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08 juillet 2022

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

La Corriveau, un spectacle qui touche à l’intemporel

Un théâtre musical original qui promet de marquer l’histoire

La Corriveau - La soif des corbeaux

©Photo gracieuseté - Thierry Du Bois

Le théâtre musical original est une création du Théâtre de l'Oeil Ouvert.

C’était soir de première, le 7 juillet, au Centre culturel Desjardins et on peut affirmer qu’avec La Corriveau – La soif des corbeaux,  le théâtre musical a fait son retour par la grande porte à Joliette.

Tant des partenaires de la région que des invités du milieu artistique québécois ont foulé le tapis rouge pour venir enfin découvrir cette création originale du Théâtre de l’Oeil Ouvert, compagnie dirigée par Jade Bruneau, originaire de Saint-Gabriel et Simon Fréchette-Daoust.

Après des mois d’attente, il était manifeste que le public avait hâte de voir ce nouveau théâtre musical québécois qui porte sur une légende d’ici qui ne laisse personne indifférent. D’ailleurs, dès les notes de la première chanson terminées, les cris d’encouragement enthousiastes et les applaudissements ont retenti au cœur de la salle.

Le point de départ, l’histoire de Marie-Josephte Corriveau, qui a été condamnée à mort par une cour martiale britannique, en 1763, pour le meurtre de son second mari. L’horreur de l’exposition de son cadavre dans une cage a, depuis près de 300 ans, marqué l’imaginaire collectif.

Avec La Corriveau – La soif des corbeaux, les artistes se servent de la légende de cette femme, qui était fort probablement une victime de violence conjugale en son temps, pour aborder des thèmes actuels qui méritent réflexion.

« Cette histoire-là a le dos large… Elle entraîne dans son sillon des femmes par milliers, des femmes assassinées, des femmes pointées du doigt pour avoir parlé, pour avoir osé, pour avoir chanté trop fort, pour avoir hurlé à la lune et dansé dans la lumière… Les sorcières d’hier ont mis au monde toutes celles qui brûlent encore aujourd’hui. La seule chose qui a changé, c’est la façon de mourir. » C’est sur cette affirmation coup de poing que le rideau s’ouvre.

Tribunal populaire, sensationnalisme, individualisme, voyeurisme, « fake news », les références aux grands enjeux de notre époque se succèdent au sein du texte né de la plume de Geneviève Beaudet et Félix Léveillé.

Impossible de rester de glace alors que sur scène, on assiste à une vague de dénonciations de femmes qui affirment avoir également été victimes du défunt mari de La Corriveau, mais qui ne sont pas en mesure de le prouver…

Avec leur dose d’humour, les personnages colorés qui se présentent devant nous tout au long du procès viennent balancer la noirceur du sujet abordé. En effet, pendant le spectacle, les rires fusent tout autant que les silences s’imposent.

Sans oublier les 26 chansons originales signées Audrey Thériault, qui naviguent entre le traditionnel et le contemporain et qui deviennent vite des vers d’oreille invitant même parfois à taper des mains.

Au sortir de la salle, les commentaires du public étaient élogieux. Les gens appréciaient les multiples références à la modernité et étaient unanimement impressionnés par le vaste travail de création qui venait de leur être dévoilé. Rencontrée au cœur du centre-ville plusieurs minutes après la fin du spectacle, une spectatrice confiait en avoir encore des frissons.

Un grand défi

Jointe au lendemain de la première, la productrice, metteure en scène et comédienne, Jade Bruneau, a affirmé qu’elle ressentait une immense fierté. « On prépare ce spectacle depuis deux ans et on répète depuis le mois de mai. On se sentait prêt et on avait hâte de le présenter au public. Il y a toute une conjoncture de ce projet avec le temps et le lieu aussi. »

La productrice a salué le travail des auteurs et d’Audrey Thériault à la musique. « Ça ne pouvait pas faire autrement qu’être un match. Ce sont des génies. On est entouré de machines. »

Elle mentionne que le théâtre musical vient répondre à beaucoup de choses qui se passent dans l’actualité. « Les femmes ne sont pas dans une cage, mais elles sont derrière un écran d’ordinateur. C’est puissant être une femme. Tu nais du mauvais côté de la médaille. J’ai envie que le spectacle donne le goût de prendre soin des femmes qui nous entourent. »

Elle souligne que l’histoire de La Corriveau touche aussi à l’intemporel. « Elle raconte d’où on vient. »

Jade Bruneau ne le cache pas, le théâtre musical raconte quelque chose de grave. « C’est une tragi-comédie, c’est nos Misérables à nous. Mais il y a un bel équilibre entre la tragédie, l’humour et la lumière. » 

