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21 octobre 2020

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Molly, une source de réconfort pour les enfants victimes d’agression sexuelle

Un projet novateur

Molly

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Molly a été formée comme chien de soutien émotionnel par la Fondation Asista.

Molly vient tout juste de commencer son travail, mais déjà, elle fait une grande différence au sein de l’équipe du Milieu d'Intervention et de Thérapie en Agression Sexuelle (MITAS). «À notre connaissance, c’est le premier chien 100% dédié aux enfants victimes d’agression sexuelle au Québec», a commenté la directrice générale, Catherine Pelletier. Par ce projet unique, l’organisme souhaite offrir un soutien émotionnel à travers un processus qui peut s’avérer difficile et éprouvant. 

«Elle ne fait pas encore d’interventions formelles, mais juste le fait qu’elle soit sur les lieux diminue beaucoup l’anxiété. Les gens arrivent ici nerveux, ça ne leur tente pas d’être là et Molly détend l’atmosphère. Elle est contente de voir tout le monde, elle n’a pas de préférence ni de jugement, elle va vers eux et grâce à cela, il y a un stress qui tombe, un relâchement.» 

La directrice générale ajoute que cela va au-delà de la zoothérapie puisque Molly a une grande sensibilité et qu’elle sait percevoir les émotions. Elle évoque que lors d’une rencontre, un homme s’est confié au sujet d’un traumatisme qu’il avait vécu et Molly, qui dormait, s’est aussitôt levée pour aller le voir. «Même moi quand je vais moins bien, elle vient me donner des coups avec son nez! Elle est vraiment géniale et nous avons espoir qu’elle va continuer à aider beaucoup de gens.»  

Le chien de soutien émotionnel a été formé par la Fondation Asista et son travail au Mitas sera d’accompagner individuellement les jeunes durant tout le processus de leur programme d’intervention, qui dure généralement 14 semaines. L’objectif étant de les aider à créer un lien avec leur intervenant et surtout, de diminuer leur anxiété.  

Le nouveau membre de l’équipe a commencé son travail au mois de septembre et elle a notamment appris à accoter sa tête sur les genoux des gens. « Elle n’a pas encore compris qu’elle doit rester sur le divan durant les 50 minutes de la rencontre, il faut lui montrer que c’est ça son travail, mais ça va vite venir, elle est super intelligente! » 

Déjà, depuis son arrivée, des adultes réclament sa présence et des enfants ont hâte à leur rendez-vous pour pouvoir être avec elle. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de l’organisme d’offrir le service le plus complet possible. «On aime ça essayer des nouvelles choses et ça fait partie d’une optique d’amélioration continue. Toute l’équipe a une grande fierté d’avoir eu l’audace de réaliser ce projet.» 

Le Mitas veut maintenant s’associer à des chercheurs pour démontrer la différence sur la tension et le rythme cardiaque des usagers lors des rencontres avec et sans le chien. «On veut documenter le projet pour que ça fasse boule de neige et que des Molly, il y en ait plein d’autres!» 

Molly

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Catherine Pelletier et Molly.

Un long processus 

L’idée d’avoir un chien d’assistance est née il y a environ trois ans dans la tête des membres de l’organisme après un congrès où Kanak, le chien de soutien de la SQ, était présent. «Les chiens policiers sont là de façon ponctuelle, pour la déposition ou le témoignage, et nous nous sommes dit que ce serait vraiment pertinent d’avoir un chien comme ça, mais qui va accompagner l’enfant tout au long du processus de thérapie. » 

Toutefois, à ce moment, personne ne pouvait accueillir le chien d’assistance dans son foyer. C’est en mars 2019, lorsque le chien de la famille de Catherine Pelletier est décédé, que l’idée du projet a tranquillement refait surface.  

«J’en ai parlé à l’équipe et aux membres du conseil d’administration au début de l’été 2019 et tous étaient très emballés et ont embarqué dans le projet à fond. » 

Après avoir fait des démarches auprès de trois fondations, l’organisme a arrêté son choix sur la Fondation Asista qui correspondait davantage à ses valeurs, notamment car celle-ci procède au sauvetage de chiens pour ensuite les former comme chiens de service. 

