Une institution qui a marqué des générations

  • Publié le 13 mars 2024 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Alors qu’elle avait pignon sur rue depuis 47 ans, la Maison du Spaghetti Dupont a accueilli ses derniers clients le 24 février 2024. L’ancien propriétaire, Alain Dupont, et son fils, Raphaël Auger-Dupont, ont accepté de s’entretenir avec L’Action dans le but de relater l’histoire de cette institution connue de tous les Joliettains.

Alain Dupont a la restauration dans son cœur, et ce, depuis un très jeune âge. Il n’avait que 11 ans lorsqu’il a commencé à travailler dans le métier. Son père était lui-même restaurateur d’un Delicatessen, qui se spécialisait dans la préparation de repas avec de la viande fumée. M. Dupont a occupé plusieurs autres postes dans le domaine, mais il chérissait le rêve d’avoir son propre établissement. C’est après avoir visité un Old Spaghetti Factory dans le Vieux-Montréal que le concept de ce restaurant l’a accroché : « Il y avait 450 places assises. Un lundi soir à Montréal, c’était complet avec une file d’attente à la porte! »

Le chef de profession s’est alors intéressé à l’édifice mis en location par Edmond Dugas, un ancien juge et avocat de Joliette. Ainsi commence l’histoire de la Maison du Spaghetti Dupont.

Une popularité foudroyante

Selon les souvenirs du propriétaire, le premier midi du restaurant était calme avec 40 couverts servis : « Après, c’était complet tous les midis ». Raphaël Auger-Dupont précise que, même s’il existait certains compétiteurs à Joliette, la Maison du Spaghetti faisait partie des rares établissements avec une salle à manger, les autres étant pour la plupart des fastfoods. Le lieu a rapidement acquis une forte popularité auprès des clients pour son service, mais surtout pour sa cuisine. « Les recettes existent depuis 47 ans, ce sont mes recettes », confie M. Dupont. D’ailleurs, la sauce à spaghetti du chef était si populaire que l’établissement a permis à ses clients d’en commander pour l’apporter à leur maison, un service qui s’est poursuivi jusqu’à la fermeture.

Alain Dupont se dit convaincu d’avoir servi des millions de personnes : « Pas des milliers ni des centaines de milliers, mais des millions depuis le début de nos activités ». Puisque le restaurant se trouvait devant le Centre culturel Desjardins, il a compté plusieurs artistes célèbres parmi ses clients. « Celui qui m’a marqué le plus est René Angélil. Nous avions développé une bonne relation. Je lui avais prêté mon bureau pour faire des communications », se souvient l’ancien propriétaire.

De plus, l’établissement a pu profiter d’importants événements au cours de sa longue histoire, dont un l’année même de sa fondation. « Je me rappelle que lors des Jeux olympiques de 1976, il y avait une file d’attente interminable! C’était incroyable de voir comment la réception était bonne. »

Puis, vers la fin des années 80, le restaurant a accueilli de nombreux autres visiteurs alors que 10 000 personnes se sont réunies pour assister au spectacle de Diane Dufresne sur les terrains du cégep. « C’était un spectacle fou, comme on peut s’en attendre de Diane Dufresne! », se souvient M. Dupont.

Au service de générations

L’ancien propriétaire le dit sans hésitation, ce qui lui manquera le plus de son restaurant, ce sont ses clients. « J’en ai qui sont là depuis le début et qui reviennent après toutes ces années », déclare-t-il. Son fils partage cet avis : « Autant du côté des employés que des clients, nous avons vu des familles se créer ». Raphaël Auger-Dupont a lui-même beaucoup de souvenirs attachés au restaurant alors qu’il a marché dans les traces de son père. « Les gens me disent qu’ils m’ont vu bébé dormir sur les chaises de la terrasse. Puis, tous les étés, depuis très jeune, je travaille au resto », souligne-t-il.

Les dernières années ont eu leur lot de rebondissements et ont obligé les employeurs et leurs employés à s’adapter, notamment avec une nouvelle offre de commande pour emporter. Les heures d’ouverture ont également été réduites. « C’était un mélange de réouverture avec une économie différente et une problématique de personnel qui a conduit à cette décision », précise M. Auger-Dupont.

L’idée de mettre la clé à la porte dans le but de permettre au propriétaire de prendre une retraite méritée circulait déjà dans leur tête. Raphaël Auger-Dupont étant déjà très occupé au sein d’une entreprise d’importation de vins, son père ne voulait pas risquer de le céder à une autre personne. « La restauration, soit on l’a profondément en nous ou on ne l’a pas. C’est une question de qualité de services et de nourriture. C’est ce qui nous a menés vers la sortie », affirme Alain Dupont.

La vente de l’édifice était imminente selon son fils, et la fermeture du restaurant était, en quelque sorte, conditionnel à la vente de l’immeuble. « Ça fait un petit bout que nous sommes décidés à vendre la bâtisse en prévision de la retraite de mon père. C’était convenu depuis longtemps que quand ce serait fait, le resto fermerait ». Raphaël Auger-Dupont avoue aussi que puisque le nom de son père était associé à l’établissement et aussi aux recettes, le transfert du restaurant à une autre personne aurait été compliqué.

En terminant, les deux hommes souhaitaient sincèrement remercier tout le personnel et la clientèle pour leur fidélité : « Merci de nous avoir épaulés durant ces 47 années ».

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