Attirer les gens pour voir un spectacle en partie tragique, l’été, dans le cadre d’une nouvelle création, s’avérait un réel défi. « Les gens ne connaissent pas les chansons et le texte et les comédiens ne sont pas nécessairement des têtes d’affiche. Mais j’avais confiance en mon public de Lanaudière. Ils sont « game » de rencontrer de nouveaux visages et quelque chose de nouveau. C’était un grand défi, mais je n’ai pas eu peur. »

Pour Jade Bruneau, ce qui permet au spectacle de susciter de l’intérêt, c’est aussi le nom de La Corriveau. « On la connaît, mais pas vraiment. On connaît la légende, mais pas toute l’histoire ou vice versa. »

La Lanaudoise se dit au fait que le Théâtre de l’Oeil Ouvert ne fait pas dans les spectacles à grand déploiement. « On fait dans l’artisanat, dans la dentelle, mais on vient d’ajouter une œuvre au répertoire de théâtre musical québécois et je ressens une fierté sans nom. »

Le théâtre musical met en vedette Jean Maheux, Frédérike Bédard, Renaud Paradis, Frédérique Mousseau, Karine Lagueux, Simon Labelle-Ouimet, Jade Bruneau et Simon Fréchette-Daoust. En arrière-scène, on retrouve les musiciens Marc-André Perron, François Marion et David Terriault.

La Corriveau – La soif des corbeaux est présenté jusqu’au 23 juillet au Centre culturel Desjardins. Le spectacle sera ensuite présenté au Théâtre Le Patriote de Sainte-Agathe-des-Monts et au Carré 150 de Victoriaville. Informations : lacorriveau.ca.

Le théâtre musical est de retour pour de bon

En entrevue avec L’Action, Jean-Sébastien Martin, directeur général du Centre culturel Desjardins, affirme que la volonté du diffuseur était de revenir avec du théâtre musical cet été, mais aussi que cette orientation perdure.

Les premières rencontres entre le directeur général et Jade Bruneau et Simon Fréchette-Daoust, du Théâtre de l’Oeil Ouvert, ont eu lieu il y a environ trois ans, bien avant la pandémie. « Le souhait était de relancer, de rebâtir et de redéfinir la programmation estivale à Joliette. On voulait retourner vers le théâtre musical et se distinguer avec des créations d’artistes enracinés localement. »

Jean-Sébastien Martin souligne que Jade et Simon avaient acquis de l’expérience en participant à de nombreuses productions et comédies musicales et que le diffuseur souhaitait les aider à réaliser une première grosse production.  Le directeur général mentionne qu’il a eu la chance de participer, avec les artistes, à l’idéation de ce spectacle et d’être témoin de la création. « Sur le plan personnel et professionnel, c’est une expérience extraordinaire. »

Il dévoile qu’un plan de match a été établi pour les six prochaines années et que l’objectif est de proposer, en collaboration avec le Théâtre de l’Oeil Ouvert, un théâtre musical une année sur deux. « Notre intention est de travailler pour que l’été, le Centre culturel prenne la niche du théâtre musical avec une signature artistique forte. »

Jean-Sébastien Martin remarque que des créations en théâtre musical au Québec, il n’en existe pas beaucoup. « On fait des adaptions ou on se réapproprie des classiques. Mais là, c’est un geste artistique très fort de venir ajouter une œuvre au corpus théâtral québécois. »

Le défi en proposant une création originale est que les spectateurs n’ont pas de référent. Toutefois, l’avantage de parler de l’histoire de La Corriveau, c’est que c’est justement une légende qui appartient au Québec. « C’est un sujet fort chez nous. On a été emballé par l’idée. C’était très audacieux, mais je suis convaincu que les gens vont apprécier ce spectacle, qu’il va tourner et qu’il va devenir un morceau important de notre répertoire. On a pris un risque, mais les lauriers reviennent au Théâtre de l’Oeil Ouvert. »

La principale motivation de renouer avec le théâtre musical pour le Centre culturel, c’est de faire rayonner Joliette et d’y amener des gens. « Nous sommes très ambitieux. Nous savons que revenir aux belles années du théâtre musical à Joliette, ça va prendre du temps, mais il faut persister et signer et on commence avec un « statement » très fort. »

©Photo gracieuseté - Johanne Lussier - L'Action

©Photo gracieuseté - Johanne Lussier - L'Action

©Photo gracieuseté - Thierry Du Bois - L'Action

©Photo gracieuseté - Thierry Du Bois - L'Action

©Photo gracieuseté - Johanne Lussier - L'Action

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