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07 juin 2022

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Un projet pour initier les rencontres entre Autochtones et Allochtones

«On se rend compte que nous sommes tous pareils!»

Manitokaso

©(Photo gracieuseté)

Des élèves des écoles Otapi, Thérèse-Martin, Barthélemy-Joliette, des Montagnes et de l’Érablière se sont rassemblés à Manawan.

Dans un objectif de rapprochement et de réconciliation, une trentaine d’élèves, provenant de quatre écoles secondaires, ont effectué un séjour à Manawan les 29 et 30 avril dernier. Au cœur de ce projet, nommé Manitokaso, ils ont pu vivre plusieurs activités, développer des liens avec les étudiants de l’école secondaire Otapi, qui les ont chaleureusement accueillis, et en découvrir plus sur la culture atikamekw. 

«C’est l’expérience d’une vie! C’était vraiment enrichissant et je ne regrette vraiment pas d’avoir pris part à ce projet! Ça nous a permis de nous éduquer davantage et de découvrir une nouvelle culture, car nous ne parlons pas beaucoup des peuples autochtones dans nos cours d’histoire», a commenté Maélie, une étudiante du programme Ouverture sur le monde (POM) de l’école secondaire l’Érablière.  

Elle a ajouté que ce séjour lui a permis de mieux comprendre la réalité et le passé des Atikamekw. « Nous avons notre façon de voir les choses, mais là nous avons pu voir comment eux pensent et ce qu’ils ressentent.» Lors de leur séjour à Manawan, les étudiants ont notamment pu rencontrer une dame qui a vécu les pensionnats autochtones et qui leur a transmis un témoignage rempli d’émotions. 

« C’est vraiment là que tu comprends réellement à quel point c’est intense ce qu’ils ont vécu, comment cela les a affectés et que cela a encore des répercussions après plusieurs années », a ajouté l’étudiante.  

L’enseignante à Thérèse-Martin Linda Auger a elle aussi évoqué que c’est réellement lors du séjour à Manawan qu’elle a entièrement compris l’ampleur de la blessure. «C’est là que j’ai saisi à quel point ils ont souffert et que cela fait moins longtemps que l’on pense. De ce que j’ai compris, les pensionnats au Québec sont arrivés plus tard que dans les autres provinces. Ce sont donc certains grands-parents de ces jeunes qui les ont vécus. » 

Manitokaso

©(Photo gracieuseté)

Plus de ressemblances que de différences 

Lors de l’arrivée des élèves à l’école Otapi, le directeur de l’établissement, Sakay Ottawa, les a tout de suite mis très à l’aise. « Il a été super accueillant et chaleureux, il nous a chanté une chanson en Atikamekw et l’une de ses compositions en français aussi », a commenté Charlie qui, elle, étudie à l’école Thérèse-Martin.  

Elle a ajouté qu’au départ, il y avait une certaine timidité entre les jeunes, mais que celle-ci est vite partie pour laisser place à des interactions significatives. La glace s’est notamment brisée lors d’une activité dans laquelle les jeunes se posaient des questions à tour de rôle et apprenaient à se connaître davantage.  

Comme autres activités, ils ont joué au basketball, au volleyball, ont visité le village de Manawan, les écoles, l’église, ont rencontré le vice-chef Sipi Flamand, ont fait des tartes avec les résidents de la maison des aînés et ont pu danser sur la musique du groupe Black Bear, un moment qui a été le coup de cœur de plusieurs. «C’était vraiment impressionnant de voir le tambour traditionnel et le danseur du Pow-Wow avec son habit. Il nous a montré comment danser et nous avons fait un concours », a raconté Antoine de l’école secondaire des Montagnes.  

Manitokaso

©(Photo gracieuseté)

De leur côté, les élèves de l’école Otapi étaient heureux de pouvoir ouvrir les portes de leur école aux autres étudiants. « C’était la première activité depuis plus de deux ans en raison de la pandémie! Nous les avons accueillis avec plaisir et nous avons parlé de nos connaissances autochtones, de notre spiritualité et nous avons raconté notre histoire, du passé jusqu’au présent », a expliqué le président du conseil d’élèves de l’école, James-Isaac Ottawa.  

Selon ce dernier, ainsi que ses camarades Loïc et John-Alexandre, cette rencontre aura contribué à détruire certains préjugés et certaines fausses croyances. Par exemple, certains jeunes allochtones étaient surpris de voir que les jeunes atikamekw s’habillaient de la même façon qu’eux et qu’il n’y avait aucune barrière de la langue puisqu’ils parlaient aussi français.  

«C’est en partie pour cela qu’on voulait faire le tour de Manawan avec eux! Pour leur montrer ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas », a ajouté James-Isaac qui aimerait devenir politicien dans l’avenir pour défendre les droits des autochtones.  

Au final, l’élément qui est le plus ressorti de cette rencontre est que les élèves allochtones et autochtones ont beaucoup plus de ressemblances que de différences. «On se rend compte que nous sommes tous pareils! Nous sommes tous les mêmes ados un peu nonos avec les mêmes trips», a rigolé une des élèves participantes au projet Rosalie Mars. 

Manitokaso

©(Photo gracieuseté)

L’audace de se rencontrer  

Le 27 mai dernier, les élèves participants des écoles Otapi, Thérèse-Martin, Barthélemy-Joliette, des Montagnes et de l’Érablière se sont réunis pour une dernière fois afin de clore la grande aventure qu’a été le projet Manitokaso. 

Après un souper trois services, confectionné par l’école hôtelière de Lanaudière, les jeunes ont pu participer à des animations culturelles avec Philippe Jetté et Karine Echaquan. Cette dernière a narré des contes aux étudiants qui étaient rassemblés en cercle pour l’occasion. « Dans un endroit comme à l’Assemblée nationale, les gens les plus importants sont dans les premières rangées et les moins importants derrière, mais dans un cercle tout le monde est à la même égalité», a expliqué Mme Echaquan.  

Lors de cette soirée de clôture, des photos prises par les étudiants durant les deux jours passés à Manawan ont aussi été exposées. Ils avaient comme mandat de s’inspirer du thème de la réconciliation pour celles-ci. Finalement, des affiches ont été présentées sur ce même thème et un court-métrage a été diffusé pour résumer l’ensemble du projet Manitokaso. 

Celui-ci tient son nom du mot courage puisqu’il représente l’audace de se rencontrer et de briser des barrières. Il a été mis sur pied par les animateurs de vie spirituelle et d'engagement communautaire Geneviève Lange et Ernesto Castro.  

«La mort de Joyce Echaquan a beaucoup ébranlé les élèves. Comme nous avons des étudiants autochtones à Thérèse-Martin et à Barthélemy-Joliette, nous nous sommes demandé comment on pourrait faire rayonner leur culture tout en leur permettant de s’ouvrir aux autres élèves. C’est un peu comme cela qu’est venue l’idée du projet. » 

Dans le cadre de celui-ci, plusieurs autres activités se sont déroulées tout au long de l’année comme une soirée cinéma avec des courts-métrages atikamekw, une journée raquettes et des dîners autochtones mensuels. Les animateurs ont tenu à remercier tous ceux qui ont participé au projet, tout spécialement les jeunes pour leur engagement. Ils souhaitent reproduire l’initiative l’an prochain.  

«Je crois que ce serait une très bonne idée de le refaire parce que ça peut enseigner la réconciliation et c’est une façon d’apprendre, d’ouvrir nos yeux et d’enfin voir », a terminé Eruoma, une élève de Barthélemy-Joliette.  

Manitokaso

©(Photo gracieuseté)

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