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17 décembre 2019

Le combat des librairies

Concours de reportages

Par Alexia Malo

Une librairie ferme ses portes. Puis une autre. Et cela continue encore et encore. Ce n’est plus nouveau : on en voit partout, dans les grandes villes et en région. Les grandes compagnies américaines comme Costco, Wal-Mart et Amazon ont pris leur place et rasent tout ce qui est sur leur passage.

 « Vendre des livres, ce n’est pas comme vendre des balayeuses ou des mixeurs, c’est un objet culturel », affirme le poète et professeur Dominique Corneillier. « Quand on va dans une librairie, des fois, on y va sans chercher un livre en particulier. On va découvrir les livres. On y va pour des rencontres, pour des conseils, mais aussi tout simplement pour découvrir des choses qu’on ignore. Je ne sais pas combien de livres j’ai achetés en faisant cette activité-là. Il m’aurait été impossible de découvrir ces livres-là avec Amazon parce que j’ignorais leur existence ou parce qu’ils n’auraient pas piqué ma curiosité », ajoute ce lecteur passionné.

Cela fait déjà plusieurs années que les compagnies américaines ont fait leur place dans notre société. Étant donné la très grande variété de produits dans leurs succursales, il est facile de faire ses achats sans changer de magasin. Les gens vont donc de moins en moins dans les librairies, qui ferment de plus en plus.

« Ce phénomène élimine beaucoup de diversité dans le milieu littéraire. Les livres vendus par ces grandes surfaces sont rarement satisfaisants pour moi », remarque Alexis Martin, un étudiant en sciences humaines. « Malheureusement, je trouve que ceux de mon âge, enfin ceux qui lisent, commandent plus souvent leurs livres chez Amazon que dans les librairies », dit ce jeune grand lecteur de classiques.

Ce n’est pourtant pas Amazon qui inquiète Laurianne Ayotte. « Dans une librairie indépendante, nous recevons entre 200 et 500 nouveaux titres par semaine et les ventes pour ces titres nouveaux sont effectuées en grande partie dans les 2 à 4 premières semaines de vie du livre. C’est à ce moment que les gens se tournent vers les librairies indépendantes et non vers Amazon », rectifie-t-elle. Par contre, d’autres géants américains se font plus menaçants. « Les grandes diffusions reçoivent les nouveautés en même temps que les librairies indépendantes et elles vendent les livres à 25% de rabais. Ainsi, c’est beaucoup plus tentant pour la clientèle d’aller récupérer une nouveauté attendue dans un magasin grande surface que d’aller la chercher en librairie. Souvent, nous nous faisons justement reprocher de vendre nos livres plus cher que ces concurrents », déclare la directrice générale de la Librairie Martin.

C’est pourquoi beaucoup réclament le prix unique du livre, c’est-à-dire que les grandes diffusions ne pourraient pas vendre les ouvrages à succès au rabais. « Au Québec, on devrait travailler de façon plus importante sur le prix unique pour que les grands distributeurs (Costco, Wal-Mart et Amazon) ne puissent pas vendre au rabais les livres plus connus et qu’ils ne puissent pas enlever une grande part de ce qui fait les profits des librairies indépendantes », ajoute Corneillier.

« La population ne comprend pas que nous offrons beaucoup plus que des livres dans une librairie : nous offrons un service-conseil, une approche personnalisée et une proximité avec le client. Nous avons des employés formés pour guider la clientèle dans ses choix, ce que les grandes diffusions n’offrent pas », rappelle Mme Ayotte. Les librairies indépendantes sont à l’échelle humaine. Les géants américains qui nous entourent ne peuvent pas en dire autant.

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