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12 décembre 2017

Du sexe à l'école

©(Photo TC Media - Pierre Bellemare)

CONCOURS DE REPORTAGES. Par Angéline Dénommée-Beaudry. « Comment ça prend de temps faire l’amour? C’est-tu normal, un pénis de cette longueur-là? Pourquoi y a-t-il des sortes de condoms? » Dans leur cours de sexualité, les élèves de l'école secondaire de l'Érablière n'ont pas la langue dans leur poche. 

Cet établissement a été la seule école publique au Québec à participer au projet pilote de l'éducation à la sexualité, durant l'année scolaire 2016-2017. Ce projet, d’une durée d’un an, avait pour but de vérifier ses bienfaits auprès des élèves. L'école a été approchée par le ministère de l’Éducation à cause du taux élevé de demandes d’avortements, d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et de comportements sexuels inhabituels dans ce secteur du Québec.

Une variété de personnes au sein de l'école, comme les enseignants, la psychoéducatrice et même la directrice de l'établissement scolaire, se sont manifestées pour prendre en charge certaines activités. « Durant six demi-journées, le personnel qui s'était porté volontaire était convoqué pour suivre une formation avec des sexologues et d'autres experts », confie Charline Liard-Arbour, enseignante en science et technologie à l'Érablière et participante au projet. Le ministère leur a donné des sujets à aborder comme l'image corporelle, les agressions sexuelles, les ITSS, etc. Avec un calendrier, des ateliers ont été donnés durant certaines périodes de cours. Aussi, les sujets des ateliers étaient classés selon les différents niveaux scolaires.

Encore cette année, l'Érablière continue d'appliquer ce programme, avec quelques modifications. « Il faut toujours se réajuster. Avec le projet pilote, nous avons eu la chance de voir ce qui a fonctionné et moins bien fonctionné », dit Charline Liard-Arbour. Présenter des sujets concernant la sexualité est souvent un défi. « Nous abordons des sujets qui font énormément réagir, car nous ne connaissons pas le passé des élèves. Il faut établir un lien de confiance très solide avec le jeune, pour qu'il puisse s'ouvrir », avoue Marie-Claude Bujold, enseignante en éthique et culture religieuse et participante au projet.

Pour pouvoir répondre au maximum de questions, certains enseignants laissent à la disposition des élèves une boîte permettant de déposer leurs interrogations. Ensuite, ils y répondent de façon anonyme au cours suivant. « Il y a des questions de toutes sortes et c'est un moment que les élèves adorent. Ce sont de beaux échanges », dit Charline Liard-Arbour, d'un ton sincère. « Après quelques mois, les consultations chez l'infirmière ont monté en flèche, et ce n'était pas toujours des sujets banals », finit-elle par dire.

L'éducation à la sexualité est gagnante auprès des jeunes adultes. C'est rassurant pour eux de se confier à d'autres personnes plutôt qu'à leurs parents, car ils se sentent moins jugés. « Dans ma classe, mes élèves me disent que lorsqu'ils parlent de sexualité avec leurs parents, c'est abordé à la blague », confie Marie-Claude Bujold. « Pour parler de sexualité, il faut être à l'aise avec sa propre sexualité, et ce n'est pas tous les parents qui le sont », ajoute-t-elle.

L'accessibilité aux médias, qui peuvent contenir des informations erronées, est aussi un enjeu. « Avoir une personne devant toi qui détient les bonnes explications fait une différence majeure dans l'apprentissage », dit Geneviève Beaudry, enseignante en français et participante au projet. « Ça permet aux jeunes de bien réfléchir et de faire de meilleurs choix », ajoute-t-elle. « Je trouve les activités utiles et très intéressantes. Nous ne cessons jamais d'en apprendre », dit Cindy, une élève de troisième secondaire. « Depuis que les cours ont débuté, nous prenons les choses plus au sérieux. J'ai compris qu'il faut être vigilant et que la sexualité, c'est littéralement partout », ajoute un élève de cinquième secondaire.

Depuis quelques mois, le ministère de l'Éducation compte faire revenir les cours d'éducation à la sexualité obligatoires dans les secteurs primaire et secondaire. Cette année, près de 165 établissements se sont engagés dans ce genre de projet. Alors que le nombre de participants augmente, espérons que le taux d'ITSS sera à la baisse et que les jeunes cesseront leurs activités sexuelles à risques.

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