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07 février 2024

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Simon Laporte a couru 6 km tous les jours pendant plus de 48 ans

Dépassement de soi

Simon Laporte

©(Photo gracieuseté)

Simon Laporte lors de sa dernière journée de course. Il porte son chandail du 24 heures d’Alma de 1988.

Pendant plus de 48 ans, Simon Laporte a couru un minimum de 6 km, tous les jours, sans exception. Peu importe la température ou les circonstances, l’athlète de Notre-Dame-des-Prairies respectait cet engagement quotidien depuis le 10 novembre 1975. C’est finalement le 3 janvier dernier, qu’il a mis fin à sa séquence de 17 586 jours consécutifs.  

« J’étais soulagé d’arrêter, car j’avais une douleur à la hanche et ça n’avait plus d’allure. J’aurais cessé bien avant, mais je voulais absolument me rendre à 48 ans! » Avec sa série quotidienne de courses, l’homme de 72 ans a parcouru une moyenne de 15,4 km par jour et une distance totale de 271 172 km, ce qui équivaut à près de sept fois la circonférence de la Terre. « Je ne peux pas avoir de regrets, car j’ai fait tout ce que je pouvais et je suis même allé au-delà de mes capacités! » 

C’est en 1972, alors que M. Laporte étudiait à l’Université de Montréal, qu’il a commencé la course à pied. Il se cherchait un passe-temps pour l’été et s’est souvenu qu’il avait beaucoup aimé cette discipline, lorsqu’il l’avait essayée au secondaire, et qu’il avait bien performé, « j’avais terminé troisième de ma classe! » 

Il s’était alors donné comme défi de courir le plus longtemps possible et graduellement, il s’est aperçu qu’après 30 minutes, il n’était plus fatigué. « J’étais en endurance aérobie, on appelait ça le second souffle, je pouvais courir tant que mes muscles n’étaient pas fatigués, je m’étais rendu à 2 h. » Il a ensuite pris part à des compétitions comme des crosscountrys à travers la région et le 20 km du Parc Lafontaine. 

À la suite de ses études, en 1975, M. Laporte a décidé de prendre une pause de cinq mois, avant d’intégrer le marché du travail, pour visiter l’Europe. Au cours de ce voyage, il voulait en profiter pour courir 2000 miles (3218,7 km) en cinq mois. « Je faisais cependant attention de ne pas courir tous les jours, car je l’avais fait pendant 217 jours d’affilée en 1974 et je ne voulais pas me réembarquer là-dedans! » 

Toutefois, vers la fin de son voyage, il lui est arrivé certaines péripéties, comme un vol, qui lui ont fait prendre du retard dans son objectif de 2000 miles. Pour être certain de l’atteindre, il s’est résigné à courir quotidiennement.    

C’est donc le 10 novembre 1975, en courant 7 miles (11 km) au Jardin des Plantes de Paris, que M. Laporte a entamé une série de courses qui allait prendre une ampleur insoupçonnée! « Quand je suis revenu au Canada, j’avais déjà fait 18 jours. Je revenais de voyage, c’était un peu déprimant et je n’avais rien à faire, alors pourquoi arrêter ? »  

Il se souvient avoir lu, un peu plus tard, un article sur un Californien qui allait compléter son 3010e jour consécutif en septembre 1976. « Je me suis dit: Il n’est pas sérieux, 3000 jours? J’espère que je ne ferai jamais ça, il est malade! » 

Courir dans toutes les circonstances 

Les jours ont commencé à s’accumuler et M. Laporte n’a jamais manqué ses rendez-vous quotidiens, même lors d’événements importants. « J’ai quatre enfants et mon premier s’est fait attendre! Je commençais à penser que j’allais manquer ma journée de course s’il ne voulait pas sortir, mais il est finalement né à 17 h et j’ai pu y aller! Les trois autres sont tous nés pendant la nuit! » 

Il a aussi surmonté les pires conditions météorologiques, comme la crise du verglas. « Je n’haïssais pas affronter la température, c’était le fun! Le plus froid que j’ai couru, c’était à -37°C, en plus, j’avais oublié de mettre mon capuchon pour me protéger les joues! » Le Prairiquois a cependant précisé qu’il préférait courir au froid, qu’à la chaleur.  

« J’ai déjà couru à 33°C quand je faisais de la fièvre, je pensais que j’allais crever là, mais ça a passé et à la fin j’allais mieux! » Il a ajouté, en plaisantant, qu’il ne pouvait pas se permettre de boire de l’alcool trop souvent et d’être en lendemain de veille. « Quand ça arrivait, je courais quand même et en revenant j’étais en super forme! » 

Courir lui procurait aussi une sorte de stabilité et lui permettait de vivre une retraite. « J’ai un commerce où il arrivait toutes sortes d’aventures, mais en courant, je pensais juste à mon chronomètre et à ce que je voyais, une auto qui passe ou un oiseau qui chante, tu rêvasses et c’est relaxant», a commenté le président de Kanatrac.  

