11 août 2020

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

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©Photo gracieuseté - L'Action

Le parcours de Caroline Lauzon a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage à l’émission Expat présentée à Casa. Elle mentionne que les réactions et les commentaires ont été nombreux. « C’est l’fun, ça m’a permis de renouer avec plein de gens au Québec, dont des voisins d’enfance. » 

Toute petite, Caroline a fait de la gymnastique, notamment avec Joligym à Joliette. Elle s’est ensuite inscrite à des programmes de sport-études à Montréal en tant que gymnaste de haut niveau. Après certaines blessures, elle a transféré vers le plongeon et en un an, elle intégrait déjà l’équipe nationale. « J’ai fait du sport toute ma vie. » C’est ainsi que le Cirque du Soleil l’a approchée et qu’elle s’est lancée dans l’aventure. 

Depuis 2003, Caroline Lauzon a participé à cinq projets du Cirque du Soleil, dont quatre comme acrobate, soit IRIS à Los Angeles et Zarkana, KÀ et O à Las Vegas. Lorsque la pandémie est arrivée, en mars dernier, la voltigeuse faisait toujours partie du spectacle O, présenté au Bellagio. Ce dernier, comme tous les autres grands rassemblements, est présentement arrêté. 

Pour Caroline Lauzon, vivre à l’étranger et s’expatrier a été quelque chose de graduel. « À 14 ans, j’habitais déjà en pension à Montréal pour mes cours et je prenais l’autobus toute seule. J’ai voyagé beaucoup, j’ai été habituée jeune. À 19 ans, je rejoignais le Cirque du Soleil. » 

Elle avoue qu’initialement, elle pensait vivre seulement quelques années à Las Vegas, mais elle adore son travail. 

Toutefois, toute sa famille est encore dans Lanaudière. Et ce qui lui fend le plus le cœur avec la Covid-19, c’est justement de ne pas pouvoir venir les visiter, elle qui fait le voyage deux fois par année. 

Elle dévoile que chaque fois qu’elle revient au pays, la tradition est d’aller au Saint-Hubert. « C’est une tradition depuis que je suis toute petite, quand je revenais de mes compétitions, je devais aller au Saint-Hubert. » 

Sinon, avec sa famille, elle fait de la randonnée aux Sept-Chutes et fréquente La Source bains nordiques à Rawdon. « Je me fais aussi toujours une journée de magasinage chez Roots. »  

Un emploi stable 

Si être artiste peut parfois être synonyme d’instabilité, concernant son travail au Cirque du Soleil, Caroline Lauzon affirme qu’il est peut-être parmi les plus permanents dans le monde des arts. 

« Je n’aimerais pas vivre sans savoir si j’aurai une paye la semaine suivante. Quand le show à LA a fermé, j’ai été sur le chômage quelques mois et je me suis rendue compte des bienfaits de la stabilité. O, c’est 476 spectacles par année, 10 par semaine et un chèque de paye aux deux semaines… » 

Même si elle demeure aux États-Unis depuis autant d’années, Caroline se considère toujours Québécoise d’abord et avant tout. D’ailleurs, elle a demandé à son conjoint de cuisiner de la poutine pour sa fête. 

Maman d’une petite fille de trois ans, elle avoue être inquiète de certains aspects de sa vie à Las Vegas. « L’État du Nevada est en 50e position au niveau de la qualité des écoles publiques. Quand on devient maman, c’est plus inquiétant. Aussi, tous mes voisins ont des fusils, ça fait peur, nous, au Canada, on n’a pas été élevés comme ça. » 

Son conjoint étant brésilien et elle canadienne, et possédant tous les deux la citoyenneté américaine, Caroline confie que pour l’avenir, tout est possible. Toutefois, sa belle-famille est venue s’établir à Las Vegas et a ouvert un restaurant là-bas. « On a plusieurs racines ici et en même temps, je ne sais pas si je serais capable de revenir dans la neige. Notre rêve, c’est de trouver des emplois qu’on peut faire à la maison et d’être des snowbirds. » 

Ne pas savoir 

Si, au printemps, Las Vegas présentait des données encourageantes au niveau de la Covid-19, des manifestations et la réouverture des casinos ont entraîné une hausse des cas. « En mars, on était apeuré, on nettoyait notre épicerie, mais ça allait quand même bien au niveau des décès. Là, on avait recommencé à voir des amis et à faire des petites choses, mais on est retourné dans notre cocon, en confinement. » 

Elle souligne que même si le port du masque est recommandé, les gens sont entêtés et le portent peu.  

Le Cirque du Soleil, qui s’est placé sous la protection de la Loi sur la faillite, a mis à pied 3500 employés de façon permanente. Du côté des acrobates, la mise à pied est encore temporaire. 

Caroline raconte qu’une quarantaine de personnes venaient d’ailleurs d’être embauchées pour le spectacle O, que la plupart venaient de l’étranger et de louer et meubler un appartement. « Ils n’avaient pas nécessairement beaucoup d’épargne et aucun droit au chômage. » 

Elle a donc lancé un GoFundMe qui a permis d’amasser des fonds pour venir en aide à 21 personnes. 

Toutefois, l’entreprise a ensuite procédé aux mises à pied permanentes. « Ces personnes sont retournées dans leur pays et doivent tout revendre, souvent à distance. Ça me brise le cœur. » 

L’acrobate confie que ce qui demeure le plus difficile est de ne pas savoir ce qui va se passer ni quand les spectacles pourraient reprendre. 

Lorsqu’elle était enceinte, Caroline Lauzon a passé son permis d’agente immobilière (real estate). C’était un plan B pour la suite, puisque le métier d’acrobate, dur pour le corps, a une date d’expiration. « La pandémie m’a poussée plus vite vers mon plan B. » 

Toutefois, Caroline souligne qu’il lui reste quelques belles années pour pratiquer son métier et elle espère qu’elle pourra remonter sur scène rapidement.