12 décembre 2017

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Un froid de début d’automne se répand sur la ville de Joliette. Les étudiants du cégep se dépêchent d’entrer dans l’établissement, écharpe au cou et mains rentrées dans les manches. Parmi près de 2 500 étudiants s’en glissent une dizaine au parcours des plus inspirants.

Olivia a 17 ans et en est à sa seconde année de cégep : plus jeune, on lui a fait sauter une année, ce qui explique qu’elle soit arrivée au cegep si tôt. Elle parle principalement attikamekw à la maison et principalement français à l’école.  Ayant grandi à Manawan, elle a choisi le cegep de Joliette parce que c’était l’établissement d’enseignement collégial le plus proche de sa communauté. Elle y étudie les soins infirmiers et rêve d’être une infirmière de l’hôpital Ste-Justine, à Montréal. Elle adore son programme, s’intègre bien à la culture des Joliettains mais mentionne qu’il n’en pas toujours été ainsi.

« Durant ma première session, j’appelais ma mère en pleurs le soir après mes cours pour lui dire de venir me chercher. Chaque fois, elle m’encourageait à persévérer. Mon choc culturel a été très difficile, j’ai toujours été attachée à la nature, à la forêt, et à ma culture.  Lors de mon départ de Manawan, j’ai beaucoup pleuré. J’ai eu de misère à me détacher de tout ça. »

« Je n’ai jamais eu de remarques racistes. Je me suis fait facilement des amis et ils n’ont pas de problèmes avec mon statut d’autochtone. » poursuit-elle, heureuse.

Driing! 7h00, Coralie Niquay, 18 ans se lève et commence à se préparer pour l’école. Elle quitte sa demeure en voiture juste assez tôt pour arriver à l’école d’avance pour réviser. Contrairement à Olivia, Coralie n’a passé que les cinq premières années de sa vie à Manawan. Elle habite Joliette depuis et parle français à la maison.  Elle étudie avec acharnement pour devenir médecin ou psychologue. Dans son cas aussi, l’intégration au cegep se passe bien : ça fait plus de 15 ans qu’elle habite la ville. « J'aime l'école et je suis curieuse. C'est assez facile pour moi d'apprendre, avec un peu de travail bien sûr! J'adore l'histoire, la psychologie et la biologie », décrit l’adolescente, enthousiaste.

Le soutien de Geneviève Sioui, responsable de l’accueil et de l’intégration des étudiants autochtones est particulièrement bénéfique pour Olivia. Son travail est d’accompagner ces étudiants dans leur cheminement scolaire. « Elle m’a aidée à passer au travers du choc culturel que j’ai vécu quand j’ai commencé le cegep » laisse savoir la jeune fille aux cheveux longs foncés. De plus, Geneviève étant elle-même métis, le contact se passe bien. La jeune étudiante la considère un peu comme une amie.

Ce genre de ressource semble indispensable dans les écoles et autres établissements d’éducation. Janie-Claude St-Yves, détentrice d’une maîtrise en psycho- éducation et fondatrice du programme Passe-Partout au Centre Amitié Autochtone de Joliette, mentionne que « L’intégration des jeunes autochtones dans nos écoles n'est pas encore parfaite puisque leur culture n'est pas intégrée dans notre communauté. C'est comme si on proposait une posture d'intégration, mais pas une posture d'inclusion, et ça fait toute la différence ». Les autochtones trouvent du courage ailleurs.

La fratrie d’Olivia représente un véritable facteur de motivation pour elle : Les enfants de sa mère font partis des premiers à avoir entrepris des études supérieures chez la famille Kawiasiketc, une des premières familles à s’être installée à Manawan. Ses cousins et cousines s’en inspirent aussi : Ils travaillent fort pour terminer leurs études secondaires, suivant l’exemple de la famille.