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21 juillet 2021

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Un autochtone de Lanaudière pédale pour « combattre sa rage »

Trajet Joliette-Gaspésie

Éric Leblanc

©Photo gracieuseté - L'Action

Eric LeBlanc entamera ce trajet de 917 kilomètres à vélo pour soutenir les victimes des pensionnats autochtones.

À compter du 26 juillet, le Lanaudois Eric LeBlanc enfourchera sa bicyclette afin d’établir un long voyage de Joliette à Gaspé. De cette façon, M. LeBlanc désire soutenir les communautés autochtones en vue des découvertes tragiques des restes d’enfants sur d’anciens sites de pensionnats. Étant lui-même de descendance micmaque, il dit vouloir faire ce trajet pour sa nation et pour lui-même afin de « combattre sa rage intérieure ».

Plus de 900 kilomètres à parcourir

Plus précisément, Eric LeBlanc prévoit parcourir 917 kilomètres à vélo, et ce sans personne pour l’accompagner. Arborant le drapeau de la nation Micmac derrière sa bicyclette, il partira de Joliette le 26 juillet pour un parcours qui durera une dizaine de jours incluant une journée supplémentaire en cas d’imprévus. Sa destination finale : la Croix de Gaspé.

Ayant le poste de directeur adjoint au Club Entrepôt de Joliette, il avoue savoir bien gérer les situations imprévues et planifier les moindres détails. Le trajet est séparé en plusieurs escales pour lui permettre de s’y reposer et d’entretenir sa bicyclette pour la prochaine journée. Ainsi, le 26 juillet, Eric LeBlanc prévoit prendre le traversier vers Sorel-Tracy et emprunter la 132 en suivant la Route verte, un chemin cyclable de 5000 km qui traverse le Québec et relie plusieurs provinces du Canada. Il se dirigera par la suite vers le Nord et passera par la Baie des Chaleurs pour éviter le vent et les chemins trop inclinés.

Eric LeBlanc a déjà réservé ses nuitées dans des campings. Il précise qu’avec les semaines de la construction qui approchent, il n’avait d’autre choix que de réserver ses places. Il transporte donc avec lui un sac de couchage et une tente ainsi qu’un compartiment avec plusieurs pièces de rechange pour son vélo.

M. LeBlanc n’est pas craintif par rapport à l’aventure à venir : « La pire crainte serait que je doive arrêter à cause de la température. » Il a reçu l’aide et les conseils d’un voisin pour parvenir à réparer et bien entretenir sa bicyclette. Il mentionne également qu’une quarantaine d’ateliers de réparation de vélo sont disponibles sur la Route verte avec tous les outils à portée de main.

Depuis plusieurs semaines, il s'exerce à parcourir les pistes cyclables de Lanaudière sur des dizaines de kilomètres. « Je ne suis pas le genre de personne qui s’entraine tous les jours. […] Je fais du vélo avec mes enfants comme d’autres font », précise-t-il. Pour faire l’essai de son installation de camping, M. LeBlanc s’était même alloué une fin de semaine à la mi-juillet dans le camping Sentinelles de Saint-Félix-de-Valois et en a visité d’autres par la suite.

Éric Leblanc

©Photo L'Action - Jason Joly - L'Action

Un drapeau Micmac est accroché à son vélo pour révéler son appartenance à cette nation.

Unis pour la cause

Eric LeBlanc, avec l’aide de sa copine Caroline George, organise une campagne de financement sur le site Tiing.ca intitulée « À la mémoire des enfants autochtones ». Celle-ci a été créée dans le but de payer ses équipements et son voyage. Il indique que son voyage lui coûte environ 2000$. Toutefois, il s’est associé au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) et prévoit transférer la gestion de la campagne à l’organisation un peu avant son départ. Ainsi, l’argent amassé après le 24 juillet sera offert au CAAL. « Je ne veux pas ramasser d’argent nécessairement, mais si quelqu’un peut se servir de moi à bon escient pour ramasser des sous, je suis entièrement volontaire », ajoute le Lanaudois.

Sur sa page Facebook, le cycliste compte aussi écrire un journal de bord en détaillant ses journées, ses obstacles et ses rencontres. « Sur mon Facebook, il va y avoir des photos, […] il va même y avoir des « stories » tous les soirs dès que j’arriverai aux campings », promet Eric LeBlanc.

De la nation Micmac

Eric LeBlanc a à cœur la cause des victimes des pensionnats autochtones puisqu’il est Micmac grâce à sa mère. Cette dernière est née en Gaspésie à Bonaventure. M. LeBlanc a appris que sa mère avait été envoyée dans un pensionnat lorsqu’elle était plus jeune. « Je savais que ma mère avait été envoyée [dans un pensionnat], mais ç’était resté tabou. Elle nous disait que mes grands-parents buvaient beaucoup et qu’ils avaient décidé de placer leurs huit enfants. »

Toutefois, selon ce qu’Eric LeBlanc a appris, sa mère aurait été envoyée en famille d’accueil à Pointe-Jaune. La famille a été bienveillante, mais elle aurait eu ordre par le pensionnat de dire à l’enfant que ses parents étaient décédés. Ainsi, la mère de M. LeBlanc a grandi sans avoir pu revoir ses parents et sans avoir acquis les enseignements micmacs.« D’une certaine manière, j’ai été victime des pensionnats autochtones parce que je n’ai pas eu le privilège de recevoir l’éducation autochtone. Toutes les traditions, toutes les coutumes se sont éteintes avec ma mère. »

Les découvertes des jeunes victimes autochtones annoncées dans les médias depuis quelque temps le choquent beaucoup. Cependant, il dénonce les actions qui sont portées en ce moment contre les églises et autres bâtiments représentant la religion catholique. « J’ai une rage intérieure, mais je veux faire quelque chose de bien. » Ce que M. LeBlanc espère c’est de transmettre le message que malgré la révolte qui pèse dans le cœur de plusieurs membres de la communauté autochtone, il est possible de faire de belles choses. « Il y a d’autres moyens pour se faire entendre que de briser des choses », conclut-il.

Lors de son périple, Eric LeBlanc compte s’arrêter dans quelques réserves autochtones, comme celle de Cacouna et espère rencontrer les membres des diverses communautés. Pour l’instant, il n’a organisé aucune rencontre, préférant développer un lien naturellement en temps et lieu.

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