Culture
Retour26 mars 2018
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
Bon chien, le premier roman de Sarah Desrosiers
LITTÉRATURE. Sarah Desrosiers, originaire de Rawdon et enseignante en littérature au Cégep à Joliette, nous présente aujourd'hui son premier roman, Bon chien.
Toutefois, il ne s'agit pas tout à fait de sa première incursion dans le monde littéraire puisqu'elle a remporté, en 2014, le Prix de la nouvelle Radio-Canada pour sa nouvelle Un entrefilet.
Avec son roman, Sarah Desrosiers propose le récit d'une narratrice [qui ne sera connue que sous le nom de bon chien] qui s'adresse à celle qu'elle était des années plus tôt pour se remémorer leur passé commun dont elle croit s'être affranchie. Elle raconte l'histoire d'une ballerine appliquée et travaillante, mais peu douée, soumise à l'exigence et à l'intransigeance de ses professeurs.
« J'écris depuis toujours, mais le projet de Bon chien est né pendant ma maîtrise en création littéraire », explique l'auteure en entrevue avec L'Action.
Ayant elle-même étudié la danse à l'École supérieure de ballet, Sarah Desrosiers a eu envie de parler de son expérience.
Son roman se présente donc comme une autofiction. « Tout ce qui est dans le roman, je l'ai vu, je l'ai ressenti. C'est romancé, mais c'est très fortement ancré dans la manière dont j'ai vécu les choses. »
Fait particulier, le roman est écrit au « tu ». « Je voulais avoir une distance avec le personnage, qu'on ressente l'histoire d'un point de vue extérieur. Je ne voulais pas l'autoapitoiement du « je » et la troisième personne me semblait trop éloignée. »
Loin du cliché habituel de la ballerine, la narratrice porte un regard parfois cruel sur « bon chien » qui veut plaire à tout prix.
« Elle se fait violence, elle se juge. Ça montre à quel point on peut vouloir bien faire pour le regard de quelqu'un d'autre. »
L'image canine, celle du bon chien, est devenue évidente pour Sarah Desrosiers. « J'ai déjà eu un chien et je le regardais quand il voyait que le maître avait la balle et qu'il voulait lui rapporter. Un regard de désespérance, d'angoisse et d'amour. »
Elle confie qu'un jour, après un spectacle de ballet, on lui a mis la main sur la tête en lui disant « good girl ». « C'est la situation du bon chien. C'est tellement ça qu'on voulait, leur approbation. »
Elle souligne que ça paraît cruel, mais que tous les êtres humains vont vivre ce sentiment-là, vouloir être le bon chien. « Il faut le vivre et le dépasser, en faire quelque chose. »
Elle a reçu plusieurs commentaires de lecteurs de tous les domaines, dont des anciennes collègues de danse. « Certaines se sont reconnues et ont trouvé ça difficile, ça les ramenait à cet état malsain. D'autres n'avaient pas vu ça. »
Selon l'auteure, la ligne entre la relation de pouvoir et le mentorat est mince. « Certains en sont conscients et en abusent, d'autres l'utilisent de façon positive. »
Bon chien a été publié aux Éditions Hamac.
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