Aider les personnes analphabètes à mieux comprendre le monde qui les entoure

  • Publié le 3 avr. 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Action Dignité Lanaudière profite de la Semaine de l’alphabétisation populaire, qui a lieu jusqu’au 7 avril, pour mieux faire connaitre le sujet à la population joliettaine. Sous le thème « Traversons les écrans pour un virage numérique plus humain », l’organisme utilisera ses réseaux sociaux pour introduire son équipe d’alphabétisation et ses services, en plus de présenter quelques témoignages de ses bénéficiaires.

Chapeautée par le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, cette semaine se veut un moyen pour sensibiliser les citoyens à l’analphabétisme. Selon des statistiques compilées par Action Dignité Lanaudière, 54% des résidents de la région sont en dessous du niveau 3 d’alphabétisation sur un total de 5 niveaux. « Ça veut dire que quand elles lisent, les personnes ne comprennent pas le sens de chaque mot et ne peuvent en retirer le message global », déclare Hélène, co-coordonnatrice et responsable de l’alphabétisation pour l’organisme.

Ce dernier offre donc plusieurs ateliers pour les personnes analphabètes afin de les aider à pratiquer leur lecture et leur écriture en abordant des sujets d’actualité ou des thèmes spécifiques. L’une des formatrices, Carmen, mentionne par exemple avoir fait des exercices en lien avec la Journée mondiale de l’eau ou sur la guerre en Ukraine. Elle peut aussi compter sur le travail de ses collègues Line, Francine, Yasmine et Danielle pour former des ateliers qui permettront aux élèves d’apprendre des choses simples qui leur serviront dans leur quotidien, comme de bien remplir un chèque de banque ou de comprendre correctement des factures ou des documents gouvernementaux. « De savoir lire et écrire permet de comprendre le monde, souligne Line. Ce sont des gens qui sont allés à l’école, mais qui ont eu de la difficulté et qui ont quitté jeunes. Donc j’ai remarqué, au fil du temps, qu’ils n’ont pas de notions en géographie, en histoire ou dans pleins de sujets. » Ainsi, même si elles prennent en charge des groupes composés d'environ six apprenants à la fois, les formatrices assurent un enseignement presque individualisé pour respecter les capacités et le rythme d’apprentissage de chacun.

Pour répondre à la crainte de plusieurs personnes analphabètes, l'organisme assure que les formations ne sont pas construites dans le but d’apposer une note aux apprenants ni de leur fournir un diplôme à la toute fin. « Nous ne faisons pas d’évaluations comme tel. Ce n’est pas dans le sens de savoir s’ils ont tout bon, mais plutôt de savoir ce qu’ils doivent retravailler », indique Carmen. L’équipe d’alphabétisation observe d’ailleurs que cette façon de faire motive beaucoup plus les participants. « Ils sont désireux d’apprendre et ils sentent que nous les avons pris en compte », remarque Hélène.

Des outils qui ne sont pas toujours accessibles

Le thème de cette nouvelle Semaine de l’alphabétisation populaire fait le lien avec une habitude instaurée au cours de la pandémie, soit d’utiliser les outils numériques pour poursuivre les formations. L’équipe d’Action Dignité Lanaudière a dû travailler à distance avec ses bénéficiaires afin de leur apprendre l’utilisation de tablettes électroniques. Francine a également utilisé Zoom pour présenter ses formations à ses apprenants plus avancés. « Ça a développé une grande solidarité entre les membres et nous voyons maintenant les effets. Quand quelqu’un est absent, il est moins gêné d’être à distance », raconte Hélène.

Cependant, certaines personnes analphabètes n’avaient pas accès à internet ou n’avaient pas les moyens de se procurer ces appareils. Elles n’ont donc pas pu participer aux ateliers, ce qui a provoqué beaucoup d’isolement. « C’est la coupure avec le lien humain qui est douloureuse pour les personnes analphabètes », ajoute-t-elle. Les formatrices continuent donc de présenter leurs ateliers en présentiel pour améliorer l'expérience des participants. « Les ateliers sont des occasions de rencontres et de créer des liens. Beaucoup voient aussi leur estime de soi s’améliorer », résume Carmen.

Cinquante années de bons services

Action Dignité Lanaudière annonce qu’il fêtera aussi ses 50 ans d’existence. En effet, l’organisme est une initiative de Jacques Patenaude, qui, à ses débuts, a réuni six femmes en situation de pauvreté afin d'organiser des rencontres pour s’entraider et pour aider d’autres personnes. Les participantes ont découvert par la suite qu’elles avaient des lacunes avec le français et c’est ainsi que des ateliers d’alphabétisation ont été créés pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui.

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