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Incursion au cœur d’un univers miniature

  • Publié le 22 mai 2024 (Mis à jour le 26 mai 2025)
  • Lecture : 7 minutes
Mélissa Blouin

Depuis plus de 38 ans, une centaine de passionnés se sont relayés et ont mis tout leur cœur pour la création d’un impressionnant monde miniature dans le sous-sol de la Cathédrale de Joliette. En effet, les membres de la Société des modélistes ferroviaires de Lanaudière (SMFL) ont conçu deux réseaux de trains miniatures, en plus de créer toute une vie autour de ceux-ci. Chaque détail est pensé au sein de ces villes fictives et rien n'est laissé au hasard.

« J’aime l’idée et l’objectif de reproduire la vraie vie en petit, tout en se rapprochant le plus possible du réalisme grâce aux détails. Les trains sont présents parce que nos villes sont vivantes et qu’il y a un besoin de transport de passagers et de marchandises », a commenté Michel Simard qui est membre de la Société depuis ses tout débuts. 

Toutes les villes ont été construites en fonction de l’échelle HO (1:87) et à l’image des années 1970. Plus le regard se pose sur celles-ci, plus de nouveaux détails apparaissent. Qu’il s’agisse de l’automobiliste qui a mis son clignotant gauche et qui attend que le camion passe pour effectuer son virage ou du citoyen qui vient de se faire arrêter par la police, chaque personnage vient avec son histoire. « C’est vraiment ça mon fun, de faire des scénarios comme ça! » 

M. Simard a avoué qu’il lui arrivait lui-même de découvrir de nouveaux détails, comme un petit garçon qui se balance sur un vieux pneu. « Ça fait 5 ans qu’il est là, mais c’est en faisant du ménage, il y a un mois, que je l’ai vu pour la première fois! » Il a ajouté que ce sont d’ailleurs les détails et les personnages qui sont les plus difficiles à réaliser et que c’est la spécialité de son frère Claude. 

« Moi, je ne touche pas aux rails, je m’occupe du décor », a confirmé ce dernier. Il aime faire l’aménagement des rues, des trottoirs, peindre des bâtiments et des personnages ainsi que faire des détails comme d’installer des rideaux dans les fenêtres des maisons. Il a également construit à l’échelle une gare qui est comme celle de Saint-Félix-de-Valois. 

Claude Simard prend aussi plaisir à modifier les produits américains qu’ils achètent afin de les adapter à la réalité locale. « On avait un petit restaurant qui s’appelait American Diner avec un drapeau américain, alors j’ai remplacé le drapeau et nous l’avons renommé Resto Margot. Il s’agit du nom de la conjointe d’un des membres! » 

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Des membres de la SMFL.

Des villes animées 

Les villes ont quant à elles été nommées en hommage à des membres décédés ou à ceux qui ont fondé la Société. Il y a notamment les villes de Kemp, St-Onge, Baril et Desjardins.  

Les modélistes ont expliqué qu’au tout début du club, certains voulaient reproduire la ville de Joliette, mais que la tâche devenait trop ardue. « Nous ne voulions pas tomber dans le maquettisme, parce que c’est beaucoup plus rigide. Il faut que tu aies énormément de documentation pour savoir que tel édifice était de telle couleur en telle année et il y aura toujours un puriste pour dire que ce n’est pas correct. »  

À travers cet univers fictif se trouvent 22 boutons interactifs sur lesquels les visiteurs peuvent appuyer pour donner vie à des éléments. Par exemple, l’un d’eux active le téléphérique, un autre allume les lumières du boulevard, un troisième fait monter la nacelle des laveurs de vitres, « mais pas trop vite, pour qu’ils ne renversent pas leur chaudière d’eau ». Plus loin, un quatrième fait retentir le son de la fanfare. Puis, un cinquième fait tourner l’automobile en vedette chez le concessionnaire.  

« Je capote sur les boutons animés, c’est mon dada! C’est tellement plaisant de faire aller notre imagination comme ça! Parfois, on se réveille dans la nuit et on a un flash. C’est comme ça que j’ai trouvé comment résoudre l’énigme de mon hélicoptère! » Cet hélicoptère, qui décolle sur le toit d’un édifice avant de redescendre, est d’ailleurs la plus grande fierté de Michel Simard. « Je vais essayer qu’il monte encore plus haut! » 

C’est vers 1995 que l’idée des boutons interactifs est née afin d’occuper les visiteurs dans le but de les empêcher de toucher aux trains et de les faire dérailler. Les idées ont ensuite foisonné pour que d’autres s’ajoutent, le prochain interrupteur activera une grue avec une cabine tournante dont la charge va monter et redescendre. Les membres font d’ailleurs régulièrement des réunions de planification pour parler des projets à venir.  

Différents talents  

Chacun des 25 modélistes actuels de la SMFL détient son propre rôle basé sur ses forces. « Les gars travaillent tellement fort, ils ont tous des talents différents! Il y a un ancien électricien de locomotives du Canadien Pacifique, un ancien directeur des relations publiques et moi, j’étais technicien en bureautique. Nous venons tous d’horizons variés, mais nous sommes tous réunis par la même passion! »  

Certains ne planteront jamais de clous, mais savent de façon très précise comment fonctionne le réseau et d’autres peuvent transformer des bâtisses banales en vrais chefs-d’œuvre. Il y a beaucoup de choses auxquelles penser et des travaux à effectuer. Un membre est attitré à la pose des voies ferrées, un autre doit souder les fils sur les rails et un troisième s’occupe des branchements électriques. Les membres doivent également faire l’entretien des wagons et des locomotives, « il y a souvent un crochet qui casse, une roue qui débarque, ou qui s’use! » Il y a même un train, soit le convoi de nettoyage, qui sert à mettre des abrasifs sur les rails pour les garder propres.  

