Pour la première fois depuis les débuts du Festi-Glace, en 1982, la saison de patinage sur la rivière L’Assomption a été annulée. La MRC de Joliette a annoncé à contrecœur cette décision puisque l’hiver n’a malheureusement pas contribué à la formation d’un couvert de glace sécuritaire et que la perspective d’une saison de glisse était mince.
Les expertises effectuées par Hydro Météo sont sans équivoque, le processus de formation de la glace a été exceptionnellement malmené depuis le début décembre. Président chez Hydro Météo, Pierre Corbin a expliqué en entrevue avec L’Action que le temps doux et les importantes chutes de neige se sont enchainés au cours des mois de novembre, décembre et janvier.
« Les dernières analyses ne permettaient pas de mettre de la machinerie sur la glace. La neige, c’est la précipitation qui nuit le plus à l’épaississement de la glace. On a aussi eu sept journées avec une température au-dessus de 0°C en décembre. »
En plus des quantités de neige nettement au-dessus des normales (172 cm à ce jour, dont 101 cm en décembre seulement) et de l’absence de froid soutenu, deux autres phénomènes ont contribué à l’annulation de la saison. Deux crues significatives et un débit plus élevé que la normale ont notamment été observés en décembre et janvier et la glace primaire a été formée de façon très friable.
Le géographe physicien a ajouté que les années se suivent, mais ne se ressemblent pas nécessairement. Ainsi, il n’y a aucune certitude quant au fait que la situation actuelle se reproduira l’an prochain. « Ce n’est pas demain qu’il n’y aura plus de glace sur la rivière, l’année dernière avait été une bonne saison, on avait même eu droit à une cinquantaine de journées de patinage. »
Toutefois, Pierre Corbin insiste sur l’importance de changer ses habitudes et de ne pas se mettre des œillères. « Depuis dix ans, on voit un changement. La moyenne de jours de patin diminue et c’est de plus en plus difficile d’avoir des conditions gagnantes et une patinoire rapidement. Hydro Météo est présent sur la rivière L’Assomption depuis 30 ans et on assiste à des phénomènes qu’on ne voyait pas avant. »
M. Corbin mentionne par exemple la crue de décembre 2020. « On avait perdu tout le couvert de glace entre Sainte-Mélanie et le fleuve. C’était la première fois qu’on voyait une telle débâcle complète. Les événements qui se produisaient plus au sud du fleuve commencent à monter au nord. On s’en va vers ça. »
Pour le président, il est certain que les nouvelles réalités climatiques auront des impacts pour plusieurs activités hivernales, comme la pêche blanche, qui seront plus à risque. Il a d’ailleurs tenu à livrer un message important aux citoyens, soit de ne plus se fier aux dates pour aller sur la glace. « Ce n’est plus un indicateur fiable. La météo est plus douce. Tout est décalé. Ça prend plus de temps pour aller chercher la même épaisseur. Il faut être à l’affût. »
La MRC de Joliette a renchéri en lançant un appel à la prudence et en demandant aux citoyens d’éviter de s’aventurer sur la rivière et sur ses berges. Elle a aussi voulu rassurer la population en mentionnant que les endroits où bouger ne manqueront pas cet hiver malgré cette annulation.
« Une foule d’activités en plein air s’offrent aux citoyennes et citoyens, que l’on pense aux sports de glisse, au patin sur glace ou même à la randonnée en raquette, les infrastructures extérieures sont nombreuses sur notre territoire. Profitons-en pleinement», a terminé le préfet suppléant de la MRC de Joliette, Pierre-Luc Bellerose.
Quelques moments marquants du Festi-Glace
1982 : L’organisation de la première édition du Festi-Glace sur la rivière L’Assomption est entamée.
1990 : La Corporation de l’Aménagement de la Rivière L’Assomption (CARA) devient responsable d’organiser et de coordonner le Festi-Glace.
1992 : Roger Coulombe s’installe sur la rivière avec sa cabane à beignes à la hauteur des Champs-Élysées à Notre-Dame-des-Prairies. Cela prendra quelques années avant que ses beignes obtiennent la popularité qu’on leur connait aujourd’hui.
2002-2003 : La saison a duré un total de 74 jours, soit du 30 décembre au 16 mars. Ce chiffre se situe parmi les plus hauts et pourrait représenter un record.
2005 : Le Festi-Glace devient une étape nord-américaine de marathon sur glace et marque ainsi un moment important de son histoire en présentant la première édition.
2008 : La première édition du concours de sculptures sur glace s'est tenue et c’est l’œuvre "Plaisirs d'hiver éclatants" de Luc et Yan Legris qui a fait l'unanimité auprès du jury et du public. Du côté du concours de mode canine, qui lui se déroulait depuis quelques années déjà, c’est un pinscher déguisé en Batman qui a remporté le concours.
2015 : La MRC devient responsable d’assurer la gestion et l’entretien de l’infrastructure récréative hivernale.
2018 : Bien que la patinoire n’ait été ouverte que dix jours, le Festi-Glace a attiré pas moins de 70 000 personnes pour sa 36e édition. Alexandre Despatie était le porte-parole.
2021-2022 : Le Festi-Glace est annulé en raison de la pandémie, mais la glace a tout de même été entretenue pour les patineurs.
« Le moment phare du festival, c'est lorsqu'on se retrouve à plusieurs milliers sur la glace lors de la soirée d'ouverture pour contempler le feu d'artifice. 5000 personnes sur une rivière gelée à vibrer au son de la musique et à contempler le feu d'artifice, les amuseurs de foule et les artistes sur la scène. Une petite fringale ? Pas de problème, la cabane à beignes est là pour nous…En espérant que le tout reprenne en 2024. » – Médéric Lavallée
« Le temps passé avec mes trois petits-enfants et les voir patiner parce que moi je ne patine pas haha! » – Annemary Kwakernaat
« Les marches en gangs, renouer avec des connaissances et finir le parcours avec un sac de beignes, un moment satisfaisant. » – Christian Allard
« Un chocolat chaud en patins chez Henri la patate ! » – Caroline Marsolais
« Le temps passé avec les amies c’était tellement le fun. Ce sont des beaux souvenirs, mais faut pas oublier les p’tits beignes ! » – Stephanie Menard
« Sans doute s’arrêter pour aller manger les meilleurs beignes, chauds et réconfortants. » - Britany Malouin