Ce dernier a atteint le plateau des 10 000 jours consécutifs le 27 mars 2003. « Mes enfants avaient préparé une petite fête avec un trophée! Je me sentais bien et j’étais en forme, je ne voyais pas de raison d’arrêter! J’avais la curiosité de voir jusqu’où je pouvais encore aller. » Il a donc décidé de se rendre à 20 016 jours, « je suis un gars de chiffres et d’informatique et je trouvais que 16 était un beau nombre, car le système binaire utilise la base 2. » Ce nouvel objectif l’aurait amené au 28 août 2030. 

Il a donc continué de courir en empruntant ses trajets préférés, soit au Cégep à Joliette, à Thérèse-Martin, dans le rang Ste-Julie et à Base-de-Roc. Il a aussi eu la chance de courir dans des endroits spectaculaires comme les Alpes, les Rocheuses ou les Grandes Plaines canadiennes. Mais il a également couru à des endroits plus difficiles ou inusités comme le long d’une voie d’accès à l’aéroport!   

M. Laporte faisait constamment le décompte du nombre de jours qu’il lui restait avant d’arriver à son objectif, mais au mois d’août 2022, il a commencé à avoir mal au genou. Puis, l’été suivant, c’est l’état de sa hanche qui s’est dégradé en raison d’un début d’arthrose.  

« J’aurais arrêté, mais je voulais absolument me rendre à 48 ans, car 47 c’est un nombre premier et ce n’est pas beau! Je devais donc courir jusqu’au 9 novembre 2023. » Étant un homme de défis, il a atteint cette date importante. « J’étais content, mais je me disais que je ne pouvais pas arrêter non plus avant le 31 décembre, que je devais compléter l’année du calendrier et toucher à 2024! » 

En décembre dernier, cela devenait de plus en plus difficile, « je me couchais le soir et je me demandais si j’étais pour faire ma distance minimale de 6 km le lendemain, mais une fois parti, ça allait bien! » Puis, le 31 décembre, il a pris la décision de faire sa dernière course le 2 janvier 2024, pour une série d’une durée totale de 48 ans et 54 jours. Ce qui le place dans le top dix international des plus longues séries effectuées.  

Lors de cette dernière journée, il a couru 8 km le matin et 3 km le soir pour atteindre un total de 11 km, comme lors de la première journée à Paris. Lui qui avait toujours mis son cadran pour courir le matin, en profite maintenant pour dormir un peu plus longtemps! 

Une panoplie d’exploits 

En plus de cette impressionnante série de courses, M. Laporte a effectué plus de 35 marathons. Dont un qu’il a complété en 2 h 36 en 1979. « J’étais à mon summum, six jours plus tard, j’ai fait ma meilleure course en réalisant un 20 km en 1 h 08 et 53 s, j’étais une minute derrière les meilleurs du Québec! » Chaque fois qu’il effectuait un marathon, il réussissait, malgré les embûches, à terminer en bas de 3 h 30. Il avait donc pris la décision qu’il arrêterait d’en faire, lorsqu’il dépasserait ce temps. C’est finalement en 2002 qu’il a franchi cette limite en établissant un temps de 3 h 32.  

Il a toutefois fait quelques exceptions et a récidivé en 2006 alors que son ami Paul-Henri Bergeron fêtait son 80e anniversaire et qu’il l’avait invité à faire un marathon. Dix ans plus tard, il en a fait un autre pour célébrer les 90 ans de ce même ami! Puis, c’est en 2017 qu’il a effectué son dernier marathon afin d’accompagner sa fille qui, elle, en était à sa première expérience.  

En plus des marathons, le Prairiquois a aussi réalisé 23 compétitions de 24 h, « j’ai découvert ça en 1982, c’est une tout autre discipline vraiment différente! Au bout de 8 heures à courir tu n’en peux plus et c’est là que la vraie compétition commence!» Il a réussi à parcourir 201 km lors de l’une de ces courses de 24 h.  

Pour pousser l’exploit un peu plus loin, il a également pris part à deux compétitions de 48 h! « J’aurais voulu en faire avant, mais il n’y en a pas beaucoup! J’en ai finalement trouvé une au nord de Dallas. » Il a effectué 303 km lors de celle-ci. « Quand j’étais fatigué, je dormais 20 minutes. Sur 48 h, j’ai seulement arrêté un total de 2 h. » Il a expliqué qu’il y a beaucoup de stratégie dans ce type de course et qu’il faut penser à gérer son repos, son alimentation et à alterner la marche et la course. Il a d’ailleurs gagné une course de 48h en 1998.  

L’esprit compétitif a toujours été ce qui alimentait M. Laporte, cependant son objectif n’était pas de terminer premier, mais plutôt de donner le meilleur de lui-même. « C’est ce que j’aime quand tu fais une compétition, tu le ressens physiquement que tu as donné ton maximum! La course aide aussi au point de vue moral et quand le corps est bien oxygéné, c’est plus facile de se concentrer! » 

Simon Laporte

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Simon Laporte lors de son passage dans les bureaux de L’Action.

Commentaires

9 février 2024

Micheline Desrosiers

Félicitations Simon tout un exploit et quelle persévérance. Une fierté pour un gars originaire de St-Félix

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