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21 juillet 2017

Un acupuncteur tentait de recruter des patientes au profit de la Mission de l'Esprit-Saint

Membre du mouvement religieux controversé, il pratiquait à Saint-Paul-de-Joliette

©Photo TC Media - Archives

JUSTICE. Un acupuncteur de la région de Joliette membre de la Mission de l'Esprit-Saint a été reconnu coupable d'avoir tenté de recruter des patientes au profit de ce mouvement religieux controversé en se servant de son travail.

Huit ans après qu'une plainte ait été déposée contre lui, Emmanuel Francoeur a été reconnu coupable, le 12 juin,  par le conseil de discipline de l'Ordre des acupuncteurs du Québec de neuf fautes déontologiques, notamment pour avoir tenté de recruter, via son travail, deux patientes au profit de la Mission de l'Esprit-Saint, un mouvement religieux critiqué né au début du 20e siècle.  

Pour le Conseil de discipline, Emmanuel Francoeur « semble être incapable de mettre une distance et de faire une distinction entre ses valeurs familiales, soit celles propagées par la Mission de l'Esprit-Saint, et sa profession ».

Une étudiante recrutée

Emmanuel Francoeur a été trouvé coupable d'avoir recruté une de ses patientes, et étudiante du Cégep de Rosemont, au sein de la Mission de l'Esprit-Saint alors qu'il agissait à titre d'acupuncteur.

Celle-ci s'est en effet jointe à la Mission de l'Esprit-Saint au milieu des années 1990, quatre ans après avoir rencontré Emmanuel Francoeur. Ce dernier, qui enseignait au Cégep de Rosemont depuis 1987, lui a d'abord prodigué des soins à la clinique-école Rosemont avant de lui enseigner.

Discussions déviées

Ils ont commencé à se rencontrer, à raison d'une fois par semaine en moyenne, pour discuter d'acupuncture en anglais. Or, les discussions ont rapidement dévié vers la vie personnelle difficile de la femme puis vers les croyances religieuses d'Emmanuel Francoeur, selon ce qu'il est possible de lire dans le jugement.

Lors d'un stage d'observation à sa clinique de Saint-Paul-de-Joliette, située à même le terrain abritant la Mission de l'Esprit-Saint, Emmanuel Francoeur lui a parlé de son mouvement religieux pendant les périodes de repos des patients et entre les rendez-vous.

Contraire à l'honneur

Environ un an et demi après ce stage, elle est devenue membre de la Mission de l'Esprit-Saint, qu'elle a quitté dix ans plus tard. Pendant les années qu'elle a passées au sein du mouvement, elle a continué à recevoir des soins d'acupuncture d'Emmanuel Francoeur à sa clinique de Saint-Paul-de-Joliette.

Pour le Conseil de discipline de l'Ordre des acupuncteurs du Québec, en agissant de la sorte, Emmanuel Francoeur  a « posé un acte dérogatoire à l'honneur et à la dignité de la profession » et n'a pas eu « une conduite irréprochable envers [elle] sur le plan mental et émotif »  et « n'a pas évité d'être en conflit d'intérêts ».

Enquêtrice mandatée

L'enquête du syndic de l'Ordre des acupuncteurs du Québec a débuté en 2006, à la suite d'un reportage journalistique concernant la Mission de l'Esprit-Saint.

À cette époque, le syndic a rencontré cette ex-patiente et ancienne élève d'Emmanuel Francoeur. Elle avait alors déjà quitté la Mission de l'Esprit-Saint. Elle avait décrit au syndic les comportements d'Emmanuel Francoeur, mais elle ne voulait pas porter de plainte contre lui.

Près de deux ans plus tard, en 2008, le syndic a mandaté une enquêtrice.

Celle-ci a pris rendez-vous avec Emmanuel Francoeur sous un faux nom, à titre de patiente, à la clinique de Saint-Paul-de-Joliette où, selon le Conseil de discipline, « tout est mis en place pour susciter chez les patients des interrogations sur la Mission de l'Esprit-Saint ».

Invitée à des concerts

Après dix traitements, l'acupuncteur a commencé à lui parler de ses croyances religieuses. Dans le cadre de son enquête, elle a assisté à seize traitements, ainsi qu'à deux concerts tenus sur les lieux de la Mission de l'Esprit-Saint auxquels Emmanuel Francoeur l'a invitée.

En 2009, la première patiente a déposé une demande d'enquête formelle en lien avec les faits relatés au syndic trois ans plus tôt.

La même année, le syndic a déposé sa plainte devant le Conseil de discipline de l'Ordre des acupuncteurs du Québec concernant ces deux patientes.

Par deux fois, Emmanuel Francoeur a tenté de faire cesser les procédures intentées contre lui, mais ses requêtes ont été rejetées.

Contexte minimisé

Selon le Conseil de discipline, il a par ailleurs fait preuve d'une certaine « déresponsabilisation » et « minimalisation » dans le témoignage qu'il a livré à propos du contexte dans lequel il s'était entretenu avec ces deux patientes sur ses croyances.

« Pour lui, estime le Conseil de discipline, il s'agit toujours de personnes curieuses qui le questionnent et étant poli, il ne fait que répondre aux questions. »

Pas la première fois

Emmanuel Francoeur a déjà fait l'objet d'une première enquête en 1996 par le syndic de L'Ordre des acupuncteurs du Québec pour des motifs similaires.

L'enquête avait alors débuté en raison de la parution d'une série d'articles dans les journaux faisant état qu'il se serait servi de sa fonction d'enseignant au cégep de Rosemont afin de recruter des adeptes pour la Mission de l'Esprit-Saint.

Le cégep lui avait alors envoyé une mise en garde l'invitant à une extrême prudence dans ses relations avec ses étudiants. L'enquête a par la suite été suspendue et aucune plainte n'a été déposée contre lui par le Conseil de discipline, faute de preuve.

En 2010, après la médiatisation de la deuxième plainte, le cégep avait alors demandé à Emmanuel Francoeur d'abandonner momentanément la coordination des stages étudiants et d'arrêter de donner le cours d'initiation à la profession, ainsi que de s'abstenir de commenter l'affaire avec les étudiants.

TC Media a tenté de joindre Emmanuel Francoeur, en vain.

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