05 novembre 2017

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

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©(Photo TC Media - Élise Brouillette)

Denis Guedem et sa famille sont arrivés à Joliette il y a cinq ans. Son livre, c'est cependant au Cameroun, où ils se sont réfugiés en raison de la guerre civile qui sévissait au Tchad, qu'il l'a commencé.

« Au départ, c'était un journal intime. En arrivant au Cameroun, on se disait que la guerre serait finie, derrière nous, mais elle était toujours avec nous. On vivait avec…on dormait avec. »

Denis a donc opté pour l'écriture comme thérapie au lieu, dit-il, de tout enfouir et d'imploser de l'intérieur. « Au début, l'idée était de guérir et non d'écrire un livre. »

Il se met donc à écrire ses souvenirs. « Ça me revenait de façon disparate. Il y avait des séquences plus floues et d'autres très claires. J'écrivais tous les jours. Je n'ai jamais eu le syndrome de la page blanche. Dès que je prenais le stylo, c'était la danse des mots. »

Un jour, une femme lit son journal et l'incite fortement à publier le tout. « Elle m'a confié que ça devait être publié, que les gens avaient besoin de savoir et que ça pouvait aider d'autres personnes à guérir. Je me suis dit pourquoi pas. »

Il se met donne à transformer son journal intime en roman. « À la base, c'était juste mon vécu. Puis, mon style a changé. J'ai donné des noms aux personnages. » Il s'est inspiré des souvenirs d'autres gens qui ont vécu la guerre et qu'il a rencontrés par le biais de différentes associations.

Denis Guedem a fait une première tentative pour publier son livre au Cameroun. Mais c'est finalement en août dernier que ça s'est réalisé. Le fait de terminer son livre après son arrivée à Joliette a changé sa perception des choses. « Le livre se veut plus ouvert. Imani veut dire foi, espoir. Dans le roman, la famille, qui nage en plein désespoir, se fit finalement qu'un jour, ça pourrait aller mieux. »

L'auteur annonce d'ailleurs qu'une suite, qui se déroulera à Joliette, est maintenant prévue.

Il confie que la parution de son roman a changé la manière dont les gens le voient. « Le regard des gens a changé. Ils me voyaient comme une personne forte et souriante. Là, ils se demandent si je vais bien, si j'ai des traumatismes. »

Va-t-il bien? « Oui. Ça me hantait,  mais depuis que j'ai couché tout ça sur papier, je crois que j'ai triomphé. Ça me revient encore, la guerre, mais ça n'a pas le même impact. »

Denis Guedem croit que son roman va peut-être faire découvrir l'inhumanité des hommes aux lecteurs. « Ce que j'ai vécu, c'est simplement cruel. » La seule véritable difficulté, pour lui, qui a toujours été introverti, a été de se mettre à nu aux yeux du monde. « Je m'enfermais dans ma bulle et n'acceptais ni la pitié ni la compassion de personne. » Il y a aussi certaines choses dont il a hésité à parler, comme les sévices sexuels vécus par des membres de sa famille. Mais finalement, après avoir obtenu l'aval de ses proches, il a tout dévoilé. Sa famille, par contre, n'a pas encore lu le roman.

Denis Guedem est heureux à Joliette et il se considère entièrement lanaudois.

L'auteur raconte que le racisme entre blanc et noir ne l'affecte pas. « J'ai vu pire. J'ai vu le racisme entre noirs, j'ai vu des gens du même pays se tirer dessus. »

Malgré tout, Denis Guedem se dit confiant en l'avenir : « Maintenant plus que jamais. »

Un lancement en présence de l'auteur aura lieu le 9 décembre à la Librairie Martin Express de 13 h à 16 h. 

©(Photo gracieuseté)

Denis Guedem et ses proches.