Rébellion des patriotes : une mémoire à préserver

Journée nationale des patriotes

©L'église Saint-Eustache occupée par les Patriotes et assaillie par l'artillerie. Crédit : BAnQ - Lithographie de Nathaniel Hartnell d’après un dessin de Lord Charles Beauclerk.

L'église Saint-Eustache occupée par les Patriotes et assaillie par l'artillerie. Crédit : BAnQ - Lithographie de Nathaniel Hartnell d’après un dessin de Lord Charles Beauclerk.

Chaque année, le lundi précédant le 25 mai, le Québec célèbre la Journée nationale des patriotes. Depuis 2003, cette commémoration rend hommage à ceux qui, en 1837 et 1838, ont milité « pour la reconnaissance de leur nation, pour sa liberté politique et pour l’établissement d’un gouvernement démocratique », comme l’avait souligné, en 2002, le premier ministre de l’époque, Bernard Landry.

Cette journée, venue remplacer la fête de Dollard, met en lumière les luttes du XIXᵉ siècle et le rôle des patriotes dans l’émergence des institutions démocratiques du Québec moderne.

Des citoyens engagés

Les patriotes sont un groupe de citoyens, comprenant paysans, artisans et intellectuels, unis par la volonté de réclamer une représentation politique plus équitable. Dirigés par Louis-Joseph Papineau, ils rédigent des pétitions, organisent des assemblées publiques et proposent un programme politique détaillé à travers les Dix Résolutions. Leur combat vise alors à obtenir des réformes politiques et à défendre leurs droits civils.

Le refus de ces résolutions par les autorités britanniques conduit à l’insurrection. Des affrontements ont lieu à Saint-Denis, à Saint-Charles et à Saint-Eustache. Malgré la répression violente, les revendications des patriotes marquent profondément l’histoire politique du Québec.

La création d’un gouvernement responsable

À la suite des rébellions, la Grande-Bretagne mandate la Commission Durham pour examiner les causes des insurrections.

Son rapport, publié en 1839, recommande la création d’un gouvernement responsable et l’union des deux Canada. L’Acte d’Union de 1840 fusionne donc le Haut et le Bas-Canada, tout en maintenant une majorité anglophone. Cependant, la pression exercée par les anciens patriotes élus députés rend inévitable l’adoption du gouvernement responsable en 1848. Cette réforme se révèle un tournant majeur pour le développement du régime parlementaire moderne.

Un héritage durable pour la démocratie québécoise

Les effets des rébellions des patriotes se font également sentir sur le suffrage. Le droit de vote est ainsi élargi au fil des années, notamment par la suppression de certains critères de propriété, ce qui permet de passer d’un corps électoral restreint à plusieurs dizaines de milliers d’électeurs.

Le mouvement des patriotes pose également les bases de la reconnaissance officielle de la langue française dans les institutions publiques. Les débats parlementaires menés en français établissent un précédent qui facilite la préservation de la culture canadienne-française au sein de l’appareil gouvernemental.

Une journée pour ne pas oublier

La Journée nationale des patriotes rappelle donc que les droits démocratiques et linguistiques au Québec ont été acquis grâce à un long combat.

Elle souligne l’importance de ces luttes pour la construction du Québec moderne, et rappelle que les revendications des patriotes ont profondément façonné la politique et la culture québécoises telles qu’on les connaît aujourd’hui.