Incursion dans le quotidien atypique des travailleurs de rue

  • Publié le 25 mars 2025 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 4 minutes

À une période où des enjeux sociaux tels que l’itinérance ou les problèmes de santé mentale et de consommation touchent la population, celle-ci peut compter sur le soutien des travailleurs de rue. Ces intervenants, qui servent tantôt de personnes-ressources, tantôt de confidents, ont un rôle indispensable dans le quotidien des Joliettains, peu importe leur âge.

« Notre mission est de rejoindre les populations vulnérables ou à risque de l’être et de favoriser leur autonomie et leur mieux-être », résume Richard Lefebvre, coordonnateur clinique pour l’organisme L’OTRE (anciennement connu sous le nom de L’Association pour les jeunes de la rue de Joliette).  Il y a plusieurs années, il a choisi d’œuvrer en tant que travailleur de rue afin de « faire une différence dans [sa] communauté ».

Ce qui lui plait depuis toujours dans son emploi est la diversité des interventions auxquelles il peut participer. Les travailleurs de rue font affaire avec une clientèle d’âges distincts. Ils peuvent notamment être appelés par des personnes qui sont en peine d’amour, mais aussi par d’autres qui ont des problèmes de consommation. « Il faut aimer la spontanéité et avoir la capacité de s’adapter dans la pratique », admet Richard.

Accompagner dans les hauts et les bas

D’ailleurs, quelles compétences faut-il avoir pour être travailleur de rue? Richard répond que diverses formations sont disponibles. Certaines concernent un métier à part entière, comme travailleur social, alors que d’autres aident à intervenir dans des cas précis comme la toxicomanie, l’adolescence ou la criminalité. Il n’existe pas de parcours typique : « Dans mon équipe, j’en ai qui ont une formation académique et qui ont suivi des stages, alors que d’autres ont du savoir expérientiel. Ceux-là savent utiliser leur vécu en intervention ». Cependant, si un employé a besoin d’une formation particulière, l’organisme l’aide à y avoir accès.

La personne doit toutefois être à l’aise de rencontrer des individus qui sont confrontés à toutes sortes d’enjeux de société. En effet, les situations qui touchent le territoire joliettain concernent notamment des problèmes d’itinérance ou de logement, de santé mentale, de toxicomanie et parfois de travail du sexe. « Ce n’est pas fait pour tout le monde parce qu’il y a des situations où nous sommes impuissants », reconnait Richard. Il ajoute que, bien que les travailleurs de rue aillent à la rencontre de personnes sur le terrain, la plupart du temps, ce sont ces dernières qui font la demande d’un entretien avec un intervenant. Ainsi, elles demandent de l’aide quand elles se sentent prêtes, et ce de façon confidentielle. Le coordonnateur clinique déplore néanmoins un fort roulement de personnel, qui empêche la consolidation de liens de confiance avec la population : « Il faut qu’il y ait une récurrence et que ce soient les mêmes intervenants qui intègrent le milieu ».

Un horaire peu commun

Les travailleurs de rue sont aussi habitués à un quotidien changeant alors que les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas nécessairement. Richard Lefebvre raconte que sa première action est habituellement de prendre ses messages et de voir si un individu requête son aide. Sinon, il sort « routiner » : « Ça veut dire aller observer notre terrain, voir s’il y a de nouveaux visages en ville, etc. » Il fait donc le tour des bars, des commerces, des organismes et des parcs. En revanche, les travailleurs de rue réservent dans leur horaire un moment sur l’heure du midi pour se déplacer près des écoles ou aux Galeries Joliette. Le but est de se faire remarquer par les jeunes et d’être attentif à tout signe d’interventions. « C’est aussi important de voir que de se faire voir. Ce n’est pas tout le monde qui voudra m’appeler, alors c’est pour ça qu’il faut aller dans le milieu », souligne Richard.

Ce dernier note que d’autres moments dans l’année entrainent plus d’appels. Il donne comme exemple la rentrée scolaire, qui pose parfois problème alors que certaines personnes peinent à acheter les articles scolaires demandés. Durant la période des bals de finissants, l’assistance des travailleurs de rue est souvent demandée par les adolescents pour éviter les dérapages. Ainsi, il n’est pas rare que les intervenants soient invités à venir porter des préservatifs ou de la naloxone lors de soirées d’après-bal. Pour ce qui est des vacances d’été, ils sont occupés à discuter avec des jeunes qui présentent une démotivation à l’idée de retourner à l’école. Le mois de février connait également son lot d’appels alors que les renouvellements de bail créent beaucoup d’angoisse à des locataires qui se questionnent sur leurs droits.

Bien qu’il arrive que les travailleurs de rue interviennent pour certaines situations d’urgence comme des surdoses, Richard Lefebvre nuance que ça ne fait pas partie de leur quotidien : « Nous traitons plus les sentiments d’urgence. » Si un individu est en crise ou présente des signes suicidaires, les intervenants ont le pouvoir de lever le drapeau lorsqu’ils ont des doutes, mais ne peuvent faire eux-mêmes l’évaluation. Le coordonnateur clinique mentionne que l’organisme reçoit parfois des appels de commerçants les avertissant qu’une personne est en crise dans leur établissement. « Si c'est le cas, ça se peut qu’elle ne me reconnaisse même pas! Ce n’est pas nous qu’il faut appeler, c’est la police! »

Peu importe l’intervention ou la situation qui se présente devant lui, Richard Lefebvre apprécie son rôle de travailleur de rue. Il se considère comme privilégié d’accompagner les Joliettains face à leurs problèmes, mais aussi de célébrer avec eux leurs accomplissements.

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