierie de Sainte-Émélie, du fumier d’une ferme locale et de la terre d’excavation provenant de la cannebergerie. «C’est encourageant, parce que ça montre qu’on peut faire de l’agriculture à peu près n’importe où! » 

Au sein de ce sol vivant se crée de l’humus riche en nutriments qui permet de retenir et de libérer l'eau et les minéraux selon les besoins des plantes. Mme Boury n’a donc pas besoin d’utiliser de système d’irrigation. « Même si mes surfaces agricoles augmentent, je ne viderai jamais la nappe phréatique de mon village. » 

Elle remplace également les engrais plus chimiques par des résidus verts et des cendres de poêle à bois dans une logique d’économie circulaire, où les déchets des uns deviennent les matières premières des autres. 

Tante Agastache

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Tante Agastache

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Une boutique qui priorise l’achat local 

Le projet de Tante Agastache était réfléchi depuis 2017, mais la boutique a ouvert ses portes juste avant la pandémie. « Cela a été une catastrophe! Nous avions prévu faire 30% de notre chiffre d’affaires de la première année et toute notre promotion lors des événements, mais il n’y en a pas eu! » Comme les gens connaissent peu l’agastache, Mme Boury explique que les passants n’avaient pas non plus le réflexe de s’arrêter à son commerce.  

De plus, comme elle priorise tout ce qui est local, elle n’a pas voulu acheter de la publicité sur Google ou Facebook et a préféré laisser le bouche-à-oreille faire son œuvre, ce qui a été plus long. Des initiatives lanaudoises, comme le guide des circuits touristiques gourmands, l’ont toutefois beaucoup aidée et ont suscité près de 80% de son achalandage cet été.  

Toujours dans l’optique de prioriser l’achat local, Mme Boury a créé un indice de provenance sur ses produits. Par exemple, on peut constater sur l’un de ses savons que 85% des ingrédients proviennent d’un rayon de 10 km. Elle pousse l’écoresponsabilité encore plus loin en faisant des étiquettes compostables et des contenants consignés. De plus, la boutique est zéro déchet et offre des produits en vrac. 

Parmi ces produits se trouvent notamment des cosmétiques naturels, des produits gourmands (confitures, chocolats, tisanes) et des ingrédients pour des préparations maison. Pour l’avenir, elle aimerait vendre son huile essentielle d’agastache à l’industrie cosmétique et se donne comme objectif de continuer à faire connaître davantage cette plante. « Je veux développer le volet agrotourisme et faire plus d’ateliers et de visites guidées l’an prochain. Comme c'est une plante nouvelle, ça se prête bien à l'éducation! »  

L’Agastache, une plante à large spectre 

L’Agastache fœniculum est une plante indigène reconnue pour ses bienfaits quant à la digestion, la détente et le bien-être. Elle était aussi utilisée par de nombreux peuples autochtones comme protection et remède contre le rhume, la fièvre et les brûlures notamment. « C’est vraiment une plante à large spectre et je pense que je suis la seule à la cultiver à l'échelle agricole! Je suis un peu la pionnière de l’agastache. » Cette dernière connaît une floraison très longue, du début juillet jusqu’à la fin octobre, ce qui en fait la championne pour nourrir les pollinisateurs puisqu’elle leur offre à manger pendant près de 80 jours. C’est une plante résistante au froid et aux sécheresses qui repousse naturellement les ravageurs. Chez Tante Agastache, les plants atteignent une hauteur impressionnante de plus de 6 pieds. Afin d’en extraire son odeur anisée et ses vertus, Mme Boury distille l’huile essentielle de l’agastache grâce à des alambics. Elle utilise 100lb de plantes pour obtenir environ 300g d’huile essentielle de haute qualité.  

Tante Agastache

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Tante Agastache est située au 483, rue de la Mairie (accès par la rue Bellerose) à Sainte-Émélie-de-l’Énergie.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web Joliette - Caméléon Média