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23 février 2018

Des travaux communautaires pour un ex-goon ayant fracturé la mâchoire d'un joueur adverse

JUSTICE. Un ex-goon de hockey senior ayant fracassé de coups de poing la mâchoire d'un joueur étoile d'une équipe adverse lors d'une mêlée générale a évité la prison, mercredi.

Philippe Mailhot, 39 ans, de Rawdon, a plutôt été absout conditionnellement, tel que le réclamait son avocat, pour s'être attaqué, le 14 mars 2015, à Louis-Étienne Leblanc lors d'un match décisif des séries éliminatoires de la Ligue de hockey senior A de la Mauricie opposant leurs équipes respectives: le défunt Blizzard de Saint-Gabriel-de-Brandon et le Bigfoot de Saint-Léonard-d'Aston.

Le magistrat a précisé que Philippe Mailhot devrait accomplir le maximum d'heures de travaux communautaires que la cour peut octroyer, soit 240 heures.  

Il dispose d'un délai de deux ans pour les faire. Il devra aussi faire un don de 4 000 $ au Camp Papillon où il a déjà fait du bénévolat.

Bagarre générale

Le soir de l'évènement, les deux équipes s'apprêtaient à disputer la quatrième partie d'une série de quatre de sept. L'équipe de Louis-Étienne Leblanc menait la série trois à zéro contre l'équipe de Philippe Mailhot.

Une bagarre générale a éclaté, initiée par les joueurs du Blizzard.

©Photo L'Action - Archives

Louis-Étienne Leblanc.

Louis-Étienne Leblanc, un joueur clé de son équipe, était visé. Il a d'abord subi une double mise en échec d'un coéquipier de Philippe Mailhot, Kevin Talbot. Ce dernier a utilisé son bâton pour frapper Louis-Étienne Leblanc. Puis, alors que Louis-Étienne Leblanc se dirigeait vers le banc des joueurs et que la mêlée générale prenait fin, Philippe Mailhot, sans avertissement et aucunement provoqué, lui a « littéralement sauté dessus » et lui a asséné un coup de poing au visage. Il s'est effondré sur la glace, puis son agresseur a continué à le frapper.

De graves séquelles

La force des impacts a été telle que Louis-Étienne Leblanc a subi une double fracture de la mâchoire et une commotion cérébrale. Au moment où il recevait les coups, il a d'ailleurs senti sa mâchoire au fond de sa gorge, mais il pensait qu'il s'agissait de son protège-dents.

Il a dû être hospitalisé et subir une intervention chirurgicale de six heures.

Des plaques ont dû être insérées dans sa bouche pour soutenir sa mâchoire. Il a été incapable de manger de manière solide pendant deux mois. Une partie de son visage est toujours paralysée. Encore aujourd'hui, il a des maux de tête, des pertes de mémoire et des pertes de patience, dont avec ses enfants.

Il a même dû quitter l'emploi qu'il occupait au moment des évènements puisqu'il ne se sentait plus apte à le faire convenablement. Il doit aussi envisager une deuxième opération à sa mâchoire pour réduire la douleur, mais celle-ci pourrait entraîner une plus grande paralysie de son visage.

« Les conséquences très lourdes du geste irréfléchi de [Philippe Mailhot] rendent impossible la réparation des torts causés à [Louis-Étienne Leblanc] », a souligné le juge.

Hors du cadre du hockey

Philippe Mailhot a d'abord été accusé de voies de fait graves, mais il a plaidé coupable, en août 2017, à une accusation réduite de voies ayant causé des lésions corporelles à Louis-Étienne Leblanc. Le mois dernier, lors des représentations sur sentence, il a aussi admis que son geste « dépassait le cadre du hockey ».

Pour le juge, il s'agit surtout d'un geste inacceptable, antisportif, grave, volontaire, sournois et même accompagné d'une certaine préméditation qui a mené à des conséquences « terribles » et « tragiques ».

 « Le tribunal rêve du jour où les joueurs de hockey, si ce sont des joueurs de hockey et non de simples voyous bagarreurs, refuseront de se livrer à de tels gestes, même si les coachs le leur demande, même si la ligue est réputée pour ce type de violence, et même si la foule en redemande », a-t-il martelé.

Il s'est d'ailleurs attaqué à plus d'une reprise à la « stupidité » de la ligue, des spectateurs et de la société pour tolérer ou même encourager la violence au hockey.

Cri du cœur

Louis-Étienne Leblanc, lors des représentations sur sentence, a lancé un cri du cœur au tribunal et lui a demandé de lancer un message clair qu'une telle violence reliée de près ou de loin au sport était inacceptable.

La poursuite réclamait une peine discontinue de 90 jours de prison assortie de travaux communautaires, notamment dans le but de dissuader la population d'encourager la violence dans un contexte sportif comme le hockey organisé.

Assumer sa responsabilité

Le juge Leclerc a cependant estimé qu'une peine de prison n'était pas nécessaire dans le cas de Philippe Mailhot et qu'une telle peine n'aurait pas nécessairement son effet escompté sur la société.

Selon lui, Philippe Mailhot a été dissuadé de commettre un tel geste à nouveau et il constitue un actif pour la société. Il a par ailleurs été convaincu de la sincérité de ses regrets et de son empathie envers sa victime.

« Philippe Mailhot doit assumer l'entière responsabilité de son geste, sans être puni pour le laxisme de notre société pour la violence dans le sport, ni pour la demande pressante du public pour une telle violence, ni en fonction d'une ligue qui nourrit cet amour de la violence », a-t-il souligné.

Garder son emploi

Le juge Leclerc a ainsi jugé que des travaux communautaires assortis d'un don à un organisme pouvaient assurer une certaine réparation des torts qu'il a causés à la société.

En plus, Philippe Mailhot a été soumis à une probation de trois ans, dont deux années où il sera suivi par un agent de probation.

Pendant cette période, il lui sera interdit de pratiquer tout sport organisé.

En jouissant d'une absolution conditionnelle, Philippe Mailhot pourra préserver ses permis d'explosif et de boutefeu, essentiels au maintien de son emploi actuel.

« [Louis-Étienne Leblanc n'a pas eu cette chance [de garder son emploi] », a soulevé le juge.

Comme lui, son coéquipier Kevin Talbot a été traduit en justice. En juillet 2016, il a plaidé coupable à une accusation d'agression armée et il a aussi été absout conditionnellement.

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