Quand zoothérapie et éducation spécialisée s’allient pour le bien-être des jeunes 

  • Publié le 20 août 2025 (Mis à jour le 20 août 2025)
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Photo gracieuseté
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Au cœur de la Ferme Résilience, située à Sainte-Mélanie, Jacinthe Paquette a choisi d’allier sa passion pour les animaux à sa profession d’éducatrice spécialisée afin de faire une différence dans la vie de plusieurs jeunes. Portés par leur amour pour la biodiversité, elle et Louis-Félix Tessier ont bâti, au fil des ans, un lieu qui valorise la permaculture, l’apprentissage par la nature et l’épanouissement personnel grâce à des liens créés avec les animaux. 

« C’est vraiment le rêve de ma vie qui se réalise! J’ai toujours voulu avoir une ferme éducative avec de multiples volets d’intervention. Je suis fière de pouvoir aider les jeunes de plein de façons différentes, c’est mon objectif premier », a mentionné celle qui cumule plus de 25 années d’expérience en éducation spécialisée et qui est également intervenante en zoothérapie.   

En entrevue avec L’Action, Jacinthe Paquette a d’ailleurs tenu à transmettre une autre vision de la zoothérapie. « Pour moi, ce n’est pas un métier comme tel, c’est une modalité d’intervention qui vient s’ajouter à une profession. L’animal n’est pas le thérapeute, il agit comme un médiateur entre le patient et le professionnel qui, lui, conduit l’intervention. » 

Généralement, les services de zoothérapie à la Ferme Résilience se font de façon individuelle avec une clientèle jeunesse. Cependant, il arrive que Jacinthe reçoive des groupes d’adultes en collaboration avec des organismes, comme les Répits de Gaby ou la Société de l’Autisme Région Lanaudière, pour des activités spéciales.  

L’objectif est l’amélioration du bien-être physique, émotif, social et cognitif. « Lors des interventions individuelles, les problématiques tournent souvent autour de la gestion des émotions, de l’anxiété et des interactions avec les autres. Je cible la problématique et j’établis un plan d’intervention. »  

Au cours de la séance, qui dure généralement une heure, le jeune peut choisir l’animal avec lequel il souhaite travailler. L’éducatrice spécialisée observe alors les échanges et les comportements, puis elle guide ses interventions à partir de ceux-ci. L’animal agit ainsi comme un motivateur de changement.   

De grands rôles pour de petites bêtes 

Jacinthe raconte d’ailleurs que Légo, un poney Shetland, a fait une belle différence dans la vie d’une jeune fille qui vit des crises d’épilepsie à répétition et qui a une santé fragile. « Elle est souvent à l’hôpital et sa mère m’a déjà dit que lorsqu’elle vit des périodes difficiles, elle pense à Légo. Elle se remémore ces moments où elle était bien avec lui et cela l’aide à passer à travers! » 

Pour un autre jeune, qui avait vécu énormément d’intimidation au cours de son primaire et même de la violence physique, ce sont les poules qui ont joué un grand rôle. « Quand il arrivait ici, il était chargé d’émotions qu’il n’était pas capable de gérer. Il allait s’installer avec les poules et c’était sa façon de relaxer, ça devenait une forme de méditation. Quand il était prêt, il venait ensuite me voir pour qu’on commence à parler. »  

Ce jeune garçon représente l’une des grandes fiertés de Jacinthe. Au début, il faisait tellement peu confiance aux adultes qu’il ne répondait que par des signes de tête. Puis, après environ deux ans, il a réussi à s’ouvrir et a pu poursuivre son parcours avec une psychologue. « Le fait de passer par une approche non traditionnelle a été comme un tremplin pour lui. Aujourd’hui, il a terminé toutes ses thérapies et est devenu un ado super confiant, impliqué et sportif! » 

Jacinthe Paquette a expliqué qu’elle est travailleuse autonome, mais qu’elle est affiliée à la clinique multidisciplinaire Synodia. Ce qui lui permet de travailler en collaboration avec d’autres professionnels de la santé et de pouvoir référer des patients, comme cela a été le cas pour ce jeune homme.  