Grâce à des puces électroniques sur les locomotives, à un logiciel sur leur ordinateur et à une application mobile, les modélistes peuvent contrôler les trains de leur téléphone. Ils connaissent aussi l’ampérage sur chaque rail. 

Lors des portes ouvertes des 27 et 28 avril dernier, sept trains roulaient sur un réseau. « C’est pas mal le maximum pour la capacité du système et pour que ce soit sécuritaire, car il y a des dangers de collision. Lors de l’événement, on avait un contrôleur qui était assis à l’écran pour tout superviser et c’est lui qui changeait les aiguillages. » 

Afin de bien comprendre le fonctionnement des trains, le club de Lanaudière a organisé, par le passé, des visites dans les ateliers de Via Rail où se faisaient l’entretien des wagons et la réparation des moteurs. Au fil du temps, ils ont appris plusieurs choses qu’ils reproduisent dans leur réseau, comme l’ordre précis des wagons de couchettes et de restauration dans un train de passagers.  

Un autre aspect auquel les membres s’efforcent de penser est l’homogénéité au cœur de leurs villes. En 2001, lors de travaux de rénovation de la cathédrale, ils ont dû enlever plusieurs de leurs installations. Lorsqu’ils les ont remises en place, ils en ont profité pour faire un gros réaménagement pour que tout soit cohérent du côté de l’urbanisme. « Il faut que ça fasse du sens, la cabane à sucre est dans le bois, pas dans le centre-ville! » Des usines ont été déplacées en fonction de ce qu’elles produisent et de l’endroit où leurs matériaux doivent aller.  

Certains détails ont aussi dû être pensés dans ce souci de cohérence. « Nous avions des véhicules plus anciens que notre époque et nous ne voulions pas nous en débarrasser, alors nous avons eu l’idée de les rassembler à l’église puisque c’est le mariage d’un des membres du club de voitures antiques! » 

Plus loin, des piscines hors terre ont été ajoutées derrière les maisons, comme elles se trouvent tout près du magasin de piscines, « c’est toutes lui qui les a vendues! » Une zone touristique sur une montagne, englobant un hôtel de luxe, un motel, un camping, des chalets à louer, un lac artificiel, un téléphérique fonctionnel et un écran de ciné-parc, sur lequel un film est réellement projeté, fait également partie de cet univers créé et pensé par les membres passionnés.  

Portes ouvertes 

De 1991 à 2001, la Société des modélistes ferroviaires de Lanaudière a été l’hôte de plusieurs expositions à travers lesquelles les autres clubs étaient invités avec leurs réseaux modulaires déplaçables. En plus des trains, il y avait des marchands, des exposants et des collectionneurs. « Le summum a été quand nous avons reçu 2000 visiteurs en une fin de semaine, c’était fou! » À noter qu’entre 1995 et 2001, la SMFL a aussi participé à plusieurs événements d’autres clubs avec son réseau modulaire déplaçable.  

Une plus petite exposition s’est tenue au club de Joliette en 2013, mais par la suite, les marchands et les exposants se sont faits plus rares. « À partir de là, nous avons décidé de faire nos propres portes ouvertes où il y avait seulement nos réalisations et nos réseaux. » 

Les plus récentes portes ouvertes se sont déroulées les 27 et 28 avril dernier et près de 275 adultes ont visité les locaux de la SMFL. « C’est vraiment flatteur, nous avons eu de très beaux commentaires et certains visiteurs venaient de loin », a mentionné Michel Simard. En plus d’observer les trains en fonction, les visiteurs ont pu voir le musée d’antiquités ferroviaires de la Société ainsi qu’une partie de la collection de photos d’anciennes gares de M. Simard. « Je détiens 3500 photos de gares du Québec! Il m’en manque environ huit seulement dans tout Lanaudière! » 

Par le passé, le club ouvrait ses portes aux visiteurs chaque dernier vendredi du mois et il songe à réinstaurer cette tradition.  

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Histoire de la SMFL 

C’est Philippe Thibault, l’ancien propriétaire de l’hôtel Victoria, qui avait eu l’initiative de partir un club d’amateurs de trains miniatures dans la région. Il avait fait paraître une annonce dans le Joliette Journal, en février 1986, afin de recruter les premiers membres. C’est en voyant cette invitation que Michel Simard, alors âgé de 26 ans, a décidé d’embarquer dans le projet. Les membres ont formé un organisme à but non lucratif et ont eu l’opportunité de louer les locaux de la cathédrale, mais il y avait de nombreux travaux à réaliser. « Ça s’est construit tranquillement! Puis, il y a eu un petit creux quand Philippe Thibault est décédé [en 1991], plusieurs de ses chums ont lâché, mais d’autres membres sont ensuite arrivés… » Depuis la fondation du club, ce sont environ 95 passionnés qui y ont participé. Vers 2015, le nombre de membres était si bas, que le club a failli fermer, mais celui de Laval a perdu son local quelques années plus tard et ses membres se sont joints à ceux de la SMFL. À noter que le logo de la Société représente la locomotive Dorchester qui a été la première à avoir circulé à Joliette, vers les années 1850.   

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Michel Simard est membre de la SMFL depuis le premier jour de celle-ci.

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