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08 mai 2018

Un ex-professeur voulait utiliser une de ses anciennes élèves comme « objet » sexuel

Il lui a demandé de garder le silence pour ne pas qu'elle « scrappe sa vie »

©Photo tirée de Facebook

JUSTICE.  Un ex-professeur d'éducation physique de Joliette a réclamé à l'une de ses anciennes élèves finissantes, avec qui il a eu une relation sexuelle complète à peine quelques jours après la fin des classes en juin 2015, de garder le silence avant de passer à l'acte parce qu'il ne voulait pas qu'« elle scrappe sa vie », a-t-on appris à son procès.

« J'ne te connais pas et je ne veux pas prendre de chances de perdre ma job, ma vie, parce que tu n'as pas été capable de te la fermer et, ma réputation, c'est important comme prof […] Si je savais que tu ne parlerais pas… », a entre autres écrit Jean-Pascal Naud, 33 ans, le 22 juin 2015 à sa victime alléguée dans une conversation Messenger déposée en preuve à son procès, tenu le 17 avril dernier au palais de justice de Joliette.

Sa vie « en jeu »

À deux autres reprises dans cette conversation, Jean-Pascal Naud l'a sommée de ne pas parler de ce qui allait arriver entre eux, notamment en lui demandant de le jurer sur la tête de sa mère parce que « sa vie était en jeu ». Il lui a aussi dit qu'il avait peur de se « mettre dans la marde ».

« Sinon, ton fantasme ne se réalisera jamais », l'a-t-il menacée, avant de lui demander s'il pourrait en faire son « objet » sexuel et lui faire « tout » ce qu'il voudrait.

Le soir même après cette conversation, la victime alléguée de Jean-Pascal Naud, et lui-même, ont eu une relation sexuelle complète chez lui. Elle avait 17 ans et lui 30 ans.

Il a été arrêté quelques mois plus tard, puis il a été accusé de leurre et de contacts sexuels alors qu'il se trouvait en situation de confiance envers elle.

En situation de confiance

Pour la poursuite, il est indéniable que Jean-Pascal Naud se trouvait en situation de confiance envers sa victime alléguée quand ils ont eu leur relation sexuelle.

« Pour en venir à ce genre de messages [sur Messenger], il doit y avoir une relation [qui s'est développée] et un intérêt doit avoir été démontré, a soulevé Me Stéphanie Arel. La différence d'âge, le statut de chacun, l'évolution de la relation sont des éléments à considérer. Il y avait emprise de l'accusé sur l'adolescente. »

Deux fois par semaine

L'avocate a fait valoir que l'accusé lui avait enseigné en quatrième secondaire, moment où, selon la victime alléguée, ils auraient commencé à entretenir des contacts à raison de deux fois par semaine, à l'école. Ceux-ci se seraient poursuivis en cinquième secondaire. Lors de leurs rencontres, ils auraient abordé des aspects plus personnels, comme leurs relations amoureuses.

« Je lui disais que j'étais célibataire et que j'aimerais ça me trouver un chum. Lui, il me disait que des femmes en bas de 25 ans, pour lui, c'était non, puis qu'il ne voudrait pas coucher avec elles », a-témoigné la victime alléguée lors de l'enquête préliminaire.

Vieillie d'un an

Celle-ci a admis qu'elle s'était vieillie d'une année auprès de lui lors d'une de leurs conversations « pour paraître plus vieille ». Elle se serait aussi découvert une attirance envers lui. Elle aurait eu envie de le connaître davantage et lui aurait envoyé, dès son quatrième secondaire et au début de son cinquième secondaire, plus d'une demande d'amitié sur le réseau social Facebook où elle s'était aussi vieillie d'une année. Jean-Pascal Naud les aurait refusées parce qu'elle était mineure et qu'elle était une élève de l'école.

Il aurait finalement accepté l'une de ses demandes d'amitié en mai 2015, parce que, a-t-il dit lors de son témoignage à son procès, il croyait qu'elle avait alors 18 ans.

« Je refusais les demandes d'amitié des élèves en bas de 18 ans. En tant que professeur, il faut se protéger. C'est ma façon de me protéger. Nous en parlions entre professeurs comme quoi la règle était de ne pas accepter d'élèves ni de mineurs », a-t-il dit.

Sous impression

Or, a relevé l'avocate de la poursuite, Me Stéphanie Arel, Jean-Pascal Naud a dérogé de sa ligne directrice quand il a finalement accepté la demande de sa victime alléguée avant que l'année scolaire finisse.

Questionné sur cette entorse, Jean-Pascal Naud n'a pas été en mesure de dire s'il avait vérifié l'âge de son ancienne élève avant ou après avoir accepté sa demande d'amitié sur sa page du réseau social. Il a plutôt répondu qu'il avait « l'impression » qu'elle avait 18 ans de par « sa manière de parler », par son apparence « plus vieille que les autres » et par ce qu'elle « dégageait ».

« Dans ma tête, elle avait 18 ans », a-t-il dit.

Jean-Pascal Naud a témoigné qu'il croyait aussi que l'adolescente était majeure quand il l'a invitée chez lui pour qu'ils aient une relation sexuelle complète.

Mal vu dans la société

Il a dit que ses craintes exprimées qu'il y ait une incidence sur son emploi lors de la conversation Messenger avec sa victime alléguée provenaient du fait que son geste pouvait être mal vu « au niveau sociétal » et qu'il n'avait « pas envie que ça se sache » notamment auprès de la direction de l'école.

Quant aux conversations de nature personnelle qui auraient eu lieu entre eux à l'école, il a argué qu'il s'agissait « d'échanges naturels » et « amicaux » et qu'il était demeuré professionnel dans le cadre de ses fonctions d'enseignant.

Plus les mêmes statuts

À sa défense, son avocat, Me Sylvain Fréchette, a ajouté que le crime reproché à son client avait eu lieu trois jours après la fin des classes et, donc, que la situation de confiance avec la victime alléguée n'existait plus.

« La jeune fille n'était pas sous la persuasion de l'accusé, ni en situation de vulnérabilité ou de faiblesse », a-t-il dit.

Selon lui, le jour de la relation sexuelle, son client n'avait plus le statut d'enseignant et sa victime alléguée n'avait plus le statut d'élève.

« Ont-ils développé une relation amicale durant l'année scolaire ? Oui. Est-ce que cela a créé une situation déséquilibrée ou de vulnérabilité ? Non », a-t-il dit.

Vérifications

L'avocate de la poursuite a répliqué que Jean-Pascal Naud ne pouvait prétendre, comme il l'a fait, à une défense de croyance sincère, entre autres parce qu'il a manqué de vigilance face au contrôle de l'âge de sa victime alléguée. Il aurait pu facilement, selon elle, le vérifier grâce à un logiciel sur les étudiants, accessible aux professeurs et aux suppléants.

« C'est un enseignant qui enseigne à des mineurs et il n'a pris aucune mesure que de se fier aux dires de la victime alléguée et à une page Facebook. Il n'a pas pris les mesures raisonnables pour le faire et sa défense devrait être rejetée », a-t-elle dit.

Son avocat a répondu qu'une telle vérification dans le système informatique de la commission scolaire aurait pu être mal perçue et a demandé au juge de croire à la défense de son client.

Jean-Pascal Naud doit être jugé en juin prochain.

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