En partenariat  

Jacinthe forme aussi une grande équipe avec ses animaux qu’elle ne considère pas comme des outils de travail, mais comme des partenaires. Il est primordial pour elle qu’ils se sentent bien avant tout. « Je leur demande toujours s’ils ont envie de venir travailler avec moi et si je vois qu’un animal n’est pas à l’aise dans une intervention, je le laisse tranquille! » 

Les animaux partenaires d’intervention en zoothérapie (APIZ) sont soigneusement sélectionnés pour leur caractère calme, social et pour leur amour des humains. En plus de Légo, qui approche de la pré-retraite, elle travaille également avec Fée, un cheval Canadien et Moogli, un poney Welsh. « Ils sont magnifiques! Légo a été rescapé par une amie, il avait été négligé par le passé et maintenant, il est juste reconnaissant d’avoir de l’attention. Fée, elle, c’est la cheffe du troupeau, elle s’assure que les poneys sont en sécurité et Moogli, c’est un petit tannant qui joue des tours! » 

À la Ferme Résilience, on peut aussi trouver Gandalf, un majestueux Berger blanc suisse, des lapins, des chats ainsi que 14 poules, qui portent toutes des noms de personnages d’Harry Potter, et qui ont des races différentes et peu connues.  

« On ne le réalise pas, mais on peut faire plein de parallèles avec l’humain en travaillant avec les poules. Par exemple, un jeune veut attraper la poule, elle part en courant, il ne réussit pas et cela crée de la frustration. On peut alors aborder la gestion des émotions et se demander comment faire pour qu’elle vienne vers nous, pour créer un lien, pour respecter ses limites et après transposer cela avec la vie sociale. »  

Deux volets éducatifs 

Un autre aspect majeur de la Ferme Résilience réside dans sa dimension éducative. Les visiteurs ont notamment la possibilité d’y vivre une initiation auprès des chevaux. « Les jeunes vont les brosser et prendre contact avec eux avant de peut-être monter sur leur dos. » Jacinthe a ajouté qu’il s’agit d’une belle façon de se familiariser avec l’équitation avant de s’inscrire à des cours. « Certains jeunes vont se rendre compte que ce qu’ils aiment finalement, c’est simplement de créer un lien avec les chevaux sans les monter et pour d’autres, cela vient confirmer leur désir de pratiquer l’équitation. » 

La Ferme Résilience accueille aussi les ateliers Lecture nature, organisés en partenariat avec le Conseil régional en environnement (CRE) Lanaudière et financés par le CREVALE. À l’origine, il s’agissait d’un club de lecture pour les tout-petits, qui se déroulait dans les bibliothèques et qui était ponctué d’activités liées à l’environnement. 

« J’avais approché le CRE Lanaudière et suggéré de faire le projet à la ferme! Ils ont accepté et nous avons pu bonifier l’initiative », a expliqué Jacinthe. Ces ateliers se déroulent désormais sur une journée complète d’activités, lorsque le calendrier scolaire le permet. Les enfants y pratiquent la lecture, mais aussi les mathématiques ou les sciences, toujours de façon ludique et en pleine nature. « Ils ne s’en rendent même pas compte ! »  

Au cœur de ces journées, Jacinthe utilise également les jardins de la Ferme pour transmettre des notions, par exemple, sur les différentes parties des plantes, les semences ou le rôle crucial des insectes pollinisateurs.  

Même si le fait d’avoir autant d’animaux vient avec son lot de responsabilités, Jacinthe se considère très privilégiée d’avoir bâti cet environnement et a encore plusieurs autres projets en tête! 

Sauvegarde du patrimoine végétal  

Pour ce qui est des jardins, c’est le domaine de Louis-Félix Tessier. Celui-ci s’amuse notamment à effectuer des recherches expérimentales en lien avec la biodiversité. Il cultive entre autres une vingtaine de variétés d’ail et quelques légumes moins connus ou oubliés tels que l’oignon-patate. « Je m’amuse à faire des récoltes un peu inusitées, c’est une façon de sauvegarder le patrimoine végétal. Cela fait partie de notre mission, tout comme la sauvegarde de semences. » 

Louis-Félix Tessier fait d’ailleurs partie de ceux qui ont instauré la bibliothèque de semences à Sainte-Mélanie et le jardin collectif. « Ça permet d’initier les gens à l’agriculture et de faire découvrir de nouvelles variétés! » 

Jacinthe, Moogli, Louis-Félix et Gandalf. Photo Médialo- Mélissa Blouin

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