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03 mai 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Les organismes souhaitent une meilleure cohésion pour la lutte à l’itinérance

Collaboration entre les milieux

Itinérance

©archives

« Même si l’itinérance existait, elle était un peu moins visible », constate le maire de Joliette, Pierre-Luc Bellerose.

Autant du côté des élus municipaux que des organismes, toutes sortes de moyens sont pris pour tenter de freiner l’itinérance au sein de la ville de Joliette. Malgré cela, les groupes communautaires s’entendent pour dire que ce qui les empêche d’assurer un soutien efficace des bénéficiaires est le manque de cohésion entre les différents acteurs. Les responsables de deux organismes, tout comme le maire de Joliette, ont accepté de rencontrer le Journal pour discuter du sujet.

Le manque de logements, l’inflation et les problèmes de santé mentale touchent à plusieurs niveaux les personnes en situation d’itinérance. Cette problématique exerce une pression monétaire importante sur les villes. C’est ce constat qui a convaincu le maire de Joliette, Pierre-Luc Bellerose, de trouver des solutions pour améliorer la situation. En participant à une rencontre du Comité municipal de l’itinérance, présidé par le maire de Québec, Bruno Marchand, les élus rassemblés ont pu discuter du sujet avec le ministre Lionel Carmant et ont demandé l’élaboration d’une étude pour évaluer les coûts réservés par les municipalités pour l’itinérance.

« Il y a deux volets. On veut, autant que faire se peut, répondre à des besoins des personnes en situation d’itinérance, mais aussi préserver le sentiment de sécurité de nos citoyens et visiteurs », explique M. Bellerose. Pour ce premier volet, la Ville a mis en place des initiatives, entre autres pour répondre au manque de logements. Elle a donc créé un fonds spécial pour consacrer une partie du budget à la construction ou à la rénovation de bâtiments sociaux. Des millions de dollars ont déjà été investis et Joliette essaie d’attirer des promoteurs pour construire des logements abordables. « Les promoteurs sont de plus en plus sensibilisés à ce genre de besoins », constate Pierre-Luc Bellerose.

La Ville de Joliette a également reçu de multiples commentaires de citoyens qui avouaient ne pas se sentir en sécurité dans le centre-ville. « Même si l’itinérance existait, elle était un peu moins visible. Quand on se promène au centre-ville aujourd’hui, on voit des gens qui dorment aux côtés des bâtiments ou qui ont des échanges non sollicités avec des citoyens », remarque le maire. Une firme de sécurité a donc été embauchée pour assurer une présence plus ponctuelle d’agents et la luminosité nocturne a aussi été améliorée. « Nous avons déployé des efforts, mais, comme villes, nous sommes limitées dans nos actions », souligne M. Bellerose.

Constat sur le terrain

Joliette est un centre névralgique pour les organismes communautaires, dont plusieurs travaillent dans le secteur de l’itinérance. La Maison Roland-Gauvreau et l’Association pour les jeunes de la rue (AJRJ) œuvrent dans cette optique, la première en hébergeant des jeunes et l’autre, en intervenant directement dans la rue pour donner des références personnalisées à ceux dans le besoin. Pour la directrice générale de l’AJRJ, Marie-Ève Ducharme, il est important de discerner la sécurité réelle et le sentiment de sécurité : « Je ne crois pas que notre centre-ville est moins sécuritaire, mais est-ce que les gens s’y sentent moins en sécurité, probablement. »

Les deux organismes collaborent régulièrement avec la Ville de Joliette et notent une très bonne relation avec les représentants municipaux. Sylvain Daneault, le coordonnateur de la Maison, considère qu’elle est « très présente et investie » sur les sujets qui concernent l’itinérance. Il souligne d’ailleurs qu’elle a participé à une rencontre en prévision du 1er juillet et des problèmes d’accès aux logements. De son côté, Mme Ducharme considère aussi que le partenariat entre son organisme et la Ville « est formidable ». Ce que déplorent les responsables est principalement le manque de communication ou de liens établis entre les groupes communautaires et les instances gouvernementales, qui sont parfois portés à se lancer la balle.

Sylvain Daneault

©Jason Joly - L'Action

La Maison Roland-Gauvreau héberge temporairement des jeunes de 18 à 30 ans le temps qu’ils trouvent les ressources nécessaires pour surmonter leurs défis.

Pour les organismes, il est difficile de prouver qu’il y a une réelle augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance, mais la directrice de l'AJRJ constate qu’elles sont plus marginalisées. L’itinérance n’est toutefois pas qu’une question de revenus ou de logements. La santé, particulièrement la santé mentale, fait aussi partie de la problématique, mais Sylvain Daneault ne considère pas que la situation est nouvelle. « La maladie mentale a toujours été présente, mais ça s’est dégradé. Elle s’est de plus en plus chronicisée », précise-t-il, avant d’ajouter qu’il remarque un « trou de services » dans le soutien des personnes qui demandent des soins à long terme. Lorsque la Maison Roland-Gauvreau accueille un bénéficiaire avec un cas plus lourd, elle collabore avec l’équipe spécialisée en itinérance du CISSS de Lanaudière pour mettre un filet de sécurité autour de la personne. Toutefois, il arrive que l’organisme soit dans l’obligation de référer le visiteur à la Hutte, anciennement Hébergement d’urgence Lanaudière, qui pourra l’accueillir mais « inconditionnellement à sa consommation ou à sa maladie mentale ».

Dans la lutte à l’itinérance, les responsables s’entendent pour dire que tous les aspects doivent être pris en compte avant d’élaborer une stratégie ou un programme efficace. Marie-Ève Ducharme déplore que des structures décisionnelles présentent des programmes, et ce, parfois sans consulter au préalable les organismes. « Le défi est de travailler ensemble, mais nos structures sont grosses et sont rigides », constate-t-elle en terminant.

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