Les manifestations contre les mesures sanitaires : la liberté de la minorité avant le jugement moral

Lettre ouverte

Des manifestations visant à revendiquer l’abolition des mesures sanitaires ont eu lieu partout à travers le Québec au cours des dernières semaines. Pour le reste des Québécois, le constat est évident : Les manifestants agissent incessamment de façon contradictoire à la cause qu’ils défendent.

Les manifestants réclament le recouvrement de leur liberté — ou plutôt de leur «liberter» —, qui se rapporte ici aux droits de décider de ne pas porter le masque, de se rassembler, d’aller au restaurant et à l’abolition toutes les autres mesures instaurées pour limiter la propagation du Covid-19. Mais ladite liberté qu’ils réclament ne serait-elle pas un éteignoir pour celle des autres? Que faire de la liberté des travailleurs de la santé, des gens qui contracteront la maladie et de ceux qui ne pourront pas recevoir de soins? Que faire de la liberté d’autrui? Pour citer Mill, «la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres».

Qui plus est, ces gens ne font qu’empirer les phénomènes contre lesquels ils militent. En effet, puisqu’éthiquement, considérant la situation actuelle au Québec — l’engorgement du système de santé, le retard de la vaccination et la parution de nouvelles souches virales —, l’abolition complète des mesures sanitaires n’est pas envisageable. Conséquemment, les manifestations ne peuvent avoir pour impact que de renforcer les restrictions.

Ces gens qui paradent dans les rues en trimballant fièrement le drapeau du Québec, implorant liberté et fraternité, ne se doutent pas qu’ils plaident contre leur propre cause.

Emmanuelle Mazur-Lainé

Étudiante en sciences de la nature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette

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