Molly, maintenant âgée de trois ans, était parfaite pour le rôle en thérapie, puisqu’elle n’aime pas quand il y a trop d’action ou que l’environnement est trop bruyant. Son calme et sa patience correspondaient exactement aux besoins.  

Catherine, son conjoint, ainsi que deux intervenants du Mitas ont tous suivi la formation avec Molly pendant les mois de janvier et de février. D’autres intervenants seront formés dans le futur, mais la Fondation recommandait d’y aller graduellement.  

Finalement, Molly s’est installée chez la directrice générale le 4 mars dernier. «C’était parfait, car c’était la semaine de relâche et elle allait pouvoir passer du temps avec les enfants et nous apprivoiser. » Toutefois, le confinement a compliqué les choses. Molly n’a pas pu aller dans les bureaux du Mitas comme cela était prévu et tout l’aspect de sa socialisation a été compromis.  

«La Fondation a dit que la plupart des chiens avaient régressé pendant le confinement et qu’ils ont tous pris quelques mauvais plis, puisqu’ils sont devenus des chiens de famille!» Cela a donc demandé un travail encore plus soutenu de la part de Catherine et de sa famille pour garder Molly dans le droit chemin malgré les circonstances particulières.  

La directrice générale a terminé en mentionnant qu’il s’agit évidemment d’un investissement en temps et en argent et qu’il faut s’y dédier entièrement, mais que l’arrivée de Molly fait déjà une grande différence et que cela vaut tous les efforts déployés depuis la dernière année.   

Mission du MITAS 

L’organisme, ayant des points de services à Joliette et à Repentigny, vise à contrer l’agression sexuelle envers les personnes d’âge mineur en offrant des services de relation d’aide et de thérapie. Elle détient un volet pour les enfants victimes et ceux qui ont des comportements sexuels problématiques, ce qui englobe les hommes qui ont été victimes au cours de leur enfance. Puis, un second volet est dédié aux adolescents et aux adultes qui ont commis des transgressions sexuelles sur des personnes mineures afin d’éviter une récidive.  

Molly

©(Photo L'Action- Mélissa Blouin)

Une hausse constante des demandes de services

Les demandes de services ne cessent d’augmenter au Milieu d'Intervention et de Thérapie en Agression Sexuelle (MITAS). Cet organisme, dont la plupart des usagers sont référés par la DPJ, compte près de neuf mois d’attente pour l’accès à ses services.

« La rentrée scolaire est toujours une grosse période pour nous, mais cette année, nous voyons les effets du confinement. Des situations, qui sont survenues durant ce moment, commencent à être dévoilées puisque les enfants sont de retour à l’école et qu’ils ont accès à des adultes», a expliqué la directrice générale, Catherine Pelletier.  

Grâce à des subventions, le Mitas a pu ajouter un intervenant à son équipe au cours de la dernière année, mais malgré cela, la liste d’attente ne diminue pas. Ce qui démontre que le besoin est bien présent.  

«En octobre 2019, alors que l’équipe comptait quatre intervenants, il y avait 29 enfants de 21 familles en attente, donc environ 4 mois d’attente. Un an plus tard, alors que l’équipe compte une intervenante supplémentaire, il y a 74 enfants de 56 familles en attente, donc environ 9 mois d’attente. » 

Du côté des hommes ayant été agressés sexuellement durant l’enfance, il n’y avait aucune attente pour accéder aux services en octobre 2019. Un an plus tard, il y a 15 hommes en attente. 

L’organisme constate aussi que, cette année, les enfants qui ont été victimes d’agressions sexuelles sont beaucoup plus nombreux que ceux qui ont des comportements sexuels problématiques, alors qu’habituellement le ratio s’équivaut.  

La directrice générale termine en mentionnant qu’il est impératif que le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), le principal subventionnaire du Mitas, accorde des fonds supplémentaires récurrents qui permettront à l’organisme de reconduire les contrats des intervenants et d’agrandir l’équipe afin de répondre aux besoins de toute la population lanaudoise. 

L’organisme, présentement situé au Carrefour des Organismes de Lanaudière à Joliette, est également à la recherche de plus grands locaux.  

En 2019-2020, le MITAS, c’est: 

342 individus aidés 

1 635 rencontres individuelles 

108 rencontres de groupe 